Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

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Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

Le paradis se trouve au Pas-de-Calais
© Coldefy & Associés
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Le paradis se trouve au Pas-de-Calais

La plus grande serre tropicale au monde pourrait voir le jour sur la Côte d’Opale, dans le Pas-de-Calais. Bien que ce projet ait été pensé pour être le plus écologique possible, il est qualifié « d’aberration totale » par plusieurs organisations de défense de l’environnement.

Une faune et une flore exotiques, accessibles toute l’année avec une température allant jusqu’à 28 degrés. Ce paradis tropical, Cédric Guérin – ancien vétérinaire et actuellement président de la société Opale Tropical Concept (OTC) – propose de le construire en France, dans le département du Pas-de-Calais. Il a proposé son projet de construction en 2014 et celui-ci a été accepté en 2019. Si tout se déroule comme prévu, la serre géante (20.000m²) devrait ouvrir ses portes en avril 2022 (selon les FAQ du site). Cependant, des associations comme le Groupement de défense de l’environnement de l’arrondissement de Montreuil et du Pas-de-Calais (GDEAM 62) ou Extinction Rebellion Lille se sont fortement opposées à ce projet.

Sur le site internet de la société OTC il est possible de voir à quoi ressemblera Tropicalia grâce à une vidéo et à des images de synthèse développées par le cabinet d’architectes urbanistes Coldefy & Associés. Dans les FAQ de leur site internet, Cédric Guérin et son associé Nicolas Fourcroy expliquent les objectifs ainsi que les avantages d’un tel projet. Tropicalia ne sera pas seulement un paradis tropical mais également un booster économique et écologique pour la Côte d’Opale où elle sera implantée. En effet, les directeurs de OTC s’attendent à recevoir 500.000 visiteurs lors de la première année d’ouverture ; ils prévoient aussi de créer une cinquantaine d’emplois grâce à des services tels que la restauration, la maintenance et l’entretien de la serre ou encore la sécurité. Il est aussi important de rappeler que la Côte d’Opale bénéficie d’une position géographique stratégique étant donnée qu’elle est considérée comme un véritable carrefour européen (située entre Bruxelles, Paris et Londres). En outre Cédric Guérin s’attend à la création d’une destination «Côte d’Opale» qui combinerait Tropicalia aux autres attractions touristiques de la région afin de générer des séjours plus longs et plus nombreux sur la côte.

L’aspect écologique de la serre réside avant tout dans sa structure : elle sera composée de trois panneaux de ETFE (éthylène tétrafluoroéthylène, une matière minérale synthétique) qui permettront de laisser passer la lumière naturelle et en même temps d’accumuler la chaleur produite par effet de serre. Sa forme particulière permettra aussi de récupérer l’eau de pluie qui sera utile pour l’arrosage et le renouvellement des bassins. Un système «Terraotherm» sera également installé afin de garder une température de 26 à 28 degrés toute l’année. Ce système, allié à la structure de la serre, générera les 900 MW/h/an requis et d’exporter 2000 MW/h/an ; cependant, l’électricité sera nécessaire afin d’alimenter les échangeurs, les ventilateurs et les pompes essentiels à ce système.

On n’ira pas tous au paradis

Malgré son côté idyllique, ce projet a rencontré de nombreuses oppositions de la part d’associations de l’environnement. Peu de temps après l’annonce de l’obtention du permis de bâtir, une pétition «Non à Tropicalia (la plus grande serre tropicale du monde) sur la magnifique Côte d'Opale» a été lancée et a déjà reçu plus de 14.000 signatures. En mars 2020, une nouvelle pétition «Non à Tropicalia» a été créée et signée par plus de 2.000 partisans.

En novembre 2019, le GDEAM 62 – soutenu par Notre Affaire à Tous – a envoyé un communiqué de presse aux directeurs de OTC avec leurs arguments contre le projet. En décembre de la même année, cette association a également déposé un recours contre la construction de Tropicalia. En outre, un membre de Extinction Rebellion Lille a fait part de ses craintes quant à l’impact environnemental que la réalisation de ce projet pourrait avoir.

Au total, une quinzaine d’associations, le créateur et les signataires de la pétition reprochent à OTC d’avoir un but plus économique qu’écologique. Ils mettent en avant les problèmes que «l’exposition» d’animaux et plantes exotiques en dehors de leurs milieux naturels pourrait occasionner et évoquent la possible propagation d’une espèce étrangère dans la région. Ils redoutent aussi l’accroissement potentiel du trafic routier, la pollution lumineuse de la serre et la perte de neuf hectares de terres agricoles. Enfin, la promesse d’une cinquantaine d’emplois n’est pour eux pas suffisante pour justifier le budget avoisinant les 55 millions d’euros. Même s’ils reconnaissent que le système «Terraotherm» est innovant et pourrait être utilisé pour un projet plus respectueux de l’environnement, ils condamnent malgré tout le fait que la température devrait être maintenue à 28 degrés alors que beaucoup de mesures sont prises pour enrayer le réchauffement climatique.

EuropaCity 2.0

Bien que Cédric Guérin affirme le contraire, certains ne peuvent s’empêcher de comparer Tropicalia à EuropaCity, un projet de méga-complexe regroupant des loisirs, des équipements culturels, des commerces, des hôtels et restaurants ainsi qu'un parc urbain et une ferme urbaine et qui aurait dû voir le jour en 2027 sur le territoire du Triangle de Gonesse dans le Val-d’Oise. À l’instar de Tropicalia, EuropaCity avait été vivement critiqué par rapport à l’artificialisation de 1.300 hectares du nord francilien. Naturellement, d’autres parcs animaliers de la région pourraient recevoir les mêmes critiques ; on pourrait évoquer Nausicaá qui regroupe plus de 60.000 espèces marines différentes et accueille au minimum 600.000 visiteurs chaque année. Ou bien le parc zoologique du Fort-Mardyk à Dunkerque qui regroupe 40 espèces différentes de mammifères et d’oiseaux.

La question est désormais de savoir si ce complexe serait un mal pour un bien afin de préserver la faune et la flore exotiques ou seulement une attraction touristique de plus.

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