Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

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Il y a un siècle, les Jeux olympiques d’Anvers
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En quête d'or
Histoire

Il y a un siècle, les Jeux olympiques d’Anvers

Cent ans après les Jeux olympiques d’Anvers, le tissu urbain de la ville a conservé, à première vue, peu de traces de l’Olympiade de 1920. Un parcours pédestre interactif dans le quartier olympique du Kiel et une exposition itinérante du logo des Jeux reliant les différents sites olympiques doivent y apporter du changement.

Demandez à un Anversois le chemin du Stade olympique, et il y a fort à parier qu’il vous regardera d’un air confus. Demandez-lui en revanche où se trouve le Kiel, et il vous enverra, ni une ni deux, vers le théâtre des exploits footballistiques des mannekes du Beerschot. Vous pourrez même y aller en tram, en descendant à l’arrêt… Olympiade.

Les Jeux olympiques d’Anvers et l’histoire du club de football du Beerschot sont étroitement imbriqués. Sur les bancs d’école, nous avons certes appris que les Jeux de 1920 ont été attribués à Anvers pour mettre du baume au cœur de la vaillante petite Belgique après quatre années de guerre destructrices, mais en se plongeant dans l’histoire des Jeux anversois, on comprend que l’affaire était tout de même un brin plus complexe. Le travail de lobbying mené par la cité portuaire pour s’attirer la septième édition des Jeux «modernes» avait en effet commencé pendant les années précédant la Première Guerre mondiale. Et les fondateurs du Beerschot ont joué le rôle de pionniers dans le processus.

Le lobbying pour Anvers

Le Beerschot Athletic Club fut fondé en 1899 par Alfred Grisar. Ce club sportif initialement multidisciplinaire s’établit sur une parcelle du Beerschotshof, dans le quartier actuel du Kiel, qui appartenait au père d’Alfred, Ernest Grisar. La section football vit le jour en 1900. Alfred Grisar et le président du Beerschot, Paul Havenith, faisaient partie du comité qui devait amener les Jeux olympiques à Anvers. L’idée d’accueillir une Olympiade avait en effet germé dans les cénacles anversois après les Jeux de Stockholm de 1912, et des négociations avaient eu lieu dès 1913 avec Pierre de Coubertin, le fondateur des Jeux modernes, pour organiser l’édition de 1920 à Anvers. Pour satisfaire aux exigences olympiques, on s’empressa de transformer le stade du Beerschot.

Pendant la Première Guerre mondiale, les décisions relatives aux prochaines Olympiades furent mises en suspens pour des raisons évidentes. Finalement, le choix d’Anvers comme ville hôte n’intervint qu’en 1919. Politiquement, ce choix était des plus délicats: d’un côté, Coubertin voulait éviter que les premiers Jeux de l’après-guerre ne soient drapés d’une atmosphère de victoire alliée, mais de l’autre, il y avait fort peu d’engouement à organiser les Jeux dans un pays qui s’était rangé du côté des Allemands. Le choix de la Belgique, qui avait été bien malgré elle le principal champ de bataille de la guerre, était donc motivé en quelque sorte par des considérations pragmatiques –même si on le présentait, dans le langage ampoulé de l’époque, comme un «hommage unanime».

Promenade des célébrités

Le terrain de football fut ainsi flanqué d’une tribune de 2 200 places et entouré d’une piste d’athlétisme et de tribunes debout. Une cafétéria et des vestiaires furent également construits. Le stade devait pouvoir accueillir plusieurs dizaines de milliers de personnes, et fut doté de loges royales et d’une tribune de presse équipée d’appareils de communication dernier cri pour l’époque. Jusqu’à ce jour, le club se plaît à clamer que ces infrastructures firent si forte impression à Coubertin qu’il décida promptement d’attribuer les Jeux à Anvers.

Peu de traces subsistent des infrastructures d’origine. Depuis, le stade de football a changé radicalement de visage à plusieurs reprises. Aujourd’hui, des noms de rues du quartier apparaissent comme des souvenirs silencieux du passé olympique. On trouve ainsi la rue des Athlètes, la rue du Discobole, la rue des Gymnastes ou encore la rue de la VIIe Olympiade. L’enceinte de ce temple du football reste cependant ornée de bannières mettant à l’honneur son histoire olympique, et une Promenade des célébrités a été aménagée dans le quartier pour revivre les Jeux de façon interactive.

Ce parcours d’un peu moins de cinq kilomètres relie différents sites du quartier olympique. Sa coordination est assurée par Joost Van Der Vliet, expert en charge des sports à la Ville d’Anvers. «La Promenade des célébrités a pour but de mettre le quartier du Kiel en lumière», explique-t-il. «Les différentes rues des sports du quartier forment un parcours thématique qui a pour point de départ et d’arrivée le stade olympique. Dans ces rues, des informations sur les Jeux olympiques ont été apposées sur le mobilier urbain. En scannant les codes QR qui y sont placardés, les promeneurs en apprennent davantage sur l’histoire des Jeux d’Anvers. En même temps, ils reçoivent des liens pour découvrir la vaste offre sportive de la ville.»

Anneaux itinérants

Aucune ville flamande n’a négligé autant qu’Anvers son patrimoine architectural. À la plupart des arrêts du parcours, de même qu’ailleurs dans la ville, peu d’infrastructures des années 1920 ont résisté à l’épreuve du temps. Pour rendre néanmoins le passé olympique de la ville tangible pour un public contemporain, une exposition mobile sur les anneaux olympiques se déplace depuis le 7 mai dans les différents districts d’Anvers.

Les anneaux étaient ces dernières semaines – et resteront les semaines à venir – au zoo d’Anvers et sur la place de l’Opéra. Cette place est d’ailleurs toute proche de l’endroit où se trouvait autrefois le Palais de glace, qui était le dernier vestige des Jeux olympiques à Anvers avant de faire place à un parking en 2016. Les anneaux feront également halte au carrefour de l’avenue Le Grelle et du Singel, devant la piscine olympique du Wezenberg. C’est à l’emplacement de la piscine actuelle et du centre de fitness attenant que les compétitions de natation, de plongeon et de waterpolo furent organisées en 1920. À l’époque, il s’agissait encore d’une modeste piscine de plein air. L’infrastructure actuelle date de 1973 et a été récemment rénovée. Le Wezenberg est resté jusqu’à ce jour le siège du club de natation Brabo, qui compte parmi ses membres des Olympiens du calibre de Pieter Timmers (médaillé d’argent au 100 mètres nage libre à Rio en 2016) et Kimberley Buys (multiple médaillée européenne).

«Les Jeux se sont déroulés dans différents sites à Anvers et dans la région, mais beaucoup ont disparu», reconnaît Van der Vliet. «Le Palais de glace était jadis un rendez-vous incontournable. Le zoo a accueilli des combats de boxe et des affrontements de lutte. Nous voulons faire revivre ces moments, notamment par des enregistrements de radiothéâtre pour adultes et enfants, que l’on peut également écouter grâce à un code QR. Par le passé, Anvers n’a pas suffisamment mis en valeur son statut de ville olympique. Nous avons aujourd’hui à cœur d’y remédier.»

Le 12 septembre, les anneaux prendront leurs quartiers dans un petit parc du Kiel, bouclant ainsi la boucle olympique.

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