«Souvenir de Hollande»: la sécheresse, nouvel ennemi des Pays-Bas
Pendant des siècles, les Néerlandais ont dû lutter contre les eaux. Depuis quelques années, ils doivent aussi, ironie du sort, se prémunir contre le manque d’eau. Cette pénurie apparaît de plus en plus préoccupante et entraîne déjà des difficultés dans la navigation et l’agriculture, sans parler des maisons qui s’enfoncent dans le sol. Des solutions s’imposent, mais elles ne sont pas disponibles dans l’immédiat.
Traversant l’Europe en train, je vois de larges bandes jaunes traverser d’infinies terres cultivées… Les strophes du poème de Hendrik Marsman (1899-1940), Souvenir de Hollande, me reviennent en tête quand je regarde par la vitre du Thalys. C’est mon premier voyage depuis trois mois. En raison du coronavirus, le service des trains entre les trois capitales, Paris, Bruxelles et Amsterdam, était pratiquement à l’arrêt. Depuis la fin mai 2020, le trafic ferroviaire entre la France et les Pays-Bas a repris au compte-gouttes. Il est frappant de voir que la couleur du paysage, des deux côtés de la ligne à haute vitesse, ne varie guère. Le vert fertile que les voyageurs, aujourd’hui peu nombreux et masqués, ont l’habitude de voir, se fait rare. Partout, c’est un patchwork de surfaces jaunies dont les teintes s’échelonnent entre le PMS 108 et le PMS 135 du nuancier Pantone. Les champs ressemblent à des carrés de peau dont les poils auraient été arrachés systématiquement par le retrait d’un sparadrap très collant, resté en place trop longtemps.