Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

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Les jeux olympiques de Paris infusent jusque dans le nord de la France
Carte © Hauts-de-France
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Les jeux olympiques de Paris infusent jusque dans le nord de la France

Paris va vibrer à l’heure olympique du 26 juillet au 11 août. La grande messe du sport en mondovision aura un impact bien au-delà de la capitale et du sport, notamment dans les Hauts-de-France. Décryptage.

Dans la métropole lilloise, on prépare activement Paris 2024… Il suffit de passer près du Stadium (l’ancien Stadium Nord) de Villeneuve-d’Ascq pour s’en convaincre. Une nouvelle résidence de 495 chambres, l’Olympium, est sortie de terre ces derniers mois. Cette résidence est tout simplement un… village olympique. En effet, l’autre stade de Villeneuve-d’Ascq, le stade Pierre-Mauroy (désormais appelé Decathlon Arena stade Pierre-Mauroy), non loin de là, va accueillir sous son toit rétractable des matchs du tournoi olympique entre le 26 juillet et le 11 août. Au total, 52 rencontres s'y tiendront.

Dans le détail, il s’agira de 36 rencontres de la phase préliminaire des tournois de basketball masculin et féminin, tandis que le stade sera aussi le théâtre de 16 matchs de handball masculins et féminins pour la phase finale. Autant dire qu’on devrait croiser du beau monde du côté de Villeneuve-d’Ascq: par exemple les basketteurs Victor Wembanyama et LeBron James ou le handballeur Nikola Karabatic doivent participer aux compétitions.

La métropole lilloise ne devrait pas être la seule à profiter de la présence des Jeux olympiques, puis paralympiques (qui auront lieu du 28 août au 8 septembre). En raison de leur proximité avec la région francilienne, les Hauts-de-France se préparent à accueillir quelques sportifs de premier ordre dans une palanquée de sites labellisés par Paris 2024. Un exemple parmi d’autres: la championne de gymnastique artistique américaine Simone Biles, star de la discipline aux 37 médailles mondiales (dont 7 olympiques), est attendue à Arques aux portes de Saint-Omer. L’équipe américaine va se préparer au complexe gymnique.

Des équipes du monde entier vont venir s’entrainer sur le territoire: l’équipe de badminton de Malaisie a choisi Aire-sur-la-Lys, des équipes de France et d’Ukraine, le CREPS (Centre de ressources, d'expertise et de performance sportive) de Wattignies. Les équipes de cyclisme de France et du Japon seront quant à elles au Stab de Roubaix, l’équipe d’athlétisme des Pays-Bas, au stade couvert de Liévin, l’équipe de France de judo avec Teddy Riner et Clarisse Agbegnenou, au dojo d’Etaples… liste non exhaustive.

Cette foison d’athlètes devrait rappeler quelques souvenirs aux habitants de la région. Pour les Jeux olympiques de 2012, qui se déroulaient à Londres, le Pas-de-Calais (et dans une moindre mesure le Nord) s’était déjà positionné comme base arrière pour la préparation des sportifs. À l’époque, plusieurs édifices sportifs avaient vu le jour ou fait peau neuve contre un investissement de 120 millions d’euros. Joueurs de badminton, lutteurs, gymnastes avaient transité par les Hauts-de-France avant d’aller concourir dans la capitale britannique, à seulement deux heures de la sortie du tunnel sous la Manche…

Une flamme de passage

Mais cette fois-ci, jeux en France obligent, l’esprit olympique va infuser de manière encore plus importante. Car au-delà des sites d’entrainements ou des matchs au stade Pierre-Mauroy, la région va aussi accueillir la flamme olympique, 32 ans après son dernier passage pour les Jeux olympiques d’hiver d’Albertville (la France a déjà accueilli les jeux d’hiver en 1924, 1968 et 1992, ceux d’été en 1900 et 1924).

La flamme débarque le 8 mai à Marseille et fera étape dans les Hauts-de-France en juillet. Le 2, elle passera par Lille, Arenberg, Dunkerque, Tourcoing, Cambrai et Avesnes-sur-Helpe, avant de se rendre au stade Bollaert-Delelis et au musée du Louvre-Lens, Berck, Boulogne-sur-Mer, Calais, Saint-Omer, Arras et Ohlain le lendemain. Puis elle passera côté picard le 4 (dans la Somme). Elle est ensuite attendue le 17 juillet dans l’Aisne et le 18 juillet dans l’Oise.

À cette occasion, chaque ville organise ses propres festivités pour marquer le coup de la présence d’une flamme que la majorité des Nordistes ne verra qu’une fois dans sa vie. C’est aussi l’occasion pour les territoires d’afficher leurs atours devant la France entière, voire au-delà, dans une période où la compétition… touristique fait rage.

Et pour les villes non retenues par le passage de la flamme, il y a des lots de consolation. Entre avril et mai, un village olympique itinérant avec spectacles et ateliers s’est par exemple baladé dans le Pas-de-Calais (à Etaples, Beuvry, Desvres…). Tout le monde veut une petite part du gâteau, si minime soit-elle. La preuve: en avril, la Fédération française de randonnée pédestre a lancé «La Grande randonnée vers Paris», une marche venue de multiples endroits de l’Hexagone (dont la métropole lilloise) permettant de célébrer les Jeux… et de faire connaître la marche… qui n’est pas un sport olympique.

Des retombées multiples

Les Jeux olympiques vont avoir des retombées au-delà du sport proprement dit. Il y a d’abord les immédiates. En décembre, Pôle Emploi (l’établissement public chargé de l’emploi en France, devenu depuis peu France Travail) lançait sa campagne de recrutement pour l’événement et sa préparation. Dans la région, 2 000 emplois étaient annoncés à pourvoir dans la sécurité, l’hôtellerie, la restauration ou encore la logistique.

L’hôtellerie et la restauration devraient d’ailleurs être les grandes gagnantes de l’été olympique. Car si le comité olympique a annulé «environ 2 000 nuitées par jour sur une dizaine de jours» en début d’année après les avoir préréservé (le comité olympique avait prévu «large»), les hôteliers n’affichent que peu d’inquiétudes devant leurs taux de remplissage. Lien de cause à effet, la Ville de Lille a d’ailleurs reçu en 2023 300 demandes de changement d’usage de locaux d’habitation pour de la location de type Airbnb, indiquait récemment La Voix du Nord. Un effet supposé des Jeux olympiques.

2 000 emplois étaient annoncés à pourvoir dans la sécurité, l’hôtellerie, la restauration ou encore la logistique

Concrètement, 1,4 million de personnes sont attendues pendant les Jeux dans une métropole qui a pris l’habitude des grands événements sportifs en cette dernière décennie en accueillant successivement la coupe Davis en 2014, des matchs de l’Euro de football 2016 ou encore de la Coupe du monde de rugby en 2023.

Cet afflux, qui a nécessité des dépenses (à titre d’exemples, la Métropole européenne de Lille –MEL– annonce environ 15 millions d’euros de frais entre la sécurité, les transports, la communication, les travaux; le Département du Nord dépense 450 000 euros pour l’accueil de la flamme olympique), devrait aussi ramener des espèces sonnantes et trébuchantes.

Selon Éric Skyronka, vice-président chargé des Sports à la MEL, «les recettes touristiques sur la période des Jeux sont estimées à 80 millions d’euros contre 32 en temps normal. Et les retombées économiques sur la métropole en général sont estimées à 70 millions d’euros.» (La Voix du Nord). Des entreprises en profitent aussi directement: les pépinières de Landas (près d’Orchies) vont ainsi fleurir le village olympique de Paris; Decathlon, dont le siège est dans la région, équipe les 45 000 volontaires des JO, tandis qu’une partie des tee-shirts sont produits par l’atelier d’insertion Résilience, à Roubaix, etc.

C’est en revanche moins évoqué… mais les Jeux olympiques et leur sécurisation devraient aussi avoir des incidences dans la région, et notamment le littoral. Les CRS (un corps spécialisé de la Police nationale en France) mobilisés ailleurs ne seront certainement pas en nombre suffisant dans les postes de secours pour surveiller les plages et vacanciers. Les communes sont alors contraintes de s’organiser pour recruter des sauveteurs civils.

Autre conséquence sur laquelle l’État ne communique guère: la lutte contre les traversées de la Manche par les réfugiés. Celle-ci mobilise nombre de forces de l’ordre toute l’année, et notamment en été, quand la mer est plus calme. L’an dernier, une compagnie supplémentaire avait même été déployée après des scènes de départ en plein mois de juillet sur la plage de Boulogne-sur-Mer. Difficile de multiplier les effectifs durant la période olympique.

Durable?

Reste aussi ensuite à savoir ce qu’il restera des Jeux olympiques au-delà des paillettes, de l’émotion et des souvenirs. Les équipements sportifs d’entrainement qui ont profité d’un lifting, comme le stadium de Villeneuve-d’Ascq continueront eux à accueillir du public, mais l’expérience olympique devrait servir au-delà. Pour les villes et équipements, c’est l’occasion de montrer que l’on peut très bien accueillir d’autres compétitions françaises et européennes.

Les décideurs espèrent eux que la mise en avant de la région influera sur le tourisme futur. Mais le premier effet concret concernera justement le village olympique nordiste, à Villeneuve-d’Ascq. Sitôt les sportifs partis, les chambres seront investies par des étudiants et jeunes actifs, l’Olympium étant transformée en résidence. Alors, qui héritera de la chambre de Karabatic?

Le rêve olympique de Lille

Lille au cœur des Jeux Olympiques? C’était le rêve de l’agglomération dans les années 1990 quand elle s’était portée candidate à l’organisation des JO 2004. Hélas, cette candidature, initiée en 1995, n’avait pas abouti, Lille étant éjectée des cinq derniers finalistes en 1997. C’est Athènes qui avait finalement emporté la mise. Reste que la mobilisation et l’ambition n’avaient pas été inutiles. En se mettant en avant et en surfant sur l’énergie de cette candidature, Lille embrayait dans un autre projet: celui de capitale européenne de la Culture en 2004. Un label obtenu et une année de fête qui positionnera durablement la métropole nordiste sur la carte culturelle et touristique française et européenne. Contribuant certainement indirectement à en faire une terre d’accueil –partielle– des JO de Paris en 2024.

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