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«Het Verhaal van Vlaanderen», la série historique qui a captivé la Flandre et suscité le débat

3 mai 2023 14 min. temps de lecture

Présentée sur la chaîne nationale flamande VRT, Het Verhaal van Vlaanderen (L’Histoire de la Flandre) a fait grand bruit dans la partie septentrionale de la Belgique. Si certains y ont vu une instrumentalisation politique de l’histoire en raison du financement dont a bénéficié la série, cela n’a en rien atténué son succès populaire. Les plats pays ont demandé à l’historienne belge francophone Chantal Kesteloot de décortiquer la série.

Du 1er janvier au 5 mars, la chaîne publique flamande VRT a diffusé la série documentaire Het Verhaal van Vlaanderen ou 38 000 ans de l’histoire de la Flandre déclinée en dix épisodes de 50 minutes. Le nouveau rendez-vous du dimanche soir: le succès est phénoménal. Aucun documentaire n’a atteint de tels chiffres d’audience: plus d’un million de spectateurs chaque semaine, auxquels s’ajoutent encore ceux qui l’ont regardé ultérieurement en ligne. Depuis la diffusion, en 1982, de la série De Nieuwe Orde aucun documentaire historique n’avait suscité autant d’intérêt dans le nord du pays. L’histoire a clairement la cote. Que faut-il en penser?

Un concept venu du Danemark

Het Verhaal van Vlaanderen est d’abord un concept inspiré d’un modèle danois, Historien om Danmark, produit par la Danish Broadcasting Corporation. Les dix épisodes y ont été diffusés le dimanche soir en deux blocs, un premier au printemps 2017 et un second à l’automne de la même année. La série était présentée par l’acteur danois Lars Mikkelsen, présent dans de nombreuses séries dont Borgen et House of Cards. Au printemps 2019, la télévision publique néerlandaise diffusait à son tour Het Verhaal van Nederland non pas le dimanche mais le mardi.

En septembre de cette année-là, la société de production De Mensen, un acteur majeur dans le paysage audiovisuel flamand, acquiert les droits de la série documentaire. Celle-ci s’articule chaque fois autour d’un seul et même principe: présenter dans un format accessible à un large public des faits majeurs d’une histoire «nationale». Le récit est porté par un présentateur vedette –Tom Waes dans le cas de la Flandre– les aspects visuels sont produits par des scènes de re-enactment et des historiens interviennent à titre d’experts.

Le présentateur plonge littéralement le spectateur dans des scènes d’époque auxquelles il assiste en tant que témoin, voire comme commentateur. Dans le dernier épisode, on assiste à une quasi-fusion entre l’histoire de la Flandre et l’histoire familiale de Tom Waes lui-même ou comment l’ascension d’une famille de la classe moyenne finit par incarner la Flandre dans sa globalité. Le récit nous plonge à la fois dans le vécu de Monsieur et Madame tout le monde mais aussi dans celui de personnalités et d’événements clés qui ont influé sur le cours de l’histoire.

Entre opportunité en termes d’histoire publique et diverstissement

Chaque épisode donne la parole à plusieurs experts, historiens pour la plupart. Comparée au tirage d’un ouvrage historique, la participation à une telle série permet à l’historien de partager le fruit de ses recherches avec un public inespéré. On ne peut dès lors que se réjouir de voir tant d’historiens accéder à une écoute sans précédent et montrer que la discipline ne se résume pas à un groupe fermé de chercheurs universitaires produisant uniquement pour leurs pairs.

Cet intérêt pour l’histoire n’est pas neuf comme en ont d’ailleurs déjà témoigné plusieurs séries centrées sur l’histoire du XXe siècle, depuis la légendaire De Nieuwe Orde (Le Nouvel ordre) des années 1980 jusqu’aux plus récentes déclinaisons des Kinderen van… (Les Enfants de…) sans oublier plusieurs romans récents d’auteurs flamands ayant résolument choisi des sujets controversés de l’histoire récente comme fil rouge de leur trame narrative. Mais cet intérêt n’a pas seulement porté sur le XXe siècle, comme l’attestent l’ouvrage Les Téméraires de Bart Van Loo et ses podcasts sur les Bourguignons.

Cet intérêt non démenti pour l’histoire constitue une opportunité qui se devait d’être saisie. Mais on peut également interroger la manière dont l’histoire et les historiens ont été intégrés dans le processus de production. Lors d’une présentation de Het verhaal van Vlaanderen à la KULeuven le 14 mars 2023, Jesse Fabré, le rédacteur en chef de la série, a déclaré s’être entouré d’une équipe composée de quatre personnes dont l’une avait étudié l’histoire, sans autre précision. Il a ensuite poursuivi en déclarant qu’il était parti d’une page blanche et avait pris contact avec de très nombreux historiens. C’est sur cette base qu’un scénario a ensuite été rédigé et soumis à une équipe plus restreinte d’experts, ceux qui interviennent dans la série. Quel a été leur rôle? Se sont-ils contentés de s’inscrire dans un scénario préétabli ou l’ont-ils influencé? La réalité est difficile à établir.

Jesse Fabré présente Het Verhaal van Vlaanderen comme le fruit de choix à faire dans une volonté de rendre l’histoire moins abstraite. En d’autres termes, le storytelling, la manière de produire du narratif, prévaut sur les événements. On glisse dès lors vers une autre dimension: ce ne serait plus de l’histoire mais du divertissement –GeschiedEntertainment selon les termes de l’historien Koen Aerts– mais avec une vocation de dire «vrai»: comment les choses se sont vraiment passées.

Dans le même temps, la série se veut être de l’histoire. Dans le premier épisode, Tom Waes fait référence à une histoire trop abstraite, celle qui lui a été enseignée et qui ne laissait guère de place à ce qui s’était passé «chez nous». À plusieurs reprises, il revient d’ailleurs sur l’histoire telle qu’enseignée. La série est présentée comme pouvant être proposée dans les écoles, au grand dam de certains didacticiens et historiens. Sur le site Het Archief voor Onderwijs destiné aux enseignants de la Communauté flamande, la série sert de point de départ et génère la mise en ligne de nouveaux contenus.

Dans le quotidien De Morgen du 6 mars 2023, l’historien Karel Van Nieuwenhuyse, responsable de la formation des enseignants à la KULeuven, considère que la série n’est nullement appropriée pour l’enseignement. Il mentionne plusieurs raisons pour étayer son point de vue: outre le fait qu’il s’agit à ses yeux de distraction et non d’histoire, il dénonce des simplifications, un ton moralisateur, voire réprobateur, l’usage du «nous» et l’absence de questions qui dérangent telles la montée de l’extrême droite ou encore la mise en place de la frontière linguistique.

Au-delà, la question nous semble plus profonde: l’enseignement de l’histoire a aussi –et surtout?– pour objectif de développer l’esprit critique, de poser des questions dérangeantes et de montrer la complexité des phénomènes. Bref, avec des explications souvent simplistes, la série s’écarte résolument de la démarche pédagogique et ne rend ainsi pas service à l’enseignant. Elle n’est donc pas un outil pédagogique au sens premier du terme – elle peut le (re)devenir si elle est l’objet d’une analyse critique –même si le fil rouge demeure d’ordre historique.

Un financement qui soulève des questions

La réalisation d’une telle série est coûteuse. Une fois les droits acquis se pose la question du financement de sa réalisation. Le 30 septembre 2019, l’accord du nouveau gouvernement flamand est rendu public. Il y est notamment question de «vivre l’identité flamande sans complexe, par exemple à travers des symboles communs». La VRT est mentionnée comme l’un des acteurs appelés à contribuer à l’édification de cette identité. Pour Raf Uten, l’un des trois fondateurs de De Mensen, il y a une opportunité à saisir.

Le ministre-président mais aussi ministre de la Culture, le nationaliste flamand Jan Jambon (NV-A) est d’emblée séduit et un financement public suit. Plusieurs cabinets, majoritairement NV-A –en charge de la culture, du tourisme, des médias ou encore de l’enseignement – sont sollicités et répondent positivement. Deux millions d’euros de financement public – 400 000 € à charge du budget de l’enseignement, 250 000€ de Toerisme Vlaanderen (Flandre tourisme), 300 000€ de la chancellerie et 150 000 € du département de la Culture sont assurés par ce canal. À cette somme s’ajoutent les retombées du fédéral via le Tax Shelter, l’apport de la VRT, sans oublier le Vlaams Audio-visueel Fonds (le Fonds audiovisuel flamand, 500 000€), Screen Flanders (400 000€) et l’appui de différentes villes. Ce financement fait débat, y compris au Parlement flamand, en sa séance du 13 janvier 2023.

Un nationalisme banal

Qu’un tel projet ait les faveurs de la NV-A, cela ne fait aucun doute. S’agit-il pour autant d’un instrument de promotion du nationalisme flamand? Le dossier est plus complexe. À regarder la série, celle-ci peut plaire aux nationalistes flamands mais aussi les indisposer. Pourquoi?

Commençons par l’intitulé: Het Verhaal van Vlaanderen. Il y aurait donc un récit unique «Het Verhaal» d’une entité, la Flandre, dont les origines remonteraient à des temps immémoriaux puisque la couverture chronologique s’étend sur 38 000 ans. Il y a comme une injonction imposée: «Dit is het Verhaal van Vlaanderen», soit ceci est l’histoire de la Flandre. Il y a aussi comme un parfum d’anachronisme et de téléologie. Soyons clairs: il n’en aurait pas été autrement si la série s’était intitulée «Het Verhaal van België», L’Histoire de la Belgique.

Qu’un tel projet ait les faveurs de la NV-A, cela ne fait aucun doute, mais à regarder la série, celle-ci peut tout à la fois plaire aux nationalistes flamands et les indisposer

Au-delà du titre, la Flandre émerge comme une évidence avec un récit porté par le «nous»: «les choses qui se sont passées chez nous». Ces évidences ne sont jamais remises en question, même si à d’autres moments, ce «nous» n’est pas seulement la Flandre mais aussi la Belgique: «De hele 19e eeuw zijn we een rijk land» (Tout au long du XIXe siècle, nous sommes un pays riche). On peut difficilement considérer qu’il s’agit de la Flandre. Au fond, l’essentiel est dans cette évidence: le fait même de la série qui banalise la notion de Flandre à travers les siècles. On est dans ce que l’on peut qualifier de «nationalisme banal»; le terme «Flandre» est répété à l’envi sans même que l’on s’en aperçoive, il a imprégné notre inconscience.

Par contre, la série bouscule l’hagiographie nationaliste flamande en présentant, par exemple, la bataille des Éperons d’or non pas comme un haut fait de la lutte contre la France, mais comme un pan d’histoire sociale… exclusivement flamande. On ne sait rien des alliés –namurois ou brabançons, par exemple– du comté de Flandre. Seuls les combattants flamands sont héroïsés. Puisque la bataille –un événement qui occupe l’intégralité du quatrième épisode– est exclusivement présentée comme celle du comté de Flandre, pas besoin non plus de rappeler qu’elle a pu servir de levier à l’identité belge du XIXe siècle.

Une autre dimension potentiellement déplaisante pour les nationalistes flamands, c’est la très faible place faite à l’histoire du mouvement flamand, surtout évoqué à travers la Première Guerre mondiale. La collaboration et sa répression sont quasiment absentes de même que tout le combat mené pour la fédéralisation de la Belgique. L’histoire institutionnelle n’a pas la cote dans Het Verhaal van Vlaanderen. Certes, en termes de «scénarisation» et de «distraction», le potentiel de cette histoire est sans doute moindre. On peut aussi se dire qu’il est significatif que ce thème n’ait pas été retenu par les concepteurs de la série. La réalité de la Flandre est tellement évidente qu’il n’est plus besoin d’esquisser les étapes du combat pour son existence.

Controverses et débats: des omissions qui dérangent

La série a suscité le débat et on ne peut que s’en réjouir. Des historiens se sont exprimés, les médias ont relayé leur point de vue. History matters et il serait indécent de s’en indigner. Outre ceux déjà cités, parmi les thèmes discutés, citons aussi la trop grande place laissée à une histoire bataille ou la place proéminente du comté de Flandre au détriment d’autres régions…

Deux autres aspects méritent que l’on s’y attarde: les moteurs de l’histoire et les dimensions collectives. Dans l’épisode 8, il est question de la lutte en faveur du suffrage universel. En avril 1893, pour la première fois, le jeune Parti ouvrier belge appelle à la grève générale pour mettre fin au suffrage censitaire. La grève est réprimée dans le sang: un mort à Jolimont (14 avril), sept à Mons (17 avril) et cinq à Borgerhout (18 avril). Dans la présentation qui en est faite, seuls sont évoqués les morts de Borgerhout donnant ainsi l’impression que l’adoption du suffrage universel tempéré par le vote plural est la conséquence des seules victimes de Borgerhout. Passées sous silence les luttes menées en 1886 et les 28 morts qu’elles ont entraînés, passées sous silence les victimes wallonnes de 1893…

Autre temps fort des combats sociaux: la lutte pour les congés payés. Nous sommes en 1936. Pour la circonstance, on voit Tom Waes en train dégustant une glace sur la digue d’une station balnéaire de la côte (flamande). Le récit se fait sombre. Il nous narre le double assassinat d’Albert Pot et de Theo Grijp, deux militants socialistes flamands tués par un extrémiste de droite francophone, candidat du Parti réaliste à Anvers, Jean Awouters. La dimension dramatique est exceptionnelle. Suite à ces deux meurtres, une grève générale sans précédent éclate. Des concessions sont faites aux revendications sociales et les congés payés sont adoptés. Dans cette mise en scène, rien sur la lutte contre le fascisme, rien sur l’ampleur du mouvement dans l’ensemble du pays, rien sur l’impact et la crainte de contagion de la situation en France à l’heure du Front populaire, rien non plus d’ailleurs sur la violence dans les luttes sociales et le caractère exceptionnel de ce double assassinat…

Dans les deux cas, on raccroche les grands changements à des destins exceptionnels sans laisser la moindre place au contexte général ni à la dimension collective des luttes. À l’inverse, lorsqu’il s’agit d’évoquer le contexte de la mise en œuvre du suffrage universel (masculin), Het Verhaal van Vlaanderen retombe dans les travers d’une histoire portée par les grands hommes. Tout le mérite de l’introduction du suffrage universel est attribué au roi Albert, soucieux du sort de ses soldats et désireux de les récompenser après quatre années de guerre. Rien sur les enjeux sur la longue durée, rien sur le contexte très particulier tant sur le plan national qu’international de cette sortie de guerre. Rien sur le rôle des partis politiques… Une occasion manquée qui nous renvoie à une histoire des grands hommes que l’on espérait enterrée.

Si le dernier épisode a le grand mérite de nous offrir un regard nuancé sur la société flamande d’aujourd’hui et de replacer la question de l’immigration dans ses dimensions sociales, il est tout de même surprenant de constater à quel point l’histoire de la Seconde Guerre est absente de la série. Certes, on rétorquera que la télévision flamande y a déjà consacré de nombreuses heures. Cependant, l’explication reste trop superficielle. Le contraste entre Première et Seconde Guerre se comprend mal d’ailleurs. La Première Guerre est longuement évoquée mais uniquement sous l’angle du front; rien (ou presque) sur la Belgique occupée, ni sur la Belgique de l’exil. Du second conflit mondial, on ne retient que les victimes –des statistiques qui recouvrent d’ailleurs toute la Belgique, sans oublier les collaborateurs du front de l’Est. Cette approche de l’histoire sous le prisme de la victimisation, un classique dans l’histoire du mouvement flamand, se retrouve d’ailleurs à bien des endroits de la série.

Restent des évocations très convaincantes telles celles de la peste, de la situation de la classe ouvrière gantoise au XIXe siècle, la personnalité oubliée d’Emilie Claeys et –déjà mentionné- le regard nuancé sur l’immigration et les discours racistes entendus dans la société flamande.

Des échos en Belgique francophone

L’actualité du Nord du pays fait rarement la une en Belgique francophone, sauf s’il s’agit du trafic de drogue à Anvers ou de la crise de l’azote. Néanmoins, force est de constater que la série n’est pas passée complètement inaperçue. On a évoqué un projet nationaliste, on a reparlé du projet du Canon flamand –un autre pan de la déclaration gouvernementale flamande. Bref, quelques articles ont fait écho à la série, on ne dispose cependant d’aucun chiffre sur le nombre de francophones l’ayant effectivement regardée. La question d’une réalisation similaire a pourtant été posée, mais semble très peu probable. L’existence d’une série sur la Flandre rend toute probabilité de coopération impossible. La question de l’intitulé serait déjà problématique: l’histoire de la Belgique, l’histoire de la Wallonie, l’histoire de Bruxelles… Rien de tout cela n’est vraiment convaincant. Dès lors, tout financement parait mission impossible.

L’alter ego francophone de De Mensen, Les Gens, n’a nullement les reins assez solides que pour se lancer dans une telle aventure. Du côté de la chaîne nationale francophone RTBF, la tradition du documentaire historique «production maison» incarnée notamment par Le journal de la Grande Guerre ou encore Jours de Guerre semble bien loin aujourd’hui. Il suffit pour s’en convaincre de voir le traitement au rabais de l’émission Enfants de la collaboration, réduite à un seul épisode contre six dans la version néerlandophone d’origine, ou la politique d’achat de documentaires privilégiée par Retour aux Sources. Seule l’histoire de nos souverains semble échapper à cette tendance. Au-delà, on ne sent en outre aucune volonté politique à porter un tel projet.

Bref, Het Verhaal van Vlaanderen apparaît comme un incontestable succès populaire mais aussi comme un produit commercial –des déclinaisons sous forme de livres, une page Wikipédia, un jeu existent désormais. C’est le signe d’un intérêt fort du public pour l’histoire. Aux historiens de s’en saisir et d’oser la complexité. L’histoire vaut le détour et le public le mérite.

La série est disponible en néerlandais sur le site de la VRT.
Chantal Kesteloot

Chantal Kesteloot

historienne affiliée à CEGESOMA: Centre d'études et de documentation guerre et sociétés contemporaines

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