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histoire, pays-bas français

À Dunkerque, le Musée maritime et portuaire largue les amarres avec Jean Bart

12 décembre 2025 4 min. temps de lecture Passage

Pour cet épisode de Passage, cap sur Dunkerque où le Musée maritime et portuaire invite à vivre la mer autrement: à quai, à flots et en compagnie du plus célèbre corsaire des Flandres.

2026 sera une année importante pour le musée maritime et portuaire de Dunkerque! D’ici le printemps, le Duchesse Anne devrait rouvrir ses ponts au public après deux ans d’une rénovation complète. L’occasion de découvrir ou redécouvrir le plus grand voilier visitable de France. Construit en 1901, ce trois mâts-carré a d’abord servi de navire-école pour la marine marchande allemande avant de devenir français en 1945 suite aux dommages de guerre. Oublié dans les ports bretons, il arrivera à Dunkerque en 1981 où il sera patiemment restauré, tout en devenant le premier bateau classé monument historique en France.

Des bateaux et un phare

Ouvert à la visite depuis 2001 dans le Bassin du commerce, le Duchesse Anne illustre bien la particularité du Musée maritime et portuaire. Outre son patrimoine à quai -les travées du musée-, il a aussi son patrimoine à flots (1). Le Duchesse Anne n’est pas seul. Il est amarré en compagnie du Sandietté, ancien bateau-feu chargé de signaler un banc de sable en approchant de Dunkerque (lui aussi est classé monument historique), du remorqueur L’Entreprenant et de la Guilde, une péniche qui œuvrait pour l’activité commerciale du port, à l’interface entre la mer et la terre. Sans oublier la Pilotine n°1, l’une des embarcations qui permettent aux pilotes du port de rejoindre les immenses cargos et porte-conteneurs pour les aider à accoster. À la différence que ce dernier bateau trône hors de l’eau.

Autre patrimoine hors les murs: le phare du Risban, à 2 kilomètres, qui -après avoir gravi 276 marches- permet d’embrasser le port en un coup d’œil avec une vue jusqu’à la Belgique et aux monts de Flandre. «Ce qui nous fait un superbe terrain de jeu», s’exclament Eugénie Brown, responsable du pôle développement et communication, et Nicolas Michel, responsable du pôle des publics. Cet aspect multisite est de plus en plus valorisé, notamment par l’évènementiel, «comme avec notre marché des producteurs et artisans au pied du phare l’été, qui attire nombre de primo-visiteurs».

Il y a bien entendu le musée lui-même. Sur 3 niveaux et 1600 mètres carrés, le parcours s’intéresse à l’histoire et l’évolution du port du début du XVIIᵉ siècle jusqu’aux années 1990 grâce à des tableaux, maquettes, photos, objets, affiches, vidéos, etc. Un véritable voyage dans le temps et les usages, du port militaire à celui de commerce, en passant par la pêche à Islande. De quoi comprendre comment le port tentaculaire d’aujourd’hui s’est bâti et à quel point les Dunkerquois sont liés à la mer. La variété des objets présentés, de la poire à poudre au modèle réduit du train-ferry Nord-Pas-de-Calais (qui embarquait camions et trains de fret) permet d’aborder l’histoire maritime et portuaire par de nombreuses entrées. Avant de plonger dans le présent. Dans les mêmes locaux se trouve le Port Center qui, s’il ne dépend pas du musée, propose un intéressant zoom sur les activités du port actuel, situé 17 kilomètres plus à l’ouest, à Loon-Plage.

Des nouveautés… aussi pour séduire les néerlandophones?

Situé dans un ancien entrepôt à tabac du XIXᵉ siècle miraculeusement épargné par les destructions de la Seconde Guerre mondiale, le musée a fêté ses trente ans en 2022. Créé à l’origine par des dockers, il accueille de 70 à 80 000 visiteurs à l’année, mais sans se reposer sur ses lauriers. L’arrivée d’une nouvelle direction s’est traduite par l’envie de porter un regard neuf sur les collections. «Nous réduisons un peu la voilure sur les expositions temporaires pour mener un vrai travail de fonds sur le parcours permanent, reprennent nos deux interlocuteurs. Nous revoyons les sections une à une, nous incorporons de nouveaux objets à nos collections, nous réétudions les discours, la présentation».

Un travail au fil de l’eau qui s’est déjà traduit par l’arrivée d’une expérience immersive «Jean Bart. La préparation de l’abordage» il y a quelques mois. Via une manette de jeux, on se retrouve à explorer la frégate du fameux corsaire dunkerquois mieux connu plus au nord sous le nom de Jan Baert, à manipuler les objets historiques, etc. «L’agence AVA-Advanced Visualisation Agency- a poussé le sens du détail à reproduire le veinage du bois, le rendu des tissus». L’expérience séduit notamment les jeunes générations, qui peuvent ensuite retrouver les objets dans les collections du musée. Une suite est déjà envisagée.

Reste que malgré son positionnement qui peut aisément intéresser au-delà du Dunkerquois, le Musée maritime et portuaire reste assez peu attirant pour les Belges: 5% de la fréquentation sur les six premiers mois de 2025, un pourcentage qui revient peu ou prou chaque année (2). Pourtant, si tout n’est pas traduit en néerlandais, le principal l’est. «Et d’ailleurs, c’est l’un de nos objectifs car c’est une demande des publics anglophones et néerlandophones dans le livre d’or: nous continuons à traduire peu à peu tous nos contenus.»

Depuis peu, un audioguide en quatre langues a ainsi été mis en place, le site internet traduit en anglais cette année, devrait l’être en néerlandais en 2026. Deux agents d’accueil et de médiation ont d’ailleurs commencé à se former en néerlandais, preuve que le sujet est pris au sérieux dans l’antre de Jean Bart: «Nous avons une importante marge de progression possible!»

Notes
1) Attention, les bateaux, comme le phare, n’ont pas la même amplitude horaire d’accès que le musée en lui-même. Si vous souhaitez tout voir le même jour, renseignez-vous au préalable sur le site internet du musée.
2) Publics francophone et néerlandophone confondus.
Montard

Nicolas Montard

Journaliste free-lance et cofondateur du magazine en ligne DailyNord.

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