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pays-bas français

L’histoire régionale est avant tout européenne

Par Dirk Verbeke, traduit par Michel Perquy
11 septembre 2020 5 min. temps de lecture

Le 15 septembre 2020, la ‘Maison de la Bataille 1677’ dans le village de Noordpeene (Nord de la France) ouvre une exposition bilingue (FR/NL) prestigieuse intitulée « Le XVIIe siècle : un siècle de batailles. Une histoire de famille. »

Le Centre de visiteurs ‘Maison de la Bataille 1677’ (affichée en plus en flamand de France comme « ‘t Huus van ‘n PeeneSlag » est dédié à la bataille de la Peene du 10 avril 1677, appelée aussi la (troisième) bataille de Cassel. Le ruisseau Peene est un petit affluent de l’Yser qui traverse les communes de Zuytpeene et Noordpeene. C’est là que les troupes de Louis XIV ont livré bataille près de Noordpeene et du mont du Tom contre celles de la République des Provinces-Unies emmenées par Guillaume III d’Orange. L’enjeu de cette bataille avec 66 000 soldats était de conquérir la zone tampon (les Pays-Bas espagnols) entre le Nord néerlandais et la France. Pour les deux camps, on a dénombré au total 4200 morts et quelque 7 000 blessés. La Défaite de Guillaume III est surtout due au fait qu’il manquait la connaissance du terrain, une lacune bien connue.

Finalement, toute la campagne – avec aussi une bataille près de Cambrai et une près de Saint-Omer – s’est soldée par le Traité de Nimègue. Par ce traité, une partie de la Flandre (appelée aujourd’hui la Flandre française) ainsi que le Hainaut ont été annexés par la France. Tout en ayant promis aux villes qu’elles pourraient garder leurs privilèges, Louis XIV les a cependant limités par une administration extrêmement rigide de sa nouvelle province française, la Flandre. Il y a fait construire par Vauban un grand nombre de fortifications (la ‘frontière de fer’), notamment aussi à Ypres. Plus tard, le Traité d’Utrecht l’a cependant contraint à rendre une partie du territoire conquis, avec des villes comme Menin et Tournai.

La bataille est commémorée par une stèle érigée en 1865 aux confins de Noordpeene et Zuytpeene. Et évidemment aussi par le Centre de visiteurs, inauguré en 2007 à l’occasion de la présentation de la maquette de la bataille.

Histoire européenne

L’exposition sur le XVIIe siècle, préparée pendant deux ans de manière approfondie et qui restera aussi ouverte pendant plus de deux ans, situe la bataille de la Peene dans un contexte historique européen à une époque très conflictuelle. De grands panneaux illustrés reconstruisent et expliquent toute l’histoire aussi bien en français qu’en néerlandais. Ils s’arrêtent à la guerre de Trente Ans (1618-1648), à la guerre franco-espagnole (1635-1659), aux guerres de Hollande (1672-1678) et à des figures clés du XVIIe siècle comme Michiel de Ruyter, etc.

En outre, le musée a subi une transformation en profondeur et professionnelle, élaborée par un bureau d’architectes. Le décor s’inspire de la célèbre galerie des Glaces du château de Versailles, avec au plafond cinq reproductions hautes en couleurs de Charles Lebrun : des allégories de l’Antiquité proposant des messages ironiques concernant les guerres de Hollande. De plus, les visiteurs sont accueillis et guidés sur grand écran par Louis XIV en personne, interprété, il est vrai, par un acteur d’aujourd’hui.

Une histoire de famille

La nouvelle exposition est également annoncée comme une ‘histoire de famille’. On songe alors en premier lieu qu’il pourrait s’agir de l’histoire commune de la Flandre française et de la partie flamande de la Belgique. C’est logique. Mais un panneau généalogique – considéré comme la pièce maîtresse de cette exposition – explique que les puissants de la Terre, les ennemis du XVIIe siècle, étaient aussi des cousins ou des beaux-frères…

Bilinguisme transfrontalier

La Maison de la Bataille 1677 a déjà organisé plusieurs expositions temporaires sur des thématiques transfrontalières, entre autres sur les Gueux et la Furie iconoclaste, sur les Comtes de Flandre et sur le Patrimoine meulier flamand.

La réalisation de cette exposition coûteuse sur le XVIIe siècle a été possible grâce au financement par le Département du Nord, la région Hauts-de-France, la CCFI (Communauté de Communes de Flandre intérieure), la municipalité de Noordpeene et le KFV (Komitee voor Frans-Vlaanderen). Selon Jocelyne Willencourt, la présidente de la MDLB, tout ce soutien bienveillant s’explique surtout par le caractère bilingue et transfrontalier du Centre de visiteurs. En 2019, 48 % des visiteurs étaient des néerlandophones. Philippe Ducourant, le guide-animateur permanent et unique (modestement) salarié, est bilingue. Le reste de l’équipe se compose de bénévoles non rémunérés mais tout à fait compétents, dont certains viennent aussi de l’autre côté de la ‘schreve’ (frontière).

Pour l’exposition permanente qui doit en grande partie céder la place aujourd’hui, il existait depuis longtemps des audioguides en français, en néerlandais et même… en westflamand pour les amateurs. Il est aussi possible de visionner un film didactique bilingue sur la bataille. La MDLB est un de ces musées historico-contemporains, très soucieux du public et tout à fait ‘faisables’. En plus, elle se trouve dans un excellent environnement naturel, avec un superbe panorama sur le mont Cassel (où se trouve le fameux Musée de Flandre consacré à l’art en Flandre ). Et ce n’est pas par hasard que le circuit de carrefours d’itinéraires cyclables de Flandre occidentale vers la Flandre française passe devant ce Centre de visiteurs à Noordpeene. Bref, un endroit idéal pour combiner les sports et loisirs, l’histoire et la culture.

Mesures dans le cadre du coronavirus
Pour visiter l’exposition, il est nécessaire et absolument recommandé de s’inscrire à l’avance par téléphone ou courrier électronique afin d’éviter tout déplacement inutile.
Adresse : 200 rue de la Mairie, F-59670 Noordpeene. Téléphone : 0033 328406736. Courriel : musee@noordpeene.fr
L’accès est limité à 10 personnes par salle et le tout se déroule dans le respect des mesures anti-corona prévues (gel désinfectant, masque buccal, respect des distances), du mardi au samedi, de 10 à 12.30 heures et de 14 à 18 heures.
www.musee-noordpeene.eu
Billet d’entrée et visite guidée : 5 € (3 € entre 7 et 15 ans, gratuit pour les moins de 7 ans).
Publication (en versions néerlandaise et française) : 1677. La Bataille de la Peene. La Flandre déchirée. Contexte, récits, conséquences. La Maison de la Bataille 1677, Noordpeene, 2017, 274 p. (20 €).
Dirk Verbeke

Dirk Verbeke

a étudié la philologie germanique et a été professeur dans l'enseignement secondaire à Roulers. Il est secrétaire du Comité pour la Flandre française (Komitee voor Frans-Vlaanderen (KFV)).

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