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Interreg 2021-2027: des projets pour améliorer la mobilité et la culture transfrontalières dans la région France-Wallonie-Vlaanderen

Par Maïka Denys, traduit par Marieke Van Acker, Arthur Chimkovitch
22 novembre 2024 8 min. temps de lecture

Parmi la soixantaine de programmes de coopération interrégionale de l’Union européenne, Interreg France-Wallonie-Vlaanderen est celui qui soutient les échanges transfrontaliers entre la Flandre et/ou la Wallonie et le nord de la France. Mise en contexte du programme et mise en lumière de 4 des 79 projets retenus lors du plus récent appel.

L’Union européenne (UE) se compose aujourd’hui de vingt-sept pays. Dans la multitude de leurs régions, les différences et inégalités sur le plan du développement sont grandes. Il y a des zones rurales, des zones en transition industrielle ou des régions confrontées à de graves handicaps naturels ou démographiques, pour ne citer que quelques exemples. En investissant, l’Union européenne vise la réduction de ces inégalités et le développement harmonieux sur l’ensemble du territoire de l’Union. C’est la politique européenne de cohésion.

L’UE adopte cette politique de cohésion afin de promouvoir la coopération transfrontalière entre régions voisines. Son objectif: amener les régions frontalières à relever ensemble des défis communs et à réaliser un développement harmonieux. Pas moins de 64 programmes de coopération interrégionale (Interreg) ont été créés à cet effet. Le Fonds européen de développement régional (FEDER) accorde ainsi un budget de 268 millions d’euros au programme Interreg France-Wallonie-Vlaanderen. Ce montant doit subventionner des projets favorisant la politique de cohésion européenne.

Les régions concernées par l’Interreg France-Wallonie-Vlaanderen sont, en France, la région Hauts-de-France et la région Grand Est (les départements des Ardennes et de la Marne); en Wallonie, les provinces du Hainaut, de Namur et du Luxembourg; en Flandre, les provinces de Flandre-Occidentale et les arrondissements de Gand et d’Audenarde en Flandre-Orientale.

Pour la période 2021-2027, la Commission von der Leyen a fixé cinq objectifs politiques. Ceux-ci se concentrent respectivement sur une Europe plus intelligente, plus verte et à faible émission de carbone, plus connectée, plus sociale et plus proche de ses citoyens.

L’Interreg France-Wallonie-Vlaanderen a intégré ces objectifs dans les quatre priorités de sa stratégie de programme: la recherche et l’innovation, le climat et l’environnement, la mobilité et la cohésion sociale.

Résultats du 1er appel: la recherche et l’innovation en tête de peloton

Le 17 novembre 2022, le programme Interreg France-Wallonie-Vlaanderen a lancé un premier appel à projets pour la période 2021-2027. Le montant de la subvention disponible était de 185 millions d’euros (soit 79% de l’enveloppe disponible).

Après un examen approfondi et une évaluation par le Secrétariat conjoint et les autorités partenaires, 79 des 157 projets transfrontaliers soumis ont été approuvés, pour un montant total de 164 millions d’euros. La répartition des projets par thème va comme suit: 37% des projets financés portent sur la recherche et l’innovation; 22% vise une meilleure cohésion sociale; 17% ont pour thème le climat et l’environnement; et enfin 3% des projets sont liés à la mobilité.

Une meilleure mobilité cycliste

Dans les domaines de la mobilité et du tourisme, deux projets sont particulièrement intéressants pour les faciliter les déplacements entre le nord de la France, la Wallonie et la Flandre: XTraVel Mobility et XTraVel Tourism. Ceux-ci se concentrent sur la mobilité douce, l’amélioration des expériences cyclistes et la promotion de ces réalisations auprès du grand public.

XTraVel Mobility est un projet rassemblant sept partenaires. Le chef de file du projet est l’Agence régionale wallonne de développement IDETA. Les autres partenaires sont la Province du Hainaut, le Conseil départemental du Nord, le Conseil départemental du Pas-de-Calais, le Conseil départemental de la Somme, le Conseil départemental de l’Aisne et le Conseil départemental de l’Oise. Une subvention de 4,8 millions d’euros leur est accordée pour la réalisation de leur projet, prévue entre juillet 2024 et fin juin 2028.

Afin d’améliorer et de rendre plus sûre la mobilité cycliste dans la région frontalière, on prévoit l’extension sur des itinéraires de longue distance du réseau transfrontalier de jonctions cyclables. L’expérience cycliste des navetteurs et des touristes bénéficiera de nouveaux points de repos et d’itinéraires thématiques.

IDETA prévoit par exemple une véloroute reliant Lessines à Silly. Cet itinéraire reliera les communes d’Enghien et de Silly au RAVeL de la Dendre. Ce chaînon manquant de 5 km dans le réseau cyclable de la Wallonie picarde sera en outre relié à l’itinéraire EuroVélo5 (Fr/Be). La présence d’un itinéraire sécurisé entre Lessines et Silly devrait encourager les habitants de Lessines à prendre le vélo. Enfin, tout ceci devrait être une invitation à se rendre à Silly à vélo pour y prendre ensuite le train pour Bruxelles ou Lille.

Sur un autre itinéraire longue distance, l’EuroVélo3 (de Trondheim à Saint-Jacques-de-Compostelle), XTraVel Mobility a pour objectif de supprimer certains points connus comme dangereux pour les cyclistes. Les travaux seront réalisés par le Conseil départemental de l’Aisne, partenaire du projet. Une piste cyclable séparée sera ainsi aménagée entre Proix et Macquigny. Aujourd’hui, il s’agit d’un tronçon dangereux sur l’itinéraire de l’EuroVélo3, le long de la RD69.

Une nouvelle piste cyclable séparée permettra aux cyclistes belges, français et étrangers de circuler en toute sécurité. Sur la même véloroute EuroVélo3, deux autres points dangereux, à Origny-Sainte-Benoite et à Ribemont, devraient également bénéficier de réaménagements. Les réalisations du projet XTraVel Mobility ont lieu sur le territoire du nord de la France et de la Wallonie. Cependant, le caractère international des Eurovéloroutes 3 et 5 permettra également aux cyclotouristes de Flandre et des Pays-Bas d’être plus en sécurité sur le chemin de leur destination.

On l’a compris, la visée première de XTravel Mobility est l’amélioration de l’infrastructure pour la mobilité transfrontalière. Quant à son projet jumeau, XTraVel Tourism, il vise le développement et la promotion du cyclotourisme dans les régions frontalières.

XTraVel Tourism rassemble 10 partenaires: 2 partenaires wallons (Maison du tourisme Pays des Lacs et Maison du tourisme de la Wallonie picarde), 3 partenaires flamands (Toerisme Oost-Vlaanderen, Westtoer et Provincie West-Vlaanderen) et 5 partenaires français (Agence de développement touristique de l’Aisne, Conseil départemental du Nord, Agence de développement touristique de l’Oise, Agence de développement et de réservation Touristique Pas-de-Calais, Agence de développement et de réservation touristique de la Somme). Le maître d’œuvre du projet est la Maison du tourisme wallon Pays des Lacs. Le projet bénéficiera d’une subvention de 2,5 millions d’euros et se déroulera du 1ᵉʳ janvier 2024 à la fin de l’année 2027.

Véronique Victor (coordinatrice du projet chez Westtoer) l’explique ainsi: «Le projet XTraVel Tourism s’engage à étendre et à optimiser les réseaux cyclables. Il en résultera un grand réseau cyclable transfrontalier de qualité et relié. Les avantages pour les cyclistes, qu’ils soient visiteurs ou résidents, sont énormes : les frontières s’effacent et les possibilités cyclistes deviennent infinies. En outre, nous prenons à cœur le confort des cyclistes. Le long du réseau cyclable, nous prévoyons la création d’aires de repos et de pique-nique riches en expériences».

Grâce à ces deux projets, XTraVel Tourism et XTraVel Mobility, les régions frontalières gagneront en attractivité tant pour les résidents que pour les touristes. La présence d’un vaste réseau de jonctions transfrontalières renforcera en outre les liens et la cohésion sociale entre les régions.

Information et culture pour renforcer la cohésion sociale

Le renforcement de la cohésion sociale peut être porté aussi par d’autres projets, comme ceux visant des actions culturelles conjointes. Le premier appel a reçu de nombreux projets intéressants dans le secteur de la culture et de la création. Quittons donc la piste cyclable pour nous intéresser à deux projets approuvés dans le domaine culturel: MEDIACONNECT et EMERGE.

MEDIACONNECT est un projet réunissant des partenaires des trois régions. L’Eurométropole Lille-Kortrijk-Tournai est le chef de file du projet. Les partenaires du projet sont trois chaînes de télévision régionales: WTV (Flandre-Occidentale), Notélé (Wallonie picarde) et WEO (région Hauts-de-France). Elles recevront une subvention de 819 494 euros. Le projet démarre le 1er octobre 2024 et se termine fin septembre 2028.

Tous les reportages produits par MEDIACONNECT seront disponibles en version bilingue sur une plateforme média

Par le biais de reportages créés en collaboration, les trois chaînes informeront les habitants de la région frontalière sur des thèmes transfrontaliers, allant d’événements culturels et touristiques aux formations et à l’enseignement en passant par la transition écologique ou l’économie circulaire. Tous les reportages seront disponibles en version bilingue sur une plateforme média. Un dossier pédagogique accompagnera chaque thème. L’utilisation de toutes ces données sera libre, que ce soit pour les écoles, les autorités régionales et les administrations ou pour toute personne intéressée par les thèmes transfrontaliers.

Il y a ensuite le projet EMERGE qui réunit 10 institutions culturelles: 3 partenaires flamands (VIERNULVIER, De Grote Post et Buda), 2 partenaires du côté wallon (Charleroi danse, Théâtre CCN Namur) et 5 partenaires du nord de la France (Le Phénix, Maison de la culture d’Amiens, Le Manège, Rose des vents et le théâtre du Beauvaisis). Pour réaliser ce projet, ils recevront 1,9 million d’euros de subventions et le projet se réalisera entre le 1ᵉʳ juillet 2024 et la fin juin 2028.

Les 10 partenaires du projet EMERGE aspirent à augmenter la résilience et la professionnalisation dans le secteur culturel et créatif. Grâce à des programmes de mentorat, ils souhaitent renforcer les activités des PME. Ils les aideront par exemple à élaborer leur plan d’affaires, à préparer leurs dossiers de subvention et à gérer l’innovation et le changement.  L’aide peut être d’ordre pratique aussi, en fournissant un espace de travail ou un studio d’enregistrement.

Il ne s’agit là que d’une poignée de projets du programme Interreg France-Wallonie-Vlaanderen. Sur le site web du programme, dans la lettre d’information et sur les médias sociaux, il est possible d’en suivre le développement, comme c’est également le cas pour d’autres projets.

Maïka Denys

animatrice territoriale point de contact Flandre, Provincie West-Vlaanderen

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