Miroir de la culture en Flandre et aux Pays-Bas

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Rien ne vaut un voisin tout proche: «Septentrion» dresse un état des lieux des relations transfrontalières
éditorial Nord de la France et Flandre en dialogue
Société

Rien ne vaut un voisin tout proche: «Septentrion» dresse un état des lieux des relations transfrontalières

Un voisinage cordial, c’est bien, mais une véritable coopération transfrontalière, c’est encore mieux. C’est ce que rappelle Hendrik Tratsaert, rédacteur en chef, dans son éditorial pour le numéro 7 (2023) de Septentrion présentant le dossier «Convergences: Le nord de la France et la Flandre en dialogue».

Ons Erfdeel vzw, l’institution culturelle qui édite notamment Septentrion, cultive depuis toujours un grand intérêt pour le nord de la France, plus spécialement pour les départements du Nord et du Pas-de-Calais. Ce n’est pas pour rien qu’elle s’est installée à même la frontière franco-belge, dans le petit village de Flandre-Occidentale de Rekkem. Son intérêt pour la région s’est matérialisé jusqu’en 2018 par la publication des imposantes annales bilingues De Franse Nederlanden – Les Pays-Bas Français, relayées désormais par une rubrique populaire paraissant sur notre site web les plats pays et son pendant néerlandophone de lage landen.

Qui donc, de nos jours, sait encore que l’appellation «Pays-Bas Français» désigne cette partie des Pays-Bas méridionaux conquise par Louis XIV et dont le traité d’Utrecht a sanctionné l’annexion en 1713? Par la suite, les transformations administratives pour l’habitant de la région n’ont cessé de se succéder. Après 1789 s’est créée la République, synonyme d’unification pour le peuple français, et en 1830 est né un nouvel État-nation sous le nom de Belgique.

Quelque temps après la Deuxième Guerre mondiale, les différents points de passage de la frontière ont été équipés de grands complexes douaniers, mais l’entrée en vigueur du traité de Maastricht, en 1993, allait rendre ces barrières caduques. Désormais, le réflexe de «faire un saut» de l’autre côté de la frontière ne rencontrait plus aucun obstacle matériel. L’idée européenne prenait corps et devenait un fait accompli avec l’introduction de l’euro le 1er janvier 2002.

L’incidence sur la vie quotidienne aux frontières était tangible. Mais pouvait-on dire pour autant que quelque chose ait fondamentalement changé dans la manière dont l’habitant se sent «frontalier»? Le vrai frontalier est de nature hybride. Il ne voit pas les frontières que comme un handicap, mais aussi comme un avantage ou comme un défi à relever.

Chez Septentrion, nous avons estimé que les temps étaient mûrs pour dresser dans un vaste dossier thématique un état des lieux de la coopération et des échanges concrets entre les départements français du Nord et, grosso modo, la partie occidentale de la Flandre belge. Une sorte de cartographie de ce qui existe et pourrait exister. Notre but était de cerner le plus clairement possible les défis, les besoins, les atouts.

Nous avons assez rapidement identifié trois domaines. Le premier se ramène à une question de gouvernance. Quels sont aujourd’hui les enjeux sur le plan de l’administration de part et d’autre de la frontière? Comment la cohabitation peut-elle être simplifiée? Le dossier s’ouvre sur un texte éclairant de Nicolas Montard, qui s’est entretenu avec plusieurs acteurs clés de la coopération transfrontalière. Il s’en dégage quelques suggestions qui devraient générer une nette amélioration dans la vie quotidienne de l’habitant de la région frontière, où la mobilité par voie de transports en commun est la question la plus sensible.

Qui dit langue dit communication. C’était donc le second domaine que nous nous devions d’examiner. Un aspect qui nous a semblé primordial est l’enseignement de la langue néerlandaise avec, en marge, le Vlaemsch, facteur identitaire mais également perturbateur parce qu’il tend à faire oublier la nécessité d’apprendre et de pratiquer activement la première langue de l’autre, entendez le néerlandais.

L’avantage de l’espace culturel est que, généralement, il s’aménage de manière organique. D’où l’utilité de jeter un coup de projecteur sur quelques bonnes pratiques; concrètement, il s’agit tantôt de projets communs de deux villes qui portent le même nom dans les pays limitrophes, tantôt d’une Maison du poète. Dans la foulée, des sommités littéraires transfrontalières ne se sont pas fait prier pour chanter les louanges de leur double identité. «Vous l’aurez compris, cousins belges, je vous aime», écrit Annie Degroote en conclusion de son envolée lyrique.

Vous me permettrez de terminer en paraphrasant la maxime en langue néerlandaise «mieux vaut un ami lointain qu’un mauvais voisin». Dans la ligne du présent numéro, je n’hésite pas à en faire, symboliquement, une devise libellée en ces termes: «Rien ne vaut un voisin tout proche qui peut devenir un ami fidèle». Il va sans dire que nous tendons la main.

Cet article a initialement paru dans Septentrion n° 7, 2023.
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