Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

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Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

Westanglia: une histoire de coopération transfrontalière
© Westanglia
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Les Pays-Bas français

Westanglia: une histoire de coopération transfrontalière

Lander Vandroemme est un frontalier. En 2005, il a fondé avec quelques amis l’association Westanglia, qui a pour objectif de rapprocher les gens des deux côtés de la frontière grâce à une action culturelle transfrontalière novatrice.

Il y a 16 ans environ, une poignée d’amis se tenaient au comptoir du Barbier, un estaminet de Dranoutre (Dranouter), à l’ambiance chaleureuse. Ce café-restaurant se trouve juste à la frontière et est exploité par Stéphane et Thierry, deux frères français très actifs, qui habitent et travaillent en Belgique. Le cadre est idéal pour fonder une association transfrontalière. Laquelle est devenue Westanglia, une petite association à but non lucratif qui, depuis 2005, se distingue par des projets culturels transfrontaliers, modestes ou un peu plus ambitieux. Westanglia propose une offre culturelle de qualité au public français et belge flamand de la région de Heuvelland et de Bailleul.

Nous nous sommes d’abord appelés Covyetvanhaelst, d’après le nom de famille des trois fondateurs. Mais nous n’avons pas tardé à rebaptiser notre association Westanglia, mot anglais désignant le Westhoek et plus facile à prononcer, tant pour les francophones que pour les néerlandophones.

Nous avons griffonné les premières idées de ce projet sur des sous-bocks. À l’époque – mais c’est toujours le cas – nous passions volontiers la frontière pour aller voir une exposition ou un spectacle et trouvions dommage d’être presque toujours les seuls Belges présents. Nous voulions remédier à cette situation grâce à notre association. À vrai dire, l’objectif premier de cette association est très simple: rassembler les gens par-delà les frontières nationales.

Westanglia mène une action culturelle transfrontalière novatrice, mais dans un profond respect des vieilles traditions régionales. Celles-ci font nettement ressortir notre culture commune des deux côtés de la frontière. Nous essayons souvent de revisiter ces traditions et de travailler sur des projets sortant de l’ordinaire.

Par le biais de notre association, nous nous intéressons de près aux vieux récits frontaliers. Nous avons donc été actifs, entre autres, pour les festivités des « 300 ans de frontière » (2013). Nous aimons aussi rassembler des projets français et belges.

Les Cinés soirées

Notre premier fait d’armes a été la projection du film À bout de souffle au café De Barbier. Seuls quatre amis étaient là. Le succès n’a pas été immédiat, mais, comme le rappelle un vieux proverbe, Rome ne s’est pas faite non plus en un jour. Depuis, la recette des «Cinés soirées» est bien connue: le public peut déguster de délicieuses frites façon Barbier puis voir un film. Nous programmons, en français et en néerlandais, des films classiques, des films alternatifs, des productions tournées dans la région et des films culte. Dénominateur commun: du cinéma de qualité.

Bicycl’art

Bicycl’art a constitué notre première collaboration véritable avec une association française: Lapatine. Auparavant, nous travaillions toujours à partir de notre organisation. Bicycl'art était un rallye artistique des deux côtés de la frontière, au cours duquel les cyclotouristes ont pu rencontrer de jeunes artistes talentueux, dans des lieux surprenants, au cœur d’un paysage vallonné.

Pour des structures comme nous, il faudrait un système permettant d’organiser plus facilement des projets transfrontaliers communs

Pour ce projet, nous avons bénéficié de fonds européens, à la condition de travailler de manière plus professionnelle et de porter un projet plus ambitieux des deux côtés de la frontière. Ces subventions étaient nécessaires, autant pour Lapatine que pour Westanglia, malgré la pression qu’elles exercent sur les petites associations. Pour des structures comme nous, il faudrait un système permettant d’organiser plus facilement des projets transfrontaliers communs.

Au début, il existait bien quelques différences culturelles. Pour commencer une réunion, par exemple. Chez nous, l’heure, c'est l’heure, alors que les Français sont plus laxistes à cet égard, mais nous nous sommes rapprochés sur ce plan. Chacun a beau faire de son mieux, la langue reste le plus grand obstacle, bien que ce soit aussi un enrichissement. Bref, la coopération transfrontalière exige davantage de temps et d’énergie, mais ensuite on est d’autant plus heureux du résultat, si enrichissant.

Après Bicycl’art, nous avons souvent collaboré avec d’autres associations françaises pour toutes sortes de projets. Avec Bouche à l’oreille, par exemple, nous avons travaillé sur un beau projet associant des écoles françaises et des écoles flamandes.

En organisant des activités à une plus grande échelle dans les Hauts-de-France et en Flandre, nous avons constaté combien le public, les associations ou les autorités connaissaient mal les infrastructures et l’actualité culturelle de l’autre région, ou même le fonctionnement des diverses institutions. Depuis, notre association est bien rodée, et nous savons comment les décisions se prennent dans les deux pays.

Nous voyons combien le public que nous attirons est diversifié. Lors des événements organisés par Westanglia, il est très agréable de se promener en entendant les deux langues.

Nous remarquons cependant qu’il reste toujours plus difficile de faire venir des Belges à des activités culturelles de l’autre côté de la frontière que l’inverse.

Krachtboer – La Force du Fermier

Krachtboer – La Force du Fermier a représenté un tour de force avec différents partenaires. Pendant un an et demi, nous avons préparé le terrain en rencontrant divers agriculteurs et organismes. Nous avons retravaillé alors avec l’association Lapatine. Ce projet n’aurait jamais abouti sans l’engagement des deux chefs étoilés locaux Kobe Desramaults et Florent Ladeyn. Krachtboer – La Force du Fermier est un festival avec de la musique et des animations, un marché fermier et des dégustations pour le grand public, mais aussi un colloque pour les professionnels de l’agriculture français et belges.

Dans l’histoire locale, pétrie d’influences régionales, la France est en avance sur la Flandre, ce qui a représenté sans conteste une plus-value pour notre projet. Dans le Westhoek, Westanglia a pu, à travers Krachtboer – La Force du Fermier, s’associer à une dynamique misant sur la durabilité et jeter des ponts entre l’agriculture et les gens de la région. Comme notre agriculture durable doit être une histoire inclusive, qui ne s’arrête pas aux frontières, Westanglia souhaite reprendre ce thème.

L’objectif était d’organiser un festival tous les deux ans, mais malheureusement le coronavirus ne l’a pas permis. Nous avions décidé de ne pas le faire tous les ans, car une telle organisation aurait absorbé toute notre activité. Nous sommes une petite association de bénévoles, qui doit compter sur l’enthousiasme et l’engagement de nos membres. Avec le temps, nous sommes aussi devenus une véritable organisation franco-belge, notre bureau étant constitué de trois Belges et de quatre Français. Nos réunions sont parfois animées. Les membres français attachent davantage d’importance à la structure et à la hiérarchie que les membres belges.

L’avenir après le corona

La crise du coronavirus a considérablement impacté la vie associative et culturelle. Westanglia est au point mort depuis près de deux ans. Durant la crise, la frontière, avec ses barrages de contrôle notamment, était redevenue matériellement présente. Nos contacts avec les associations françaises en ont quelque peu souffert. Ce n’est pas « loin des yeux, loin du cœur », mais nous avons besoin de reprendre nos contacts humains et chaleureux avec nos amis de l’autre côté de la frontière.

Un grand nombre d’associations de bénévoles ont beaucoup de mal à redémarrer, une nécessité plombée par des interrogations. Notre bureau ne s’est pas réuni depuis près de deux ans et nous avons hâte de reprendre nos activités. Lors de notre première concertation, nous avons réfléchi au contenu à donner à notre histoire. Au fond, cette crise nous montre aussi que notre association a encore indubitablement un rôle à jouer. Dans le cadre de notre association, nous restons convaincus que l’avenir peut offrir de nombreux et fructueux contacts de part et d’autre de la frontière. L’objectif est de rester une zone franche ou un port franc, en quelque sorte, pour d’intéressants concepts créatifs transfrontaliers!

http://www.westanglia.eu
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