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Redynamiser les Études néerlandaises: les stratégies des universités nord-américaines face à la baisse des inscriptions

Par Tanja Collet, Karlijn Waterman, traduit par Alice Mevis
21 mai 2025 16 min. temps de lecture

Aux États-Unis comme au Canada, les programmes universitaires en Études néerlandaises traversent une passe difficile. Face à la diminution du nombre d’étudiants et à une société en mutation, les universités sont contraintes de repenser leurs approches. Quelles stratégies adopter pour en assurer l’avenir? De Berkeley à Toronto, des spécialistes ont présenté quelques pistes durant la conférence de l’Association canadienne pour la promotion des Études néerlandaises (CAANS) à l’Université McGill à Montréal.

Avant de se pencher sur la teneur de la table ronde tenue à l’université McGill en 2024, il convient de présenter brièvement les programmes d’Études néerlandaises représentés par les conférenciers dans cet article. Ces programmes varient en effet considérablement, allant de majeures pleinement développées à des mineures bien définies, en passant par des offres plus limitées exclusivement centrées sur l’apprentissage de la langue néerlandaise.

Le programme d’Études néerlandaises de l’université de Californie à Berkeley se distingue, et de loin, comme le plus complet. Il propose une formation de premier et de deuxième cycles, permettant aux étudiants d’opter pour une majeure ou une mineure en Études néerlandaises. Les étudiants du master ont en outre la possibilité d’approfondir leur parcours grâce à un programme de spécialisation (Designated Emphasis) en Études néerlandaises. L’offre de cours couvre à la fois l’apprentissage du néerlandais –depuis le niveau débutant jusqu’au niveau avancé– et l’étude de la culture, de la littérature, de la linguistique et de l’histoire du monde néerlandophone, passé et présent, des Pays-Bas aux Antilles néerlandaises, en passant par le Suriname et les anciennes Indes néerlandaises (actuelle Indonésie).

Dans le Midwest américain, l’université du Michigan, située à Ann Arbor, propose quant à elle une toute nouvelle mineure à l’approche résolument décoloniale. Ce programme novateur s’éloigne du curriculum traditionnellement très eurocentré des Études néerlandaises pour offrir une perspective plus inclusive sur le paysage linguistique néerlandais postcolonial. Il intègre notamment une formation linguistique innovante en néerlandais surinamien, développée par Dr. Denice Gravenstijn, ainsi que des cours de culture dispensés en anglais, qui explorent l’impact de la colonisation néerlandaise sur les langues et cultures des populations colonisées.

Ailleurs aux États-Unis, les programmes d’Études néerlandaises restants se concentrent principalement sur l’enseignement de la langue. L’université Columbia, située à New York, propose une formation linguistique de six semestres dans le cadre de son programme d’études dédié à la langue néerlandaise et au monde néerlandophone, tandis que l’université Stanford offre des cours de néerlandais pour débutants, intermédiaires et avancés via son Special Language Program (SLP), qui donne l’opportunité aux étudiants d’apprendre une langue moins couramment enseignée (Less Commonly Taught Language – LCTL).

L’université Calvin a quant à elle réduit son offre en 2021, passant d’une majeure et d’une mineure en Langue et culture néerlandaises à un programme limité à l’acquisition de compétences linguistiques de base. Cette décision a été prise malgré la situation de l’université, à Holland, au Michigan, une région marquée par une forte influence calviniste depuis l’arrivée des premiers immigrants néerlandais au milieu du XIXe siècle, et qui continue de valoriser fièrement son héritage protestant néerlandais.

La plupart des programmes d’Études néerlandaises aux États-Unis se concentrent principalement sur l’enseignement de la langue

En ce qui concerne les deux universités canadiennes représentées lors de la table ronde à l’université McGill, leur offre de formation en Études néerlandaises demeure assez limitée. L’université de Waterloo, dans le sud-ouest de l’Ontario, propose un programme de langue néerlandaise composé de quatre cours, dont deux doivent cependant être suivis dans une autre institution, puisque seuls Dutch 101 –Elementary Dutch 1–  et Dutch 102 –Elementary Dutch 2– sont dispensés annuellement à Waterloo. Les étudiants peuvent suivre les cours intermédiaires manquants à l’université de Toronto, également en Ontario. Celle-ci propose, par l’intermédiaire de son école d’éducation permanente (School of Continuing Studies), une série de quatre cours de néerlandais en ligne, permettant aux étudiants d’atteindre le niveau A2 du Cadre européen commun de référence pour les langues (CECR). Les étudiants qui terminent les quatre cours consécutifs peuvent obtenir un certificat en néerlandais conversationnel.

Le corps professoral de l’ensemble des programmes d’Études néerlandaises en Amérique du Nord demeure relativement restreint par rapport à celui d’autres programmes de langues, comme les Études hispaniques aux États-Unis ou les Études françaises au Canada. Il reste toutefois comparable à celui d’autres langues dites «mineures» enseignées dans les établissements d’enseignement supérieur nord-américains, comme les Études allemandes ou italiennes au Canada ou les Études scandinaves aux États-Unis.

Le programme d’Études néerlandaises de l’Université de Californie à Berkeley dispose sans surprise du corps professoral le plus étoffé, avec deux professeurs titulaires (bien que tous deux affiliés conjointement au département d’Études germaniques), et un chargé de cours. La mineure en Langue et culture néerlandaises de l’université du Michigan compte deux chargés de cours, tandis que l’université Stanford partage un chargé de cours avec Berkeley. L’université Columbia emploie un chargé de cours et un chargé de cours auxiliaire pour l’enseignement du néerlandais. Columbia accueille en outre chaque année, grâce au soutien de la Queen Wilhelmina Foundation, un professeur invité (en provenance de l’université d’Utrecht ou de la KU Leuven, en alternance), qui enseigne durant un semestre un cours portant sur un aspect de l’histoire, de la culture ou de la langue au sein du monde néerlandophone. Enfin, l’université Calvin conserve un enseignant-chercheur titulaire, également partagé avec le département d’Études germaniques. Au Canada, l’université de Waterloo emploie un chargé de cours à temps partiel (ou contractuel), tout comme la School of Continuing Studies de l’université de Toronto.

Des inscriptions en déclin

La table ronde organisée sur le campus de l’université McGill à Montréal était modérée par les autrices du présent article: Karlijn Waterman, conseillère principale en matière de politique linguistique pour le néerlandais langue étrangère à la Nederlandse Taalunie (Union de la langue néerlandaise), et Tanja Collet, présidente de la CAANS et professeure agrégée de linguistique à l’université de Windsor (Canada). Quant aux participants, ils se composaient de représentants des programmes d’Études néerlandaises d’universités américaines et canadiennes: Wijnie de Groot (université Columbia, États-Unis), Margreet de Rooij (université de Waterloo, Canada), Herman de Vries (université Calvin, États-Unis), Annemarie Toebosch (université du Michigan, États-Unis), Esmee van der Hoeven (université de Californie, Berkeley, et université Stanford, États-Unis) et Marianne Verheyen (université de Toronto, Canada). Le point de vue étudiant était représenté par Anna Lynn Dolman, diplômée de l’université de Californie à Berkeley.

Karlijn Waterman a soumis aux panélistes une série de questions clés:

  • Quels sont, selon vous, les défis majeurs auxquels se retrouvent confrontés les programmes en Études néerlandaises en Amérique du Nord?
  • Quelles opportunités et/ou solutions envisagez-vous pour surmonter ces défis?
  • Question complémentaire: que faut-il mettre en place afin de mener ces solutions à bien? Comment appréhendez-vous votre rôle, et celui d’institutions telles que l’AANS (l’association américaine pour les Études néerlandaises), la CAANS ou la Nederlandse Taalunie dans ce processus?
  • Quels actions concrètes devons-nous entreprendre?

Sans surprise, les panélistes ont unanimement identifié le déclin des inscriptions en Études néerlandaises en tant que principal défi. Si l’on souhaite quantifier le nombre d’étudiants inscrits en Études néerlandaises, il convient de distinguer trois types d’inscriptions: la majeure (un diplôme à part entière), la mineure (un ensemble restreint de cours complémentaires à une autre discipline principale) et les cours de langue optionnels, qui ne s’intègrent ni dans une majeure ni dans une mineure, mais qui permettent aux étudiants de satisfaire une exigence soit linguistique, soit de diversification des études.

En effet, les universités nord-américaines ne tiennent généralement compte que du nombre d’étudiants inscrits aux majeures (et non aux mineures ou aux cours de langues). Or, en Amérique du Nord, seule l’université de Californie à Berkeley propose encore une majeure en Études néerlandaises, dont le nombre d’inscriptions se compte sur les doigts d’une main: environ cinq étudiants. On pourrait en déduire que le programme ne serait plus financièrement viable, les frais de scolarité de ces quelques étudiants étant insuffisants pour couvrir les coûts liés à son maintien, notamment les salaires de deux professeurs titulaires à temps plein et d’un chargé de cours. L’autre majeure, à l’université Calvin, a quant à elle été supprimée après une chute de 100% des inscriptions, atteignant ainsi zéro étudiant.

Le déclin des inscriptions est le principal défi auquel font face les Études néerlandaises en Amérique du Nord

Les universités nord-américaines ne considèrent pas les mineures comme des programmes à part entière. Contrairement aux majeures, il n’est pas possible de postuler pour une mineure directement après les études secondaires. Une mineure est simplement un ensemble de cours que les étudiants peuvent ajouter à leur discipline principale, souvent pour répondre aux exigences de diversification des études (une majeure est généralement composée à 50% de cours spécialisés dans un domaine d’étude et à 50% de cours de diversification, connus comme breadth requirements).

Les étudiants peuvent cumuler deux à trois mineures en complément de leur majeure, mais ils ne les déclarent souvent que quelques semaines avant l’obtention de leur diplôme, ce qui est particulièrement fréquent au Canada. C’est la raison pour laquelle les universités ne tiennent en général pas de statistiques officielles sur les mineures. Les départements, en revanche, surveillent plus étroitement les inscriptions aux cours qui composent une mineure afin d’évaluer l’intérêt des étudiants. C’est dans ce cadre qu’Annemarie Toebosch (université du Michigan) parle d’une «augmentation des inscriptions». Les mineures présentent en effet souvent des taux d’inscription satisfaisants, contrairement aux majeures correspondantes, ce qui indique que les étudiants peuvent continuer à s’intéresser à un domaine, mais ne le perçoivent plus comme un programme rentable et autonome, c’est-à-dire à un diplôme offrant des débouchés professionnels clairs correspondant à un besoin clair sur le marché du travail nord-américain.

Une seule une université en Amérique du Nord propose aujourd’hui un diplôme universitaire en Études néerlandaises; cependant, les cours individuels de langue et de culture néerlandaises continuent d’attirer un nombre significatif d’étudiants

Les cours de formation linguistique, enfin, se situent un niveau en dessous des mineures, dans la mesure où ils ne font partie d’aucun programme structuré. Il s’agit de cours que tout étudiant peut suivre, que ce soit pour satisfaire une exigence linguistique ou de diversification. Par conséquent, les étudiants qui y sont inscrits ne peuvent pas être officiellement considérés comme appartenant à un programme d’Études néerlandaises. Ces cours sont généralement maintenus si le nombre minimum d’étudiants est atteint, un seuil qui varie selon les établissements: il est de 10 à l’université du Michigan, mais de 20 à l’université de Windsor, par exemple.

En résumé, seule une université en Amérique du Nord propose aujourd’hui un diplôme universitaire en Études néerlandaises –l’université de Californie à Berkeley– et le nombre d’inscriptions y est malheureusement très bas: seulement cinq étudiants, dont certains en double spécialisation (Combined Honours), ce qui signifie qu’ils ne comptent que pour un demi-étudiant dans les statistiques du programme. Malgré cette situation préoccupante, les cours individuels de langue et de culture néerlandaises continuent pourtant d’attirer un nombre significatif d’étudiants (pour constituer une mineure ou, plus probablement, suivre un ou deux cours d’initiation).

Ces inscriptions répondent à divers motifs: que ce soit par intérêt personnel (souvent lié à une connexion avec le monde néerlandophone via l’émigration, le mariage, le travail, les voyages ou des études supérieures futures), exigence académique (notamment pour les étudiants en histoire de l’art, linguistique ou autres disciplines nécessitant une connaissance de certains aspects de la langue et de la culture néerlandaises), ou encore pour une question de commodité (les cours de néerlandais s’adaptant bien à leur emploi du temps). Les taux d’inscription relativement élevés aux cours de langue optionnels en témoignent, en particulier à Berkeley et à Toronto.

Nouveaux défis, nouvelles initiatives

La baisse des inscriptions ne touche pas uniquement les Études néerlandaises; elle affecte l’ensemble des programmes de langues étrangères en Amérique du Nord. Cette tendance peut être imputée à la préférence actuelle de la société pour les programmes d’études universitaires liés aux STEM (Science, Technology, Engineering, Mathematics), souvent perçus comme plus prestigieux et comme une porte d’entrée vers des professions mieux rémunérées. D’autres facteurs contribuent également à cette situation, notamment le statut du néerlandais en tant que langue «mineure» (en termes de nombre total de locuteurs dans le monde), les niveaux élevés d’assimilation linguistique, le faible renouvellement des communautés d’immigrants/expatriés néerlandais et flamands en Amérique du Nord, ainsi que la remise en cause des curricula eurocentrés dans les universités nord-américaines.

Au Canada, le nombre d’inscriptions aux cours d’espagnol et d’arabe, langues parlées par des communautés immigrantes croissantes en provenance d’Amérique latine et du Moyen-Orient, connaissent une forte hausse, tandis que l’intérêt des étudiants pour les langues de communautés historiques issues de vagues migratoires plus anciennes, comme l’italien et l’allemand, diminue rapidement. Par ailleurs, l’usage de l’anglais comme langue d’enseignement dans les universités néerlandaises peut lui aussi constituer un élément dissuasif, décourageant ainsi les étudiants qui envisagent des études de deuxième cycle aux Pays-Bas de suivre des cours de néerlandais avant leur départ.

Afin d’attirer davantage d’étudiants, certaines institutions proposent une approche inversée où l’apprentissage de la culture précède celui de la langue

Enfin, on craint que les réformes actuellement débattues au sein des universités américaines n’aggravent encore la tendance à la baisse des inscriptions. En effet, l’éventuelle suppression de l’obligation d’apprendre une langue étrangère ou la réduction du nombre de cours hors spécialité que les étudiants doivent suivre risquent d’avoir un impact négatif sur le nombre d’inscriptions, tout comme les seuils d’inscription désormais imposés par les administrations universitaires américaines et canadiennes, autorisant l’annulation des cours qui n’atteignent pas le minimum requis de, par exemple, 20 étudiants inscrits avant le début du semestre. Les cours de langue optionnels assurés par des enseignants sous contrat à durée déterminée (tels que les chargés de cours et les instructeurs) sont particulièrement vulnérables à cette politique.

Face à ces défis, les programmes d’Études néerlandaises représentés par les différents intervenants de la table ronde ont mis en place diverses stratégies. À l’université Columbia, les cours de néerlandais sont désormais proposés dans le cadre du Shared Course Initiative, une initiative de cours mutualisés en partenariat avec les universités de Yale et Cornell. Cette démarche unique et innovante permet de connecter par vidéoconférence haute définition les salles de classe de ces trois établissements, facilitant ainsi l’enseignement d’un large éventail de langues moins couramment enseignées (LCTL), allant de langues européennes comme le néerlandais, le finnois et le hongrois, à des langues africaines et asiatiques telles que le wolof, l’indonésien et le khmer. Une telle collaboration permet à ces trois prestigieuses universités de mettre en commun leurs ressources, leurs enseignants et leurs étudiants, garantissant ainsi un nombre suffisant d’inscriptions.

Deux autres institutions ont quant à elles choisi de revoir la structure de leurs programmes d’Études néerlandaises dans le but d’attirer davantage d’étudiants. L’université du Michigan, une autre université de renom, en est un bon exemple. Annemarie Toebosch, panéliste et responsable de la réforme du programme, explique: «Là où les programmes de langues traditionnels suivent une progression classique allant de la langue vers la culture (les étudiants commencent par des cours élémentaires de langue puis approfondissent leurs connaissances sur des sujets plus spécialisés dans le cadre d’une majeure ou d’une mineure), la mineure en Langue et culture néerlandaises introduit une autre dynamique: des cours de culture néerlandaise dispensés en anglais dès les premières années, abordant des questions de décolonialité, permettent d’éveiller l’intérêt des étudiants pour le néerlandais sous toutes ses formes. Cette approche inversée, où l’apprentissage de la culture précède celui de la langue, attire un public plus diversifié et soutient les études de langues à une époque où ces programmes sont en crise à l’échelle nationale».

Herman de Vries, de l’université Calvin, applique une stratégie similaire d’inversion du parcours classique, abandonnant l’accent strict mis sur l’apprentissage de la langue pour se concentrer davantage sur la culture néerlandaise au sens large. Il a contribué à la conception d’un nouveau cours d’été, en collaboration avec les départements de biologie et d’ingénierie, visant à initier les étudiants des filières STEM, mais aussi ceux des arts, lettres et sciences sociales, aux innovations néerlandaises en matière de développement durable –notamment dans les domaines de la poldérisation, de la gestion de l’eau, de la production d’énergie, de l’agriculture et de la préservation de l’environnement. Enrichi par des excursions sur le terrain aux Pays-Bas et doté d’un titre accrocheur –Dutch Sustainability: Is Orange the New Green?– ce cours espère raviver l’intérêt pour les Études néerlandaises.

Bien que les associations pour les Études néerlandaises en Amérique du Nord, telles que l’AANS et la CAANS, offrent à leurs membres des occasions de diffuser de l’information et de discuter des problèmes communs, les panélistes s’accordent à dire que ces organisations académiques à but non lucratif ne sont pas en mesure de résoudre directement les problèmes structurels et les défis liés aux inscriptions dans les institutions nord-américaines. Leur rôle principal consiste à sensibiliser le public à ces enjeux et à fournir une plateforme de discussion autour des nouvelles stratégies et approches pédagogiques, mais leur intervention peut difficilement dépasser le cadre de cette mission première.

Apprentissage par la pratique et cours de langues en Europe

Les intervenants ont également souligné la nécessité de mettre en place des mesures concrètes pouvant inciter les jeunes à se tourner vers les Études néerlandaises, et ont exprimé l’espoir que la Taalunie, de même que les universités néerlandaises et belges, puissent jouer un rôle à cet égard. Deux types d’incitations en particulier ont été identifiés: l’un axé sur l’apprentissage par la pratique, l’autre sur l’amélioration des compétences linguistiques grâce à des programmes d’échange à l’étranger.

Les panélistes estiment que la mise en place de stages coopératifs d’immersion au sein d’entreprises néerlandaises ou flamandes, que ce soit en Amérique du Nord ou en Europe, pourrait largement contribuer à déconstruire l’idée répandue selon laquelle les études en langues n’offrent pas de débouchés professionnels enrichissants et bien rémunérés. Les universités nord-américaines valorisent l’apprentissage par l’expérience, et la plupart disposent d’un bureau chargé des programmes coopératifs et partenariats avec le monde du travail. Si ces stages étaient autrefois réservés aux étudiants des disciplines STEM et des écoles de commerce, un nombre croissant de programmes de premier cycle en arts, lettres et en sciences humaines collaborent désormais avec des entreprises et des organisations communautaires dans le but d’offrir des expériences similaires à leurs étudiants.

Les panélistes ont également mis en avant le besoin de créer un programme d’échange linguistique d’été de niveau universitaire, permettant aux étudiants d’obtenir des crédits transférables dans leur établissement d’origine, aux États-Unis ou au Canada. S’ils considèrent le Taalunie Zomercursus Nederlands (un cours d’été intensif de deux semaines en néerlandais organisé par la Taalunie) comme un bon point de départ, ils estiment toutefois qu’il reste peu accessible aux étudiants nord-américains, dont la majorité ne dispose pas du niveau de langue requis pour y participer. Il apparait donc essentiel de développer une formation intensive spécifiquement destinée aux étudiants de niveau débutant ou intermédiaire.

Les intervenants ont en outre souligné que le Zomercursus s’adresse principalement aux étudiants qui se spécialisent en Études néerlandaises dans leur université d’origine. Or, en Amérique du Nord, la majorité des apprenants de néerlandais suivent cette langue dans le cadre d’une exigence linguistique liée à un autre domaine d’études. À cet égard, les intervenants ont évoqué les cours d’été intensifs de français langue étrangère proposés par des universités françaises et canadiennes comme modèle potentiel. Ces programmes combinent pédagogie active et activités culturelles, avec pour objectif le développement des compétences orales et écrites en français à tous les niveaux (de débutant à avancé), sur une période pouvant aller jusqu’à trois mois.

Enfin, la représentante des étudiants a insisté sur l’importance de créer et entretenir un sentiment d’appartenance chez les étudiants, notamment par le biais d’activités culturelles et sociales. Des initiatives comme une pannekoekenavond (soirée crêpes) ou des tables de conversation hebdomadaires permettent non seulement de tisser des liens entre les étudiants, mais aussi de renforcer la cohésion du groupe. En cultivant un esprit communautaire, ces événements jouent un rôle clé dans la fidélisation des étudiants au programme.

Malgré les nombreux défis évoqués, les Études néerlandaises continuent de faire partie intégrante du paysage académique nord-américain et de contribuer, aujourd’hui encore, à la richesse linguistique, littéraire et culturelle du Canada et des États-Unis.

Tanja Collet

professeure agrégée de linguistique et directrice du Département des langues, littératures et cultures à l’université de Windsor (Canada). Présidente de l’Association canadienne pour la promotion des Études néerlandaises (Canadian Association for the Advancement of Netherlandic Studies – CAANS) et rédactrice en chef de la Revue canadienne des Études néerlandaises

Karlijn Waterman

conseillère politique principale Néerlandais langue étrangère/Traduction à la Nederlandse Taalunie (Union de la langue néerlandaise)

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