Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

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Le regard perdu dans l’infini: la chaussée de Courtrai
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Société

Le regard perdu dans l’infini: la chaussée de Courtrai

En Flandre, nous parlons d’objets perdus. Aux Pays-Bas, ce sont des objets trouvés. Et si, en ces temps étranges, nous faisions vraiment de la perte une trouvaille? Prenez par exemple les archives de «Ons Erfdeel vzw». On peut très bien y pêcher chaque semaine une pièce intéressante. Sans même qu’elle ait nécessairement un rapport avec le coronavirus. Une pièce, tout simplement, qui nous ouvre une nouvelle perspective sur les choses ou qui, après quelques années, acquiert une signification nouvelle. Bref, un objet trouvé.

Alors même que nous sommes encore limités dans nos déplacements, nous nous prenons à rêver que nous roulons, vitre ouverte, le regard perdu dans l’infini, sur une des «chaussées» qui ont valeur d’archétype dans le paysage flamand. J’opte pour la chaussée de Courtrai (la N43), la route reliant Gand à Courtrai.

Qui veut vraiment faire connaissance avec la Flandre se doit d’emprunter une de ses «chaussées». Elles datent souvent du XVIIIe siècle, de la période autrichienne. Jusque dans les années 1960, elles reliaient les villes entre elles, telles des artères vitales, avant que les autoroutes les relèguent en marge.

Mais une marge peu commune, où se succèdent commerces de passage, cafés pour routiers, garages Ferrari, champs de maïs, prairies tristounettes où des vaches ruminent consciencieusement, discothèques, cafés dansants qui ne paient pas de mine, un manoir de style néo-quelque chose, une usine désaffectée, des baraques à frites, des villas qui vous en mettent plein la vue, des rangées de maisons de tous volumes et de toutes dimensions, bars, clubs privés, boîtes de nuit, chambres à louer, établissements que l’on regroupe couramment sous le dénominateur au charme désuet «maisons de tolérance», où l’on voit çà et là des dames perchées sur leur haut siège, preuve que la prostitution en vitrine, si elle se raréfie, n’a pas encore entièrement disparu.

Faites route en pensée en compagnie de quelqu’un qui, il y a dix ans à peine, a consigné cet itinéraire dans un guide touristique, un journal de bord, un répertoire, et voyez ce qui en est resté aujourd’hui et ce qui a changé. Goûtez, avec l’auteur, à ces tranches de vie qui vous résument la Flandre. Pas question, ici, d’une Highway américaine traversant un majestueux désert de western. Rien qu’une succession aussi foisonnante que disparate de témoins d’un passé volontaire et d’un présent trop voyant, de ce que l’espèce humaine a produit de meilleur et de pire, de ce qu’il y a en ce bas monde de plus beau et de plus laid. Chérissez cette route d’évasion.

Tolle et lege.

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