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arts, pays-bas français

Au FRAC, l’art contemporain par-delà la frontière

14 avril 2023 4 min. temps de lecture Passage

Les plats pays explorent les institutions culturelles des deux côtés de la frontière franco-belge. Dans le premier épisode de notre série, nous faisons arrêt à Dunkerque, au FRAC, un étonnant bâtiment où s’épanouit une collection d’art contemporain internationale.

Deux bâtiments jumeaux de 35 mètres de haut, reliés par une rue intérieure dans le prolongement d’une passerelle extérieure. Celui de gauche est de plain-pied, amplifiant l’immense volume presque vide d’un édifice qui fait 75 mètres de long sur 25 mètres de large. Des dimensions justifiées par son utilisation passée: l’AP2, atelier de préfabrication numéro 2 datant de 1949, est le dernier vestige des chantiers navals de Dunkerque, fermés en 1987.

Celui de droite, le contemporain, en revanche, se découvre peu à peu, sur cinq niveaux. Inauguré en 2013, il abrite la collection art et design du Fonds Régional d’Art Contemporain Grand Large –Hauts-de-France (FRAC). Un splendide geste architectural signé Lacaton & Vassal, d’ailleurs récompensés l’an dernier du prix Pritzker en 2021, en quelque sorte le Nobel de l’architecture! «Les architectes ont voulu conserver la mémoire de ce lieu, ce qui les a conduits à imaginer une extension, confie Keren Detton, directrice du FRAC. Ainsi, aujourd’hui, le FRAC est réputé pour sa collection, mais aussi pour son architecture»

Le FRAC Grand Large-Hauts-de-France a donc un bel écrin. Mais pas que. Il possède aujourd’hui une riche collection, partie de… rien. En effet, les FRAC, spécificités françaises, ont été créés il y a quarante ans. L’État souhaitait que les régions se constituent des collections d’art contemporain. Vingt-trois FRAC ont vu le jour sur tout le territoire. «Chaque région apportait un montant d’acquisition, l’État doublait la mise.»

2000 pièces, une part design assumée

Les fonds, d’abord sans domicile fixe, se sont ainsi constitués. Pour le FRAC Grand Large-Hauts-de-France, ce sont désormais pas loin de 2000 pièces qui constituent la collection, à raison de plusieurs dizaines d’acquisitions ou dons chaque année: tableaux, dessins, photographies, installations, dispositifs numériques, l’art contemporain est embrassé dans toute sa diversité, avec une part assumée de design, une spécificité plus marquée dans les Hauts-de-France que dans les autres régions.

«Nous avons une ligne spécifique d’acquisition autour du design, avec une dimension critique et inscrite dans les thématiques sociétales actuelles, explicite Keren Detton. Notre approche est ciblée et ne permet pas d’englober toute l’histoire du design, il s’agit plutôt d’un design engagé avec, par exemple, des œuvres de Gaetano Pesce, Marlène Huissoud, Konstantin Grcic… ». La collection est répartie sur les cinq niveaux du bâtiment, avec le clou du spectacle au cinquième: le belvédère dévoile une splendide vue sur Malo-les-Bains, la mer… et la Belgique en fond.

Transfrontalier par nature

La Belgique, parlons-en. En quoi le FRAC s’inscrit-il dans une démarche transfrontalière, lui qui est situé à une quinzaine de kilomètres de la ligne de démarcation entre les deux pays? «Il y a des partenariats institutionnels, rappelle la directrice. Par exemple, l’an dernier, nous avons exposé des objets de la collection du Design Museum de Gand. Cela s’inscrit dans des relations continues autour de nos collections ou de conférences croisées qui renforcent les échanges transfrontaliers et la circulation des publics». Des partenariats, il y en a eu aussi avec la galerie Emergent, à Furnes, avec qui le FRAC a exposé en commun des œuvres de l’artiste Nicolas Deshayes. Dans ce cadre, des navettes étaient organisées au départ de Dunkerque pour emmener les Français en Belgique.

«Pour la prochaine Triennale Art & Industrie, qui ouvrira en juin 2023, nous avons travaillé avec des commissaires indépendantes, Anna Colin et Camille Richert. Les instituts culturels de Wallonie et des Flandres les ont accueillies en voyage de prospection. C’est un autre exemple de nos relations privilégiées avec la Belgique».

Le FRAC porte également avec la triennale de Bruges un réseau de coopération culturelle. «Dans ce cadre, nous avons animé des rencontres, de part et d’autre de la frontière, sur l’art dans l’espace public. Des voyages de prospections ont eu lieu à Roubaix, Dunkerque, Bruges et Anvers… Ces rapprochements nous conduisent à organiser un séminaire international l’an prochain avec la contribution des triennales de Bruges, Beaufort et, nous l’espérons, Courtrai. Ce sera l’occasion de mettre en avant nos dynamiques artistiques et leurs échos.»

L’œuvre de Laure Prouvost est encore un bel exemple de ce travail sur un territoire qui dépasse les frontières. Invitée dans le cadre de la triennale de Beaufort à La Panne en 2021, elle y a réalisé une œuvre à laquelle répond aujourd’hui une nouvelle commande artistique de la Communauté urbaine de Dunkerque et qui sera installée de manière pérenne sur la digue de Malo-les-Bains, en lien avec la Triennale Art & Industrie, co-portée par le Frac Grand Large et le musée du LAAC.

Le néerlandais en apprentissage

Le comité d’acquisition international du FRAC accueille aussi deux Belges: Evelien Bracke du Design Museum de Gand, Catherine de Zegher, historienne de l’art et curatrice indépendante de Courtrai. De quoi aussi donner une tonalité aux collections qui sont parcourues par 15% de Belges sur les 20 à 25 000 visiteurs annuels. D’où l’effort fait pour traduire les outils de médiation en néerlandais… alors que le personnel du FRAC suit actuellement une formation linguistique.

Preuve que le transfrontalier est au cœur de l’ADN d’un établissement, qui «joue un rôle pivot dans les relations transfrontalières et la circulation des publics. À partir de notre collection, nous développons des collaborations entre des artistes, des associations, des coopératives, des musées et des municipalités… en agissant à des échelles très locales mais aussi européennes et internationales.»

Site web du FRAC Grand Large
Montard

Nicolas Montard

Journaliste free-lance et cofondateur du magazine en ligne DailyNord.

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