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Jeunes oignons, oignons verts, cébette: comment le dit-on en néerlandais?

Les Néerlandais et les Flamands utilisent souvent des mots différents pour désigner une même réalité. Même à l’intérieur des Pays-Bas et de la Flandre, des variantes linguistiques cohabitent. Alors, comment le dit-on en néerlandais selon que l’on se trouve ici ou là? En ce printemps, arrêtons-nous avec la linguiste Miet Ooms sur un légume dont le nom le plus courant en néerlandais évoque la saison printanière.

Jeunes oignons, oignons verts, nouveaux, primeurs, frais, voire encore oignons de printemps, cébette ou cebette provençale: les mots ne manquent pas en français pour désigner que l’on peut acheter en bottes chez son maraîcher ou au supermarché et qui s’appelle, tant en Flandre qu’aux Pays-Bas, lente-uitjes (littéralement: «oignons de printemps»). Comme leur nom l’indique, ces jeunes oignons sont cueillis au printemps, avant qu’ils ne grossissent et acquièrent leur taille d’oignons matures.

L’on pourrait croire dès lors qu’on ne les trouve qu’à la belle saison; que nenni! Ils ne s’appellent d’ailleurs pas non plus toujours lente-uitjes.

Aux Pays-Bas, on les nomme également bosuitjes. Non pas parce qu’on les trouve dans les bois, mais parce qu’ils sont vendus en bottes. Bos signifie en effet tant «bois» que «botte» ou «bouquet»! Cette appellation se fonde donc sur l’apparence du légume, plutôt que sur le lieu ou le moment de sa récolte.

C’est également le cas de la dénomination flamande pijpajuin: un oignon doté de pijpjes, littéralement de «petits tubes» ou «tuyaux». Le feuillage de ces jeunes oignons se compose en effet de fines tiges vertes, cylindriques et creuses. Ajuin est pour sa part le mot courant en Flandre pour désigner l’oignon –ui en néerlandais standard. Le mot ajuin est par ailleurs beaucoup plus ancien.

Reste à mentionner une dénomination bien particulière, qui ne manquera pas de faire sourire même les oreilles francophones. Dans la région d’Anvers, l’oignon de printemps est appelé schalulleke. Si vous êtes un amateur de vieilles bédés flamandes en V.O., ce mot vous dira peut-être quelque chose. C’est en effet le nom initial qu’avait choisi Willy Vandersteen, l’auteur de Suske en Wiske (Bob et Bobette), pour la poupée de chiffon de Bobette. Lorsque la bédé s’est diffusée aux Pays-Bas, en raison de l’opposition des Néerlandais qui y lisaient un diminutif de lul (nom vulgaire du sexe masculin), Schalulleke a été rebaptisée Schabolleke, puis Schanulleke, tandis qu’en français, le nom Fanchon a pris la relève de Fanfreluche.

Ce texte a d’abord paru en version néerlandaise dans la revue Onze Taal, no 6, 2022.

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