Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

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Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

Éternellement jeune : Rembrandt van Rijn
© «Gemäldegalerie Alte Meister», Kassel.
© «Gemäldegalerie Alte Meister», Kassel. © «Gemäldegalerie Alte Meister», Kassel.
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Éternellement jeune : Rembrandt van Rijn

Les événements commémoratifs de l'année Rembrant ont lieu à différents endroits aux Pays-Bas et à l'étranger. Chaque musée ou institution s’y prend à sa façon.

L’ouvrage De canon van Nederland. Onze geschiedenis in 50 thema’s (Le Canon des Pays-Bas. Notre histoire en 50 thèmes) ne traite que de deux artistes: Rembrandt van Rijn et Vincent van Gogh. Si les Français ont des motifs valables pour aussi considérer Van Gogh comme l’un des leurs, Rembrandt (1606-1669), lui, n’a jamais mis les pieds hors des Pays-Bas. C’est pourquoi, depuis des siècles, il est aussi étroitement associé à la culture et à l’art néerlandais que les sabots, les tulipes et les stroopwafels (gaufres au sirop). Les commémorations de sa naissance et de sa mort se succèdent à un rythme croissant.

Dans le passé, les festivités étaient encore plutôt sobres. Ainsi, en 1956, le trois cent cinquantième anniversaire de la naissance de Rembrandt donna lieu à deux expositions, tenues alternativement au Rijksmuseum d’Amsterdam et au musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam. À l’occasion des quatre cents ans du grand maître en 2006, le musée Van Gogh d’Amsterdam organisa l’exposition Rembrandt et Le Caravage. On jugea inutile de mettre sur pied une grande exposition monographique, étant donné que le Rijksmuseum avait déjà organisé en 1991 une vaste rétrospective réunissant tableaux, dessins et gravures de l’artiste. En 2015, le Rijksmuseum accueillit de nouveau une exposition impressionnante, intitulée Late Rembrandt (L’Œuvre tardive de Rembrandt). Le Mauritshuis à La Haye avait déjà consacré une exposition tout aussi spectaculaire aux autoportraits de Rembrandt en 1999.

Pour l’une des expositions de 1956, la branche française de la famille Rothschild prêta deux portraits remarquables. Le couple représenté - en pied, grandeur nature, cas unique dans la production de Rembrandt - est celui de Marten Soolmans, fils d’un immigrant flamand ayant fait fortune dans l’industrie sucrière, et de son épouse Oopjen Coppit, descendante d’une vieille famille aisée d’Amsterdam. Anciens et nouveaux riches se trouvaient ainsi réunis, chose assez habituelle au siècle d’or néerlandais. Les portraits datent de 1634, un an après le mariage du couple, alors qu’Oopjen attendait un enfant. À la fin 2016, les États français et néerlandais firent l’acquisition conjointe des portraits pour la somme de 160 millions d’euros. Il fut convenu de ne jamais séparer les tableaux, mais de toujours les présenter ensemble, alternativement au Rijksmuseum et au musée du Louvre. Si les acquisitions ou les ventes aux enchères d’œuvres de Rembrandt ont toujours été abondamment commentées dans la presse, cet achat défraya à tel point la chronique (en raison surtout de l’énorme montant déboursé) que le peintre néerlandais suscita l’intérêt du monde entier. Alors que les anciennes expositions s’adressaient avant tout aux connaisseurs et amateurs d’art, Rembrandt est aujourd’hui totalement «démocratisé». Nous en voulons pour preuve la commercialisation de Marten et Oopjen sous forme de figurines Playmobil en plastique, un honneur qui échoit également aux protagonistes de La Ronde de nuit de Rembrandt et de La Laitière de Johannes Vermeer.

Rien d’étonnant dès lors à ce que l’année 2019, où l’on célèbre les 350 ans de la mort de Rembrandt, constitue une année thématique au cours de laquelle le maître sera honoré, expliqué et commenté en long et en large et de mille manières. Ces événements commémoratifs ont et auront lieu à différents endroits aux Pays-Bas et à l'étranger. Chaque musée ou institution s’y prend à sa façon. Le coup d’envoi a été donné par le musée de Frise à Leeuwarden, ville natale de Saskia van Uylenburgh, l’épouse de Rembrandt. L’exposition Rembrandt & Saskia: liefde in de Gouden Eeuw (Rembrandt et Saskia: un amour au siècle d’or, jusqu’au 7 mars 2019) avait pour pièce maîtresse le portrait de Saskia au chapeau appartenant au château Wilhelmshöhe à Kassel. Cette œuvre, élue tableau préféré des habitants de la ville allemande en 2000, n’avait jamais été prêtée auparavant. Saskia épousa Rembrandt en 1634 et décéda huit ans plus tard, à l’âge de 29 ans. Rembrandt compléta ce portrait peu après sa mort. De leurs quatre enfants, seul Titus survécut. L’exposition du musée de Frise présente également toutes sortes d’objets liés aux usages en matière de séduction et de mariage au xviie siècle.

Jusqu’au 7 avril 2019, les Archives de la ville d’Amsterdam présentent, dans l’exposition Rembrandt privé, une série de documents originaux sur la famille, le travail, les clients et les créanciers du peintre. Ces archives sont rendues accessibles à l’aide de moyens audiovisuels modernes. Jusqu’au 10 juin 2019, le Rijksmuseum expose quant à lui toutes les œuvres de Rembrandt en sa possession, soit 22 tableaux, 60 dessins et 300 estampes. Par ailleurs, à partir de juillet 2019, La Ronde de nuit sera restaurée devant les yeux du public, qui pourra suivre le processus derrière une vitrine ou sur Internet. À Haarlem, le musée Teyler exposera pour sa part la production complète de gravures de Rembrandt à l’été 2019.

Le musée de la maison de Rembrandt à Amsterdam organise l’exposition Rembrandts sociale netwerk (Le Réseau social de Rembrandt, jusqu’au 19 mai 2019), qui met en lumière le cercle d’amis et de connaissances du peintre, notamment son ami de jeunesse à Leyde, le peintre Jan Lievens, le collectionneur d’art et bourgmestre d’Amsterdam Jan Six et le pharmacien Abraham Francen, qui porta secours à Rembrandt durant ses dernières années marquées par la pauvreté. Qui plus est, du 21 septembre 2019 au 16 février 2020, le musée présentera les dernières découvertes scientifiques concernant les techniques picturales de Rembrandt. Leyde, la ville natale du peintre, se concentrera quant à elle sur la jeunesse du maître. Du 3 novembre 2019 au 9 février 2020, le musée De Lakenhal, entièrement rénové, exposera plus de 40 tableaux, 120 gravures et 20 dessins en vue d’illustrer les importantes évolutions qui marquèrent les dix premières années de la carrière de Rembrandt. Les visiteurs auront également l’occasion d’admirer le tableau récemment restauré Laat de kinderen tot mij komen (Christ aux enfants), une œuvre découverte par le marchand d’art Jan Six en 2014, lors d’une vente aux enchères à Cologne, et identifiée comme «un nouveau Rembrandt inconnu».

Et pour ceux qui préféreraient visiter une exposition dans un pays plus exotique, sachez que le nouveau musée du Louvre à Abu Dhabi proposera l’exposition Rembrandt et le siècle d’or hollandais à partir de février 2019, grâce au prêt d’une bonne partie des toiles du maître détenues par le musée du Louvre à Paris. Mais nul besoin d’aller si loin pour en apprendre davantage sur Rembrandt. En novembre 2018, le mathématicien Johan Zwakenberg dévoilait dans un article paru dans le Leids Jaarboekje (Petites annales de Leyde) l’identité jusque-là inconnue d’un couple représenté sur deux portraits que l’on peut voir à la National Gallery of Art de Washington. L’homme s’avère être Frans van Schooten, un célèbre professeur de mathématiques de Leyde. Il épousa Magrieta Wijnants en 1652, et les portraits ont sans doute été commandés à l’occasion de leur mariage. Bref, la recherche sur Rembrandt n’a pas encore dit son dernier mot.

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