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arts, pays-bas français, société

Lille2004, Lille3000

18 mars 2019 11 min. temps de lecture

Lorsque l’année de Lille, capitale culturelle de l’Europe, toucha à sa fin en novembre 2004 avec le succès que l’on sait, des réflexions étaient déjà en cours sur la manière de prolonger cette formidable dynamique. Il fut décidé de tenir tous les trois ans un festival nettement plus court. Ce fut le début de Lille 3000 qui a connu depuis quatre éditions successives. Jean-Marie Duhamel examine les résultats de ces événements.

Lille, 6 décembre 2003. Dans un froid hivernal mais sec et plutôt lumineux, la ville semble s’être transformée. En quelques heures, les rues du centre, libérées des voitures, sont envahies d’une foule de plus en plus dense. Peu avant la tombée de la nuit, la perspective de la rue Faidherbe menant à la gare Lille Flandres, avec les monumentales arches de Jean-Claude Mézières (créateur de Valerian) installées les jours précédents, est saisissante. Premières images de la fête de lancement de Lille2004, capitale européenne de la culture, un événement… capital, attendu, préparé depuis plus de deux ans, qui, bien au-delà de la seule soirée d’ouverture, va marquer durablement la ville et l’image de la ville.

Tout n’a certes pas commencé avec le bal blanc du 6 décembre, une idée d’Alain Fleischer, le patron du Fresnoy, Studio national des arts contemporains de Tourcoing, pour retrouver l’ambiance onirique des soirées imaginées par Man Ray dans les années vingt. Mais ces onze mois de programmations exceptionnelles sur Lille, une partie de la métropole et de la région Nord-Pas-de-Calais, ont non seulement capté différemment les regards de France et de l’étranger – « Lille, the place to be » titrera un grand magazine américain – mais véritablement modifié une part de la dynamique culturelle dont les prémisses, il faut le rappeler, furent tracées au milieu des années soixante-dix. Plus exactement, ils ont apporté une nouvelle dimension jusqu’alors encore peu usitée : celle de l’événementiel culturel et festif et de son irruption dans l’espace urbain dont le premier essai, un coup de maître, fut cette fête du 6 décembre avec toute une série de dispositifs encore jamais vus – chars et créatures de théâtre de rue, projections lumineuses sur les bâtiments, feu d’artifice du Groupe F, DJ’s jusqu’au bout de la nuit – qui fit descendre en ville, dit-on, entre 600 000 et 700 000 personnes (un record dans le genre, et dans la ville de la Braderie les déplacements de foules, on connaît !)

À l’issue des onze mois de programmation séquencés en quatre saisons et terminés par une fête de clôture du plus bel effet un soir de novembre, les bilans sont plus que globalement positifs : 17 000 artistes invités, 2500 manifestations tour à tour novatrices, exigeantes ou festives, parfois certes inégales, qui ont su emporter l’adhésion et l’enthousiasme de quelque neuf millions de visiteurs parmi lesquels 3500 journalistes venus d’Europe bien sûr mais aussi des États-Unis, du Japon, de Russie, de Chine.

Pour préparer cette année particulière, la ville s’était refait une beauté – places et façades rénovées, musées, églises, rues et voiries méticuleusement ravalés, nettoyés, restaurés, réaménagés – dans une vaste opération tenant autant du marketing touristique que de la mise en valeur du patrimoine historique. Un choix délibéré et assumé par la ville de Lille : plutôt que de construire du neuf – comme le fit par exemple Bruges avec le splendide Concertgebouw – on préféra rénover le patrimonial et réhabiliter des friches industrielles pour de nouveaux lieux appelés maisons Folie (deux sur Lille même, une dizaine d’autres sur la métropole, mais aussi Arras, Tournai, Mons).

Bombay, l’Europe XXL, Fantastic, Renaissance

La programmation n’était pas tout à fait terminée que se posa la question de la suite. Dans leur sagesse, les responsables de Lille2004 – Martine Aubry, maire de la ville depuis 2001, Didier Fusillier, directeur-général de la programmation et leurs équipes -, proposèrent, pour que l’effet ne retombe pas comme un soufflé aussi beau fût-il, que le mouvement soit poursuivi, prolongé, renouvelé par une forme de festival plus resserré, trois mois tous les deux ans, sur les mêmes séquencements et des financements en conséquence (10% de l’enveloppe de 2004 qui était de 90 millions d’euros, soit 9 millions pour les premières éditions devenus 7 millions pour l’édition 2015). Comme l’imaginaire et l’inventivité sont sans limites, il fut décidé de l’appeler Lille3000, ce qui ne manqua pas de faire causer : « Lille, bien sûr, mais pourquoi 3000 ? ».

J.-M. Duhamel

Journaliste La Voix du Nord

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