Du «Bal masqué» à «1985», les tueurs du Brabant se rapprochent de notre maison
La série 1985, diffusée en 2023 aux Pays-Bas et en Belgique, est le cinquième drame belge à se glisser sous les masques des tueurs du Brabant. Le bal masqué (1998,) sorti il y a 25 ans, est le premier long métrage sur le sujet, suivi du film de type pulp Blue Belgium (2000), du polar Tueurs
(2017) et de la tragédie familiale Ne tirez pas (2018). Plus le temps passe, plus les tueurs fous semblent s’approcher de notre porte.
SPOILER ALERT! Cet article dévoile des rebondissements et des conclusions qui peuvent affecter le plaisir de visionnage du public n’ayant pas encore vu les films et la série en question.
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Cagoules, masques de carnaval, lunettes de l’unité antiterroriste, casques d’unité d’intervention: dans les films et séries consacrés aux tueurs du Brabant, les membres de la bande coïncident la plupart du temps avec le masque qu’ils portent. Bien qu’ils soient responsables d’attaques d’une brutalité inouïe ayant fait vingt-huit morts entre 1982 et 1985, notamment dans des supermarchés, les auteurs n’ont jamais été condamnés ni même identifiés. Les cinéastes avancent dans le noir pour mettre un visage sur des fantômes.
dans les films de ces dernières années, à mesure que le temps nous éloigne des événements, les membres de la bande se rapprochent de notre porte
Démasquer les auteurs est rarement le seul objet de l’intrigue. Il faut découvrir qui tire les ficelles en coulisses, le système dans lequel ces tueurs s’inscrivent. Au choc de la terreur s’ajoute la consternation face à l’impunité: un double traumatisme collectif qui continue de marquer la société belge.
Ce qui nous frappe dans les cinq fictions belges consacrées aux tueurs fous au cours des vingt-cinq dernières années, c’est que derrière les «brutes animales» sans visage se profile d’abord un obscur réseau d’old boys agissant à distance. Toutefois, dans les films de ces dernières années, à mesure que le temps nous éloigne des événements, les membres de la bande se rapprochent de notre porte, qu’ils soient un voisin (Ne tirez pas) ou un meilleur ami (série 1985 sortie en 2023). Qu’est-ce qui est le plus terrifiant: un agresseur anonyme restant non identifié ou un tueur tout proche de nous?
Une génération de victimes
Un autre élément récurrent, de plus en plus prégnant, est la génération des victimes. La jeunesse a l’avenir devant elle, mais doit porter l’héritage de ce passé traumatisant. Dans Le bal masqué, la façon dont un petit garçon devient à la fin victime en raison du rôle joué par son père est particulièrement symbolique. Tandis que dans Ne tirez pas, David, neuf ans, doit littéralement vivre avec les séquelles physiques et psychologiques directes d’un hold-up. Dans 1985, deux jeunes amis perdent leur innocence après s’être engagés dans une vie pleine d’espoir au sein de la gendarmerie au début des années 1980. Malgré leurs nobles intentions, tous deux deviennent à la fois les victimes et les acteurs d’un système corrompu. La question que cela soulève est bien plus large et philosophique, à savoir: dans quelle mesure les tueurs du Brabant font-ils partie des Belges à proprement parler?
Les deux premiers longs métrages belges sur les tueurs du Brabant sortent à la fin des années 1990, peu après le lancement d’une deuxième enquête parlementaire en 1996 («l’enquête sur l’enquête») et la vague d’agitation sociale causée par l’affaire Dutroux.
Ancien géomètre et artiste des médias bruxellois, Julien Vrebos (1947-2022) fait ses débuts en 1998 avec Le bal masqué, son premier long métrage. La même année, ce thriller politique intelligent est sacré meilleur film belge au Festival du film de Gand et Pascale Bal (Kristl) reçoit le prix de la meilleure actrice pour son rôle principal.
© Cinematek
Kristl est danseuse dans une boîte de nuit. Cette informatrice se lie d’amitié avec Peter Daerden (Peter van den Begin) un détective incorruptible, mais surmené. Ce dernier nous sert de guide dans les méandres des intrigues. Le film se présente en quelque sorte comme une partie d’échecs avec trois dames, chacune revêtant une couleur symbolique: Kristl, toujours vêtue du vert de l’espoir; la juge d’instruction, en bleu, couleur de la loyauté; et enfin la femme fatale, habillée du jaune de l’envie, qui veut la tête de Daerden telle une Salomé moderne. Le jeune fils de Daerden –figure de l’innocence, de l’avenir– joue quant à lui avec une figurine Playmobil représentant un prince. Une référence subtile au fils du roi qui, à son tour, jouera avec la vie de ce petit bonhomme par l’intermédiaire de ses vassaux.
Dans Le bal masqué, les tueurs du Brabant sont le bras long et invisible, mais ô combien tangible, du pouvoir
Le jazz est souvent présent dans la bande originale de ce film visuellement très idiosyncrasique, aux plans rarement conventionnels. Le jazz, c’est aussi la marque de fabrique des images, du son et du montage de Vrebos. Dans la scène d’ouverture, par exemple, le braquage d’une station-service est présenté sous un angle large, en hauteur. À droite, une Saab est garée sous l’auvent. À gauche, une Mercedes blanche dont la portière avant est ouverte. Aucune âme qui vive. Les pompes à essence projettent de longues ombres au premier plan. Des coups de feu retentissent dans le silence pesant. S’ensuit un haïku visuel: une main en très gros plan et des lunettes en morceaux. Une femme allongée sur le sol. Un collier de perles brisé.
Il manque au langage visuel de Vrebos la zone intermédiaire entre le lointain et l’extrême proximité. Il exprime ainsi le fait qu’il n’est pas possible d’établir un rapport habituel avec cette histoire, qui semble aussi insaisissable et lointaine que sinistrement proche. Il brosse le tableau d’un étouffoir dans un pays morcelé. Les tueurs du Brabant sont le bras long et invisible, mais ô combien tangible, du pouvoir, porté par de vieilles structures, ayant pour objectif suprême son propre maintien.
À travers les scènes de crime, les boîtes de nuit et les palais de justice, la piste de l’enquêteur Daerden aboutit à la noblesse et à un procureur obstructif (Oliver Gourmet) témoignant peu d’intérêt pour les découvertes de Daerden. «Le roi m’a choisi pour représenter le peuple. Et en tant que procureur, je sais parfaitement où se trouvent mes priorités», déclare-t-il. Ces priorités ne sont donc pas celles du peuple, méprisé comme du «bétail» ou comme la «plèbe».
Une blague de mauvais goût
C’est également le cas dans Blue Belgium, film d’exploitation de genre pulp qui sort deux ans après Le bal masqué. Ce film met en scène le diabolique numéro un d’une bande de néonazis misogynes dont le quartier général est situé dans l’Atomium de Bruxelles. Après «l’échec» des tueurs du Brabant qu’ils ont dirigé dans les années 1980, la bande version 2.0 a prévu un coup d’État qui doit parvenir à écraser «ces pathétiques fourmis ouvrières» à travers leurs enfants (sur fond de rire diabolique, évidemment). Comment y parvenir? Par la traite des jeunes femmes.
Blue Belgium est un film d’exploitation de série B à petit budget. Tourné en quelques dimanches avec un casting en (grande) partie non professionnel, il est écrit et réalisé par le réalisateur culte de genre pulp Rob van Eyck. Afin de cibler le marché international de la vidéo directe, Blue Belgium a été tourné en anglais et sous-titré The Dutroux Connection. Ceci dans le but de susciter l’intérêt d’un public avide de sensations fortes, qui assiste ainsi au chargement et au déchargement de femmes bâillonnées dans des camionnettes, droguées, maltraitées et traquées, le tout dans un flot d’insultes et de jurons.
Victor «le dealer» (Marc Crauwels) offrira aux gros bonnets –le chef de l’armée, un juge et deux ministres– une chasse aux trois vierges belges. Le grotesque et le pathétique dégoulinent des grands mots et des nombreux Dutch Angles filmés de biais, très bas (soit des «plans cassés», une technique cinématographique qui permet de bien regarder sous les jupes). Aucune menace réelle n’émane cependant un seul instant de ce pitoyable et interminable blabla.
Blue Belgium est une caricature fade, tape-à-l’œil et de mauvais goût, mais dont l'accord final s’avère étonnamment efficace: le chef de la Bande n’est autre que le chef d’État
Le film est une caricature singulièrement fade, tape-à-l’œil et de mauvais goût. Et les tueurs du Brabant y sont un produit d’exportation d’un pays qui n’est qu’une vaste et mauvaise plaisanterie. Blue Belgium vise bas et, intentionnellement ou non, fait rire. Cependant, l’accord final, vers lequel tout le film tend, s’avère étonnamment efficace: au moment où Victor-le-dealer apparaît devant les caméras à la fin, sous les traits d’un Premier ministre ultraconservateur avec, à son bras, sa fiancée volée et vêtue de fourrure, nous comprenons que le cauchemar annoncé est devenu réalité. Le chef de la Bande n’est autre que le chef d’État. Finalement, cette conclusion est loin d’être idiote. Les derniers mots de Victor ressemblent ainsi à une blague aussi burlesque que terrifiante: «Grâce à l’amour d’une femme convenable et à l’amitié de quelques hommes, on peut aller loin».
Vieux renard
Après un silence radio de plus de 15 ans, deux nouveaux films très différents sur les tueurs du Brabant voient le jour en 2017 et 2018. D’abord le thriller d’action en langue française Tueurs, suivi du drame familial Ne tirez pas, l’année suivante.
Dans Tueurs comme dans Blue Belgium, les tueurs du Brabant refont surface sous une nouvelle forme. Trente ans après les tueries, Bruxelles est secouée par la liquidation d’une juge d’instruction qui tenait une piste sérieuse dans le dossier des tueries du Brabant. Nous voyons comment un commando de l’ombre élimine la juge et fait porter le chapeau à un braqueur «ordinaire». Ce vieux renard prénommé Frank Valken (à nouveau incarné par Olivier Gourmet, portant désormais la barbe) est un type brutal qui prépare son dernier casse pour assurer l’avenir de sa femme et de son enfant. Il se lance à la recherche des vrais coupables pour laver son honneur.
Le personnage de Frank Valken est inspiré de François Troukens, né à Nivelles fin 1969. Troukens est adolescent au moment des tueries. Dans les années 1990, il participe à plusieurs attaques armées de fourgons de transport de fonds. Il se sert de ses connaissances pour réaliser un film d’action sanglant, plein de poursuites, d’évasions, de fusillades et de braquages, dont celui d’un fourgon blindé. En 2006, Troukens est condamné, après quoi il participe à un cours de réalisation cinématographique derrière les barreaux, où il imagine le scénario de Tueurs. Troukens se réinvente en tant que coréalisateur aux côtés du caméraman et coréalisateur Jean-François Hensgens durant le tournage. S’ensuit une première prestigieuse pour Tueurs à Venise.
Dans ce film, la Bande est composée de personnages atypiques, obscurs et sans visage. Bras long de l’autorité corrompue, ils mettent sens dessus dessous toute notion de bien et de mal. Les clivages moraux traversent toutes les sphères: criminelle, policière, judiciaire, politique.
À la fin du film, dans une fusillade, Valken se retrouve littéralement pris entre deux feux. Il parvient à s’échapper et s’occupe ensuite personnellement du procureur corrompu devant le palais de justice. La «justice», vraiment?
Soupe aux tomates et aux boulettes
Dans Ne tirez pas (2018), c’est précisément l’absence de justice qui est au cœur du sujet. Le film est basé sur le récit d’un témoin oculaire, David Van de Steen, intitulé Niet schieten, dat is mijn papa! (Ne tirez pas, c’est mon papa!), sorti sous forme de livre en 2010. À l’âge de neuf ans, David Van de Steen a survécu de justesse à la dernière attaque des tueurs, la plus sanglante, le 9 novembre 1985 dans un supermarché Delhaize à Alost. Son père, sa mère et sa sœur ont été tués dans l’attaque. Le film raconte la tragédie familiale à travers les yeux du grand-père, Albert (Jan Decleir). Le scénariste Rik D’Hiet (Grenslanders, Marina) et le réalisateur-scénariste Stijn Coninx (Daens, Marina) nous livrent un drame truqué qui se déroule entre deux générations de dîners de famille extrêmement tendus. Au menu: de la soupe aux tomates et aux boulettes.
Pour la première fois, la recherche des auteurs et des instigateurs des tueries passe au second plan par rapport à l’impact durable qu’ont eu ces actes de terreur non élucidés et impunis sur les victimes. Une peur et une méfiance profondément enracinées s’installent, s’infiltrant jusque dans la vie quotidienne et personnelle. Nous sommes les témoins de vies perdues ou sévèrement endommagées. Les cicatrices –physiques et mentales– sont profondes et ne disparaîtront jamais. Douze ans et trente et une opérations plus tard, David porte toujours des éclats de balle dans la jambe. La confiance du grand-père Albert dans les autorités et la justice s’amenuise au fil des ans.
De façon plus poignante peut-être, les tueurs du Brabant ne sont pas ici les acteurs d’un spectacle improbable, impersonnel et lointain, mais un voisin asocial, intimidant et manipulateur, poche et incontournable. Les amendes qu’Albert reçoit assez régulièrement de la police illustrent parfaitement le problème. Elles concernent une BMW remorquée à Bruxelles et immatriculée au nom d’Albert. Le fait qu’Albert roule en Mercedes et ne se soit jamais rendu à Anvers n’a pas d’importance: la réalité administrative de la justice oblige Albert à payer. Comme dans Tueurs, toute notion de justice est bouleversée.
À son grand dégoût, Albert soupçonne le gang de motards d’utiliser des copies de ses plaques d’immatriculation dans le zoning industriel à côté de son garage. Peut-être s’agit-il aussi d’un avertissement: les tueurs le tiennent à l’œil, si lui ou son petit-fils envisageaient de parler à la presse. Paranoïa? Le fait que ses voisins soient les assassins potentiels de sa famille pousse Albert à la colère, au désespoir et à un profond cynisme. Cette colère est en outre alimentée par une commission d’enquête nouvellement créée, dont la mission ne semble pas être de trouver les coupables. Dans son discours de clôture, Albert –qui passe tout le film à collectionner des coupures de presse dans un porte-document en cuir de crocodile– évoque les «crocodiles» de la politique. Il les a vus à l’œuvre au Congo: «Ils vivent très longtemps. Ils n’ont pas d’ennemis naturels. Ils sont rusés, forts, rapides et dangereux et impitoyables.»
La famille d’Albert symbolise l’ensemble du pays. Un pouvoir public qui verse des larmes de crocodile sur la souffrance non élucidée de ses citoyens. Un traumatisme non traité, transmis de génération en génération par manque d’intérêt. L’univers de la famille se décompose donc en deux réalités: un monde formel où l’on ne peut pas compter sur les figures d’autorité et un monde informel où il faut tenir bon, seul face à soi-même. Car si l’on ne se défend pas, personne ne le fera. En ce sens, Ne tirez pas parvient à la même conclusion que Tueurs.
La raison ou le cœur
Après une ellipse de cinq ans, la série dramatique en huit épisodes 1985 retrace l’année la plus sanglante des tueurs du Brabant, sorti début 2023. À la réalisation: Wouter Bouvijn, qui a déjà De twaalf et Red Light à son palmarès. Le scénario est signé par le très documenté Willem Wallyn, qui a étudié les tueurs du Brabant en tant que membre du cabinet d’une commission d’enquête parlementaire. Comme son personnage Vicky (Mona Mina Leon), Wallyn a étudié le droit à la Vrije Universiteit Brusel (VUB) au début des années 1980. L’université progressiste est située en face du bastion conservateur qu’est la caserne de la gendarmerie de Bruxelles. Comme Vicky, il a été DJ pour une radio illégale. Vicky est la narratrice et le maillon entre les deux personnages principaux: son frère Frank (Aimé Claeys) et son petit ami Marc (Tijmen Govaerts).
Lorsque ces deux amis de province partent à Bruxelles pour s’engager dans la gendarmerie, ils font leurs premiers pas dans un fief qui transcende les générations. Le défunt père de Marc y avait une réputation. Laquelle exactement? Cela n’est révélé qu’à la fin, quand Marc lui-même devient père et doit choisir entre sphères publique et privée: arrêter les tueurs ou assurer la sécurité de sa jeune famille.
Alors que Le bal masqué de Vrebos manquait d’un juste milieu, la série de Wallyn s’immerge dans la zone grise et ambiguë «entre le bien et le mal, la gauche et la droite, entre votre raison ou votre cœur». Elle expose la psychologie et la dynamique du pouvoir dissimulées derrière la terreur: la façon dont le pouvoir nous entraîne, l’impossibilité ou notre refus de voir ce qui se passe sous nos yeux, notre manque de courage ou notre incapacité à faire nos propres choix.
Tout comme il existe une réalité formelle et informelle dans Tueurs et Ne tirez pas, l’organisation du maintien de l’ordre dans 1985 montre des visages différents de l’intérieur et de l’extérieur. Les amis empruntent des chemins divergents au sein de l’organisation: Frank veut rejoindre l’unité d’élite antiterroriste Diane, Marc est dans son élément dans les bureaux, en tant qu’enquêteur. Ainsi les amis d’enfance ne se perdent-ils pas seulement de vue, ils finissent progressivement par s’affronter. Alors que Frank est manipulé par des gendarmes corrompus pour rejoindre la Bande, Marc se rapproche de plus en plus des visages derrière les masques en enquêtant sur les forfaits des tueurs du Brabant. Et au moment où le masque tombe, les tueurs se révèlent avoir le visage de son meilleur ami.
© Eyeworks / VRT
Tête de Janus
Par son ampleur et sa complexité, 1985
est la production dramatique la plus ambitieuse et la plus visionnaire à ce jour. Chaque épisode est bâti autour d’une liquidation historique inscrite dans un cadre fictif: nous assistons ainsi à un drame humain ancré dans la réalité. Le fil conducteur de ce passage à l’âge adulte va plus loin que la classique perte d’innocence: les jeunes se perdent eux-mêmes, devenant à la fois victimes et auteurs d’une tragédie classique. La machine étatique corrompue est un monstre à face de Janus dévorant aussi bien ses ennemis que ses proches.
Dans 1985, penser que l’on peut choisir entre le bien et le mal, ou que cela fait une différence, apparaît n'être qu'une illusion
Penser que l’on peut choisir entre le bien et le mal, ou que cela fait une différence, n’est qu’une illusion. Des puissances supérieures régissent la vie des deux jeunes hommes: pour l’un comme pour l’autre, qu’ils se retrouvent du bon ou du mauvais côté de la barrière morale, les conséquences sont désastreuses.
Dans le dernier épisode, Vicky explique à son bébé: «L’histoire t’emporte à toute vitesse. Comme un train. Elle te fauche sans excuse. Ni pardon.» La conclusion de la série est que les victimes des tueurs du Brabant ne sont pas les seules à réclamer justice: le pays tout entier en partage la responsabilité, s’il tient à sa crédibilité en tant qu’État de droit. Celui-ci ne peut se permettre une «cicatrice juridique» telle que les tueurs du Brabant. Les tueries font autant partie de la Belgique que la soupe aux tomates et aux boulettes.