Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

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«L’extension est nécessaire pour le musée de Flandre»: les vœux de Sandrine Vézilier-Dussart à la veille de son départ
© Nicolas Montard
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«L’extension est nécessaire pour le musée de Flandre»: les vœux de Sandrine Vézilier-Dussart à la veille de son départ

Dans quelques semaines, Sandrine Vézilier-Dussart quittera la direction du musée de Flandre à Cassel. Elle part satisfaite de sa longue mission, mais regrettant que l’extension, qui ferait passer un cap à l’établissement, ne soit toujours pas réalisée.

Le rideau s’apprête à tomber. Après 22 ans de bons et loyaux services, Sandrine Vézilier-Dussart va prendre la tangente. Direction le sud de la France et la Direction régionale des affaires culturelles de la région Provence-Alpes Côte d’Azur en tant que conseillère musées. «Il va falloir que je me renouvelle un peu», plaisante la joviale directrice du musée de Flandre, arrivée à Cassel en 2000 en tant qu’adjointe du conservateur (elle a été nommée directrice en 2007). «Ce n’est pas sûr que je puisse proposer beaucoup d’événements autour de l’art flamand là-bas!»

Une page se tourne à Cassel. Car Sandrine Vézilier-Dussart incarnait plus que quiconque le musée de Flandre. C’est elle qui lui avait donné sa tonalité actuelle, sur la base de son projet scientifique. Ce musée de Flandre, rouvert en 2010 après treize ans de fermeture (auparavant, c’était un musée consacré au folklore local), suscitait d’ailleurs beaucoup d’interrogations, s’amuse-t-elle rétrospectivement. «C’est un projet auquel pas grand monde ne croyait.» La suite a montré que les sceptiques avaient tort. Alors que la directrice espérait faire 50 000 visiteurs la première année, elle en a fait le double. En 2019, dernière année pleine avant Covid, l’hôtel de la Noble Cour a accueilli 66 000 visiteurs. Pas mal pour une cité de 2300 habitants! En 2019, le musée se situait ainsi au douzième rang des musées des Hauts-de-France.

Au-delà des chiffres, au-delà d’avoir pu montrer que l’art flamand était bien plus pluriel que grivois, le musée s’est distingué pour son accessibilité. Physiquement bien sûr, mais aussi dans l’interprétation des œuvres. Maquettes tactiles, lectures en audiodescriptions, des livrets FALC (facile à lire et à comprendre): les dispositifs ont permis au musée de décrocher le prix «Patrimoine pour tous». «Si la visite est confortable en fauteuil roulant, elle le sera pour une maman avec une poussette et pour une personne qui s’est fait une entorse et marche avec des béquilles.» Les installations pour les enfants, dont les fameux tapis d’éveil, sont une autre preuve que le musée, paradoxalement lieu d’intemporalité, doit aussi savoir innover.

Un musée de Flandre à Cassel… a dû aussi se rendre légitime. Et ça n’a pas toujours été facile. «Je me suis battue pour cette appellation de musée de Flandre, sans 's', pour une Flandre culturelle sans frontière et des œuvres qui n’ont pas de limites. Au début, j’avais un mal fou à me faire prêter des œuvres. Et si quelques collègues belges pouvaient nous regarder d’un œil un peu suspicieux, ce n’est plus le cas. Parfois ils me disent: 'ah, mais nous aurions dû faire cette expo'.»

La part de ressortissants belges dans la fréquentation est d’environ 20%. Un pourcentage qui satisfait amplement la directrice. «Je pense qu’il y a plus de développement à envisager sur les marchés néerlandais, que nous commencions à voir arriver avant le Covid, et allemand.» Cette vocation internationale est aussi un défi. Car le positionnement frontalier impose un budget communication conséquent pour toucher les publics de Paris jusqu’à Anvers. «Un vrai challenge alors que monter des expositions coûte de plus en plus cher.»

À l’heure du départ, Sandrine Vézilier-Dussart n’a finalement que deux regrets, qu’elle laisse comme une sorte de testament à son successeur. Que le projet d’extension ne soit toujours pas validé. À chaque exposition temporaire, le musée de Flandre doit… retirer une partie de sa collection permanente, faute de place. «On attire du monde de loin sur des expositions temporaires… et les visiteurs ne voient même pas nos œuvres phares.» En 2020, le Département du Nord, qui gère le musée, a bien acheté un terrain à la Caisse d’épargne voisine, dans la perspective de cette fameuse salle d’exposition temporaire. Sans suites depuis. «Ce sera le combat de mon successeur (dont le nom n’est pas encore connu), mais je pense que l’extension est nécessaire pour le musée qui arrive au maximum de ce qu’il peut porter en termes de développement. Avec une telle extension, nous pourrions atteindre les 90 000 visiteurs.»

La directrice a un deuxième regret: qu’un collectionneur n’ait pas légué un Brueghel ou un Rubens au musée. «Mais c’est normal, nous étions un musée jeune. Désormais, nous sommes dans une phase de maturité. Je suis sûre que cela arrivera dans les dix ans à venir.» Gageons que ce jour-là, Sandrine Vézilier-Dussart prendra fissa le TGV depuis le Sud pour venir admirer la nouvelle acquisition casseloise!

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