Un passé sécurisé? La mémoire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique
La Belgique est-elle encore malade de ses années quarante? En 2014, en tout cas, une femme politique francophone entend le «bruit des bottes » au Parlement. En 1995, cinquante ans après la guerre, les pouvoirs politiques se saisissent du dossier mémoriel. Il font définitivement de la guerre une référence morale sociale. Par voie de conséquence, la mémoire remplace aujourd’hui l’histoire comme forme dominante de rapport au passé de la Seconde Guerre mondiale. Ce devoir de mémoire nous donne cependant une fausse impression de sécurité. Ce dont nous avons besoin, en revanche, c’est d’un devoir d’histoire, d’une histoire qui admette que le passé est souvent gris et non pas noir ou blanc.
En octobre 2014, la socialiste francophone Laurette Onkelinkx s’exclame: «Le bruit des bottes résonne dans le gouvernement du pays.» Le secrétaire d’État nommé quelques jours auparavant et appartenant à l’Alliance néo-flamande (N-VA), parti nationaliste flamand, Theo Francken s’est rendu au 90e anniversaire de Bob Maes, ancien membre de la Ligue nationale flamande (VNV) collaborationniste et fondatrice de l’Ordre des Militants flamands (VMO), un groupe d’action nationaliste. Membre du même parti que Francken et nommé au même moment, le ministre Jan Jambon vient à la rescousse mais joue lamentablement à l’arroseur arrosé dans sa communication sur la collaboration. Laurette Onkelinkx joue aussi au même jeu, car il s’avère que son grand-père, Maurice Onkelinkx, a été nommé bourgmestre par l’occupant pendant la guerre.