Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

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Néerlandais en Belgique, Belges aux Pays-Bas: la terre promise de l’autre côté de la frontière?
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Société

Néerlandais en Belgique, Belges aux Pays-Bas: la terre promise de l’autre côté de la frontière?

Aux Pays-Bas comme en Belgique, le nombre d’habitants issus de l’autre pays a fortement augmenté depuis quinze ans. Il faut néanmoins noter qu’en Flandre, les Néerlandais constituent le groupe étranger le plus important, alors qu’aux Pays-Bas les Belges n’arrivent qu’au septième rang. Est-ce-à dire que ces voisins du sud se sentent mieux chez eux?

À deux reprises, j’ai franchi la frontière belgo-néerlandaise pour aller vivre de l’autre côté. Quand j’avais cinq ans, notre famille a quitté Leffinge, près d’Ostende, pour s’installer à Nimègue, dans l’est des Pays-Bas. Mon père y avait obtenu un emploi. Quarante ans plus tard, j’ai fait le chemin en sens inverse. Cette fois, c’est ma femme qui avait trouvé un travail à Gand. Ma petite histoire personnelle est très représentative des mouvements migratoires entre la Belgique et les Pays-Bas: Le travail est la raison principale qui incite à franchir la frontière; la seconde, les études. D’autres considérations peuvent entrer en ligne de compte: le charme d’une liaison amoureuse ou d’une maison dans l’autre pays ou, plus prosaïquement, le bénéfice d’une fiscalité moins lourde.

Les motivations à habiter dans le pays voisin ont été analysées et cartographiées en 2007 par le Bureau central de la statistique des Pays-Bas, en collaboration avec les spécialistes de l’Université Catholique de Louvain. À l’époque, les Néerlandais installés en Belgique étaient trois fois plus nombreux que les Belges établis aux Pays-Bas, soit 111 000 contre 36 000. Sur la carte des deux pays concernant la concentration des migrants néerlandais en Belgique, le rouge apparaissait surtout dans la zone frontalière et traduisent la densité importante des frontaliers domiciliés dans un pays et travaillant dans l’autre le long de cette frontière belgo-néerlandaise qui s’étend sur plus de 450 kilomètres. Nombreux aussi sont les Néerlandais établis à Bruxelles, près des institutions européennes et de toutes les organisations et entreprises qui gravitent autour. À l’inverse, beaucoup de Belges résident à Oegstgeest et Leyde, sans doute en raison de la proximité de La Haye, qui est le siège de multiples institutions internationales.

Les auteurs de l’étude ont alors conclu que l’attractivité de la Belgique était plus forte pour les Néerlandais que celle des Pays-Bas pour les Belges. Ils l’ont notamment expliqué par le moindre coût de l’immobilier, en règle générale, et l’absence d’impôt sur la fortune. Cet avantage avait déjà disparu en partie à l’époque, dans la mesure où les deux pays avaient signé une convention fiscale en vertu de laquelle les Néerlandais qui résidaient en Belgique mais travaillaient aux Pays-Bas étaient soumis au régime fiscal néerlandais. L’étude a également montré qu’un grand nombre de Néerlandais appréciaient le calme et l’espace des Cantons de l’Est. «La langue et la culture y sont plus proches de celle des Pays-Bas que de celle de la partie francophone de l’Ardenne», ont-ils estimé.

L’analyse effectuée il y a quinze ans n’a pas été actualisée, et il n’existe pas de données récentes permettant d’expliquer pourquoi Belges et Néerlandais cherchent respectivement leur salut dans l’autre pays. Il n’est cependant pas interdit de supposer que le tableau n’a guère changé depuis. Les chiffres bruts des organismes statistiques belge et néerlandais montrent en tout cas qu’il y a toujours trois fois plus de Néerlandais en Belgique que de Belges aux Pays-Bas. Ces derniers sont maintenant 51 251. Ils se placent au septième rang des résidents de nationalité étrangère, derrière les Turcs, les Marocains, les Surinamiens, les Indonésiens, les Allemands et les Polonais. Il est difficile en revanche de faire la part des Flamands, des Wallons et des Bruxellois. Dans les statistiques néerlandaises, les Belges sont des Belges et aller plus loin n’aurait guère de signification.

En Belgique, les Néerlandais constituent le second groupe d’étrangers le plus important après les Français.

Au cours de ces quinze dernières années, le nombre de Belges aux Pays-Bas a augmenté de plus de 40 %, tandis que la population néerlandaise en Belgique connaissait une croissance rapide. Les Néerlandais sont désormais au nombre de 163 474, selon Statbel, l’office belge de statistique. Au niveau de tout le pays, ils représentent le second groupe de nationalité étrangère, après les Français. Nos voisins du nord habitent surtout dans la partie néerlandophone du pays, la Flandre, où ils sont 145 092 et représentent dans cette région le groupe d’étrangers de loin le plus important sur le plan numérique.

Pourquoi les Néerlandais sont-ils plus nombreux en Belgique que les Belges aux Pays-Bas ? En l’absence d’étude récente sur les motivations des Néerlandais à venir en Belgique, nous en sommes réduits aux conjectures. Le vieux cliché selon lequel les Flamands préféreraient rester chez eux alors que les Néerlandais seraient plus entreprenants et plus voyageurs est certainement vrai en partie. De manière plus fondamentale, le prix moyen des maisons aux Pays-Bas est bien plus élevé qu’en Belgique, même s’il se révèle actuellement plus abordable en Flandre zélandaise que du côté belge. Mais en suivant vers l’est la longue frontière belgo-néerlandaise, les personnes qui travaillent aux Pays-Bas et ont déniché en Belgique une maison à meilleur prix peuvent toujours profiter aux Pays-Bas de la généreuse déductibilité fiscale des intérêts hypothécaires.

«En général, l’atmosphère qui règne en Belgique est très agréable et la plupart des gens apprécient le style de vie bon vivant», peut-on lire sur le site vertreknaarbelgië.nl (venez vivre en Belgique). Ce sont bien entendu d’horribles clichés, mais cet expatrié néerlandais affirme d’emblée qu’il fait bon vivre en Belgique et que s’y installer représente une expérience enrichissante.

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