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histoire

Nationalisme thiois et Grande-Néerlande: histoire d’une idée controversée

Par Bruno De Wever, traduit par Pierre Lambert
3 septembre 2025 14 min. temps de lecture

Lors d’un dîner avec l’ambassadeur de France, le président de la Chambre des représentants des Pays-Bas, Martin Bosma, aurait suggéré de partager de la Belgique entre la France et les Pays-Bas, estimant que la Flandre souhaitait rejoindre son pays. Va-t-on voir ressurgir le spectre du nationalisme thiois? Voici dix ans, l’historien flamand Bruno De Wever se penchait déjà sur l’histoire politique de cette idée dans une contribution pour l’ouvrage Het (On)Verenigd Koninkrijk (Le Royaume [dés]uni, publié par Ons Erfdeel en 2015). Il nous en offre ici une version actualisée.

«Hier en daar aan de overkant, daar en hier is Nederland» (De part et d’autre, ici et là-bas, s’étendent les Pays-Bas). Ces vers sortis de la plume du poète anversois Theodoor van Ryswyck (1811-1849), je les ai lus pour la première fois à la fin des années 1960, alors que j’étais membre de la VNJ (Vlaams Nationaal Jeugdverbond, Alliance de la Jeunesse nationale-flamande). Je n’ai pas compris grand-chose à ce qui n’était pour mon esprit juvénile qu’une phrase rédigée dans un langage suranné. À l’époque, je défilais derrière le Drapeau du prince (oranje-blanje-bleu) et l’on m’inculquait que l’avenir de la Flandre avait pour nom «Grande-Néerlande».

Je ne suis jamais allé aux Pays-Bas avec la VNJ. Comme tous les mouvements de jeunesse, nous organisions nos camps en Campine limbourgeoise ou dans les Cantons de l’Est germanophones. Cette dernière région était le lieu de campement favori de l’Algemeen Vlaams Nationaal Jeugdverbond (AVNJ), groupe dissident de la VNJ où moi et ma troupe –qu’on appelait schaar– nous sommes retrouvés au début des années 1970. L’AVNJ était favorable à la Grande-Néerlande, mais encore davantage au pangermanisme. C’est pourquoi je rencontrais souvent, lors de mes camps d’été, des membres de la Wiking-Jugend (Jeunesse Viking), mais jamais de Néerlandais. Il faut dire qu’on nous présentait les Pays-Bas, que je connaissais à travers la télévision, comme étant aux antipodes des valeurs nationalistes que nous défendions, avec ses Provos, sa drogue, ses sex-shops, et sa permissivité.

Il fallait éduquer le peuple, à commencer par ces Flamands avachis qui n’avaient même pas le cran de se révolter contre l’odieux État belge

Comment cette Grande-Néerlande devait-elle voir le jour? Il fallait éduquer le peuple, à commencer par ces Flamands avachis qui n’avaient même pas le cran de se révolter contre l’odieux État belge. L’histoire grand-néerlandaise était complexe, comme j’ai pu m’en rendre compte dans les écoles des cadres de la VNJ lorsque j’ai atteint l’âge de devenir un dirigeant et après le retour de l’AVNJ dans le giron du mouvement. Des hommes d’âge mûr se sont chargés de mon initiation, m’expliquant les différences entre le heel-néerlandisme et le nationalisme thiois. Nous étions des Dietsers (Thiois), parce que «c’est la langue qui fait le peuple». Les Wallons n’avaient donc pas leur place dans notre Terre promise.

Un âge d’or

Quelque trente ans plus tard, les plats pays me demandent de rédiger un article sur l’idée grand-néerlandaise. Que faut-il entendre par là et qu’en reste-t-il aujourd’hui? Je sens le poids de l’histoire sur mes épaules. Les vieux messieurs qui m’ont initié sont morts depuis longtemps, mais de nouvelles générations de VNJ’ers restent convaincues de leur lien étroit avec les Pays-Bas. Ils sont donc toujours là aujourd’hui, ces partisans d’une Grande-Néerlande, et ils continuent à évoluer dans les mêmes cercles nationalistes flamands d’extrême droite. Leur point commun est le rejet radical de la Belgique. C’est dans cette tradition que s’inscrit, du moins en Flandre, l’histoire de l’idée grand-néerlandaise.

Comme tous les mouvements nationalistes, le nationalisme thiois se réclame d’un âge d’or. La splendeur des Dix-Sept Provinces des Pays-Bas bourguignons est une source inépuisable de fierté nationale. Tout aussi classique est la conviction qu’un désastre a mis fin à cet âge d’or. Dans le cas de la Grande-Néerlande, ils sont même au nombre de deux: la scission des Pays-Bas au XVIe siècle et la création de la Belgique en 1830.

Pour un temps, le Royaume-Uni des Pays-Bas a fait miroiter la perspective d’un retour à l’âge d’or. Mais l’orangisme, ce mouvement qui secondait le projet nationaliste de Guillaume Iᵉʳ, est rarement mentionné dans les relations historiques du nationalisme thiois. En cause: le soutien dont il bénéficiait auprès de la noblesse et des industriels francophones. Toujours est-il que des recherches récentes démontrent qu’après 1830, le groupe d’orangistes acquis à la cause flamande a transformé le nationalisme d’État orangiste en nationalisme du peuple (stamnationalisme).

Ses objectifs étaient de favoriser la coopération culturelle avec les Pays-Bas et surtout de définir une langue standard commune en unifiant l’orthographe. Par une collaboration pragmatique avec les «flamingants-belgicistes», ils ont remporté la «guerre de l’orthographe» contre les particularistes flamands. Tout soutien pour le projet grand-néerlandais a alors disparu, mis à part quelques voix dissonantes, comme celle de Van Ryswyck mentionnée en début d’article. La grande majorité du mouvement flamand partageait l’enthousiasme pour la nouvelle patrie belge, carrefour des cultures romane et germanique en Europe. En luttant pour la reconnaissance du néerlandais comme langue culturelle et administrative à part entière, les flamingants voulaient rendre la Belgique encore plus belge. Sans exclure toutefois la coopération culturelle avec les Pays-Bas.

À partir du milieu du XIXie siècle, des congrès de langue et de littérature néerlandaises se tiennent aux Pays-Bas et en Flandre. Vers la fin du XIXe siècle, la coopération culturelle s’intensifie avec la création de l’Algemeen-Nederlands Verbond (ANV, Union générale néerlandaise) et des Congrès d’étudiants grand-néerlandais, dont la recherche historique souligne la visée strictement culturelle, voire la mentalité «petit-néerlandaise» de bon nombre de participants des Pays-Bas. Il n’empêche qu’on peut aussi les considérer comme l’expression d’une aspiration à un peuple grand-néerlandais, dans le contexte plus large des mouvements pan-nationalistes qui prospèrent partout en Europe, avec un programme souvent géopolitique.

Le nationalisme thiois prend une dimension politique marquée pendant la Première Guerre mondiale et dans l’immédiat après-guerre. La confrontation entre les grandes puissances européennes permet d’envisager une redéfinition des frontières, comme cela avait été le cas en 1814-1815. Dès avant la guerre, en Allemagne, l’Alldeutscher Verband a plaidé en faveur de l’incorporation des territoires germaniques frontaliers au sein du Reich. Berlin mène une Flamenpolitik en Belgique occupée, dans le but de déstabiliser l’État belge et d’intégrer la Flandre dans une sphère d’influence allemande avec la collaboration des «activistes» flamands.

Cette Flamenpolitik a également pour but de faire basculer les Pays-Bas, neutres, dans le camp allemand. C’est ainsi que le mouvement collaborationniste en Flandre, stimulé par l’occupant, reçoit le soutien de partisans de la Grande-Néerlande aux Pays-Bas. L’historien et écrivain Carel Gerretson joue un rôle de premier plan dans ce rapprochement. Avec l’aide de l’Allemagne, il prend le contrôle de journaux publiés par des émigrés flamands, qu’il transforme en porte-voix du nationalisme thiois. Il tente aussi de convaincre l’opinion publique néerlandaise que la «question belge» doit être résolue en fédéralisant la Belgique. En 1917, il fonde la Dietsche Bond (la ligue thioise) en vue de soutenir les activistes.

Compromissions avec le fascisme

Après la défaite allemande, la connivence entre nationalisme thiois et annexionnisme allemand devient une page sombre de l’histoire à tourner au plus vite. Mais l’idée grand-néerlandaise est désormais fortement ancrée en Flandre et aux Pays-Bas, surtout parmi les activistes, qui sont nombreux à s’enfuir aux Pays-Bas pour échapper à la justice belge. Gerretson et son Dietsche Bond poursuivent leurs activités, excitant la sympathie des Néerlandais pour les activistes contre la Belgique. Leurs efforts sont favorisés par le climat tendu qui existe entre les deux pays, à cause de la revendication de portions des Pays-Bas par les nationalistes belges radicaux. Les nationalistes thiois jouent un rôle important dans l’opposition au traité belgo-néerlandais sur la gestion des voies navigables, qui sera finalement rejeté par le parlement néerlandais en 1927.

Mais c’est surtout en Flandre que le nationalisme thiois accroît son influence politique. L’hebdomadaire Vlaanderen (1922-1933) défend un nationalisme thiois antibelge intransigeant et exerce une influence sur le Frontpartij qui a émergé après la guerre, fédérant les soldats du front et les militants nationalistes flamands autour du point de programme «Autonomie». Le parti se désintègre au bout de quelques années à la suite de désaccords idéologiques, les radicaux étant de plus en plus favorables à l’idée grand-néerlandaise. Lors du Congrès des étudiants grand-néerlandais de 1926, Joris Van Severen, qui siégeait depuis 1921 au Parlement belge pour le Frontpartij, décrit l’objectif du mouvement flamand comme étant la réunification des peuples néerlandais depuis la Frise jusqu’à Kales (Calais) au sein d’un État grand et puissant. Le ton est donné. Les leaders nationalistes flamands modérés qui veulent fédérer l’État belge par des moyens légaux passent pour des politiciens veules, bien qu’ils ne manifestent pas d’opposition de principe à un avenir grand-néerlandais. Le différend porte donc essentiellement sur la question de savoir si la Grande-Néerlande doit servir de levier politique.

À cet égard, plusieurs partisans néerlandais du nationalisme thiois jouent un rôle important. Carel Gerretson et l’historien Pieter Geyl, qui forge le concept de «peuple néerlandais» (Nederlandse stam) dans ses travaux historiques, soutiennent le nationalisme flamand. Leurs motivations feront l’objet d’une «querelle des historiens» flamando-néerlandaise dans les années 1970 et 1980. Selon les professeurs de Louvain Lode Wils et son disciple Louis Vos, Gerretson et Geyl ont mis en œuvre une stratégie visant un but bien précis. S’ils soutenaient les nationalistes flamands modérés et fédéralistes, c’était dans l’intention de déstabiliser la Belgique et de faciliter ainsi l’avènement de la Grande-Néerlande. Leurs détracteurs estiment que ces Louvanistes cherchent la petite bête et font un procès d’intention. La véhémence de la dispute tient à la question sous-jacente de savoir qui avait entraîné la fascisation du nationalisme flamand dans les années 1930. Démocrate libéral, Geyl abhorre le fascisme, ce que l’on ne peut pas affirmer de Gerretson. Par ailleurs, il ne fait aucun doute que le nationalisme thiois a flirté avec le fascisme, tant aux Pays-Bas qu’en Flandre.

En 1926, Joris Van Severen décrit l’objectif du mouvement flamand comme étant la réunification des peuples néerlandais depuis la Frise jusqu’à Calais au sein d’un État grand et puissant

En Flandre, cette évolution est marquée par la création du Verbond van Dietsche Nationaalsolidaristen (Verdinaso, Union des solidaristes nationaux thiois) en 1931 et du Vlaams Nationaal Verbond (VNV, Ligue nationale flamande) en 1933. Ces deux organisations font de la réalisation de la Grande-Néerlande leur principal point de programme. Van Severen, en particulier, y œuvrait depuis le milieu des années 1920. Avec son Verdinaso, il vise la création d’un État thiois, comme l’indique le nom de son organisation, mais à partir de 1934, c’est la restauration des Dix-Sept Provinces de l’époque bourguignonne qui devient son objectif. Il s’ensuit une rupture avec le nationalisme flamand antibelge, car les Wallons sont désormais reconnus comme appartenant au même peuple et donc considérés comme de futurs compatriotes. Le Verdinaso compte également des sections en Wallonie et aux Pays-Bas, où le recrutement se fait principalement dans les cercles des congrès d’étudiants thiois.

Des partis à tendance fasciste voient également le jour aux Pays-Bas. Dans la première moitié des années 1930, Anton Mussert et son Mouvement national-socialiste (NSB) émergent du bourbier des nombreux groupuscules fascistes néerlandais. Mussert considère les Flamands et les Boers sud-africains comme faisant partie de la communauté nationale néerlandaise. À partir de 1935, le thème du nationalisme thiois gagne en importance dans la propagande du NSB. Mais il n’engage aucune coopération avec le VNV, et les deux dirigeants thiois n’envisagent pas d’élaborer un programme commun. Le NSB va jusqu’à créer des sections en Flandre pour les Néerlandais expatriés.

En 1934, Arnold Meijer fonde le Zwart Front (Front noir) en élaborant un programme fasciste et thiois. Il a surtout des partisans dans le Brabant-Septentrional et entretient de bonnes relations avec le VNV ainsi que d’autres organisations nationalistes flamandes de droite, sans toutefois engager de coopération structurelle.

Des deux côtés de la frontière, les groupes thiois fascistes ne pourront réaliser leur programme qu’à la condition d’un bouleversement de l’ordre étatique européen. C’est pourquoi ils tournent des regards pleins d’espoir vers l’Allemagne et vers Adolf Hitler, qui cherche à déclencher une nouvelle guerre en Europe. Lorsque la Belgique et les Pays-Bas sont occupés en mai 1940, Mussert et de Clercq offrent immédiatement leurs services, convaincus que l’heure thioise a sonné. Mais Berlin leur fait comprendre qu’il n’y aura pas de réunification thioise et ferme la frontière belgo-néerlandaise. Une collaboration nationale-socialiste thioise s’avère donc impossible sous l’occupation allemande. Nous ne saurons jamais comment les dirigeants thiois auraient délimité leur territoire. Tous deux doivent faire face à l’annexionnisme allemand et sont contraints de formuler leur avenir politique dans le cadre d’une confédération germanique. Des dissidences thioises surgissent alors dans leurs propres rangs, surtout parmi les jeunes.

Une lourde hypothèque

La collaboration du NSB et du VNV avec l’occupant nazi hypothèque lourdement le nationalisme thiois. Aux Pays-Bas, le mouvement est mort et enterré après la Seconde Guerre mondiale. Aucun homme politique de poids ne tentera de le ramener à la vie, mis à part le facétieux Geert Wilders, qui prônera une fusion de la Belgique et des Pays-Bas en 2008.

En Flandre, le grand-néerlandisme survit, mais en marge du monde politique. L’extrême affaiblissement du nationalisme flamand et la non-collaboration d’une partie du Verdinaso permettent à des groupes «néo-dinaso» d’émerger après la guerre. Leur marginalisation politique s’explique en partie par leur opposition tenace à la démocratie parlementaire. Il en va autrement pour la Volksunie (VU, Union populaire), le parti nationaliste flamand fondé au milieu des années 1950 sous l’impulsion de Frans Van der Elst. Son principal conseiller est Hendrik Elias, le successeur de Staf De Clerck à la tête du VNV après la mort de celui-ci en 1942. Avocat, Van der Elst assure la défense d’Elias lors de son procès d’après-guerre. Depuis sa cellule, Elias met en garde la VU contre tout radicalisme thiois. Van der Elst et Hugo Schiltz font du fédéralisme le cheval de bataille du parti. Au sein de son aile droite, la VU doit composer avec des éléments d’extrême droite, tels que le mensuel Dietsland-Europe (°1954), l’association Were Di (°1964) et le groupe Voorpost (°1976), qui défendent le nationalisme thiois, la Grande-Néerlande n’étant toutefois pour eux qu’un prétexte pour déclencher une révolution de droite. Leurs contacts aux Pays-Bas se limitent à des groupuscules d’extrême droite.

Aux Pays-Bas, le nationalisme thiois est mort et enterré après la Seconde Guerre mondiale

Plus sérieuse est la concurrence du Vlaams Blok (°1978), qui s’insurge contre la participation gouvernementale de la VU en proposant un programme séparatiste flamand. Son fondateur et président, Karel Dillen, a été rédacteur en chef de Dietsland-Europa, et de nombreux cadres du nouveau parti procèdent de ce cercle. Toutefois, le Vlaams Blok n’approuve l’idée de Grande-Néerlande que du bout des lèvres, et lorsque le parti décide de mettre l’accent sur la lutte contre l’immigration marocaine et turque, la question passe au second plan. La déclaration de principes du Vlaams Belang –qui succède au Vlaams Blok après la condamnation et la dissolution du parti pour racisme en 2004– stipule que «le parti encouragera toujours la Flandre à accorder une attention politique particulière à l’établissement de liens les plus étroits possible avec les Pays-Bas et la Flandre “méridionale”». Par ce dernier terme (Zuid-Vlaanderen), on entend la partie du comté de Flandre médiéval qui appartient aujourd’hui à la France.

En 2001 apparaît un nouveau parti, la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA, Nouvelle Alliance flamande), issue de la VU et actuellement le plus grand parti de Flandre, avec un programme séparatiste et de centre-droit. Sa déclaration de principes ne fait pas la moindre référence à la Grande-Néerlande. Un manifeste approuvé par le conseil du parti stipule tout au plus que la Flandre doit «conclure des alliances avec les Pays-Bas et d’autres États et régions (de petite et moyenne taille) qui partagent sa vision de l’Europe». Pour les séparatistes flamands, les Pays-Bas sont donc devenus un pays comme un autre. Interrogé par un journaliste néerlandais sur une possible fusion de la Flandre et des Pays-Bas lors d’un débat dans le cadre des élections européennes, le président de la N-VA, Bart De Wever, répond laconiquement que quiconque inclurait la Grande-Néerlande dans son programme pourrait faire une croix sur sa carrière politique.

Lors d’une interview accordée à Trends Talk sur la chaîne télévisée Kanaal Z le 21 juillet 2021, Bart De Wever prétend toutefois n’avoir jamais renoncé au «rêve […] que tous les néerlandophones vivent un jour à nouveau au sein d’une même entité». On ne doit pas y voir autre chose qu’un «cri du cœur» provocateur. Dans son essai solidement étayé Over identiteit (Sur l’identité, Borgerhoff & Lamberigts, 2019), il ne souffle mot d’une éventuelle réunification, se contentant de relever que la Flandre et les Pays-Bas parlent certes la même langue, mais que leur cadre de référence culturel est très différent. Il fait toutefois remarquer que les identités collectives sont en constante évolution, de sorte qu’on ne peut prédire ce que l’avenir nous réserve.

Entre-temps, les réformes de l’État belge ont donné naissance à un quasi-État fédéré flamand qui, en tant que voisin des Pays-Bas et formant avec lui un espace linguistique commun, participe à d’innombrables initiatives flamando-néerlandaises. Sur le plan culturel et dans la société civile au sens large, cette coopération couvre de très nombreux domaines. Mais aucune de ces initiatives n’est porteuse d’un projet politique d’unification de la Flandre et des Pays-Bas. Elles sortent donc du cadre de cette contribution. À y regarder de plus près, le peuple ne s’identifie donc pas forcément avec la langue, n’en déplaise à mes professeurs d’antan…

Cet article a précédemment paru dans le livre Het (on)Verenigd Koninkrijk (2015). L’auteur l’a remanié et y ajouté le passage concernant la déclaration de Bart De Wever en 2021 et l’essai publié par celui-ci en 2019. 

Bruno De Wever

professeur d’histoire moderne à l’Universiteit Gent

Commentaires

  • Paul Coche

    Apparemment, Monsieur Bruno De Wever, ne lit pas l’Histoire des Grands Pays-Bas comme son frère Bart, l’actuel Premier ministre du pitoyable royaume des Saxe-Cobourg-Gotha. Mieux vaut souligner ce patronyme de famille allemande car, comme l’écrivit, en 1912, Jules Destrée, il n’y a pas de Belges ( sauf ceux qui l’imaginent). Monsieur Bart De Wever déclara, il y a peu, qu’il rêve de s’éteindre en tant que néerlandais et non en belge. Magnifique ! Mais alors, pourquoi, certes en toute discrétion, les milieux politiques, économiques, financiers, bancaires de Flandre et de Wallonie ne préparent-ils pas le divorce par consentement mutuel qui mettrait un terme à l’actuel mariage arrangé et forcé du 19e siècle ? Si, comme Monsieur Bruno De Wever l’écrit : « Aux Pays-Bas, le nationalisme thiois est mort et enterré après la Seconde Guerre mondiale », pourquoi un ministre néerlandais proposa-t-il dernièrement à un ambassadeur de France le partage du territoire dit « belge » ? L’actuelle configuration juridique confédérale du BENELUX, non seulement, renforce les liens entre ses différentes composantes, mais encore, autorise tout membre de quitter cette structure confédérale inavouée et inavouable. Depuis 1945, le rapprochement hypocrite, entre Flamands et Néerlandais, des pseudo 17 Provinces bourguignonnes-habsbourgeoises se distinguent des tentatives non dissimulées  d’Henri IV qui proposa , en 1605, une alliance aux Provinces-Unies pour chasser les Espagnols, puis, de la Ligue Wallonne qui tenta, en 1632, l’expulsion des Espagnols et, enfin,  de Richelieu qui conclut en 1634 un nouvel accord avec les Provinces-Unies, en vue de partager les Pays-Bas espagnols sur base de la « frontière linguistique », Nos politiques actuels seraient-ils apeurés de conduire leurs peuples respectifs vers des horizons nationaux différents, pour des raisons matérielles quotidiennes, aujourd’hui plus aisément négociables et praticables ? L’Union Européenne présentent beaucoup de défauts excepté la libre circulation des individus et des capitaux. Cette libre circulation des individus et des capitaux autorise, si l’entente contractuelle existe entre les parties, le divorce entre Wallons et Flamands sans perte de leurs droits matériels et  financiers respectifs nés sous l’égide de l’Etat belge. Le plus bel exemple réside dans le fait que la Banque nationale de l’Etat belge est une société anonyme ! Rien n’empêche donc de privatiser certains services fédéraux belges afin qu’ils servent les populations divorcées malgré la disparition de l’Etat. l’Union européenne ne pourra élever aucun obstacle à la réunion confédérale Flandre-Pays-Bas puisqu’elle existe sous le titre BENELUX. Quant aux Wallons, craignant comme les Gaulois que le ciel ne leur tombe sur la tête, leur destinée s’inscrit comme nouvelle Région de la République française. Ainsi la Flandre laverait l’affront de 1830 et la Wallonie se vengerait de 1815 et de Victoria de Saxe-Cobourg-Gotha !             Depuis que la France a mis la main sur la Société Générale de Belgique, elle détient l’énergie, le secteur des services dont les grands groupes bancaires et d’assurance: BNP Paribas, Axa, Indosuez (qui détient Degroof Petercam), BPCE-Caisse d’épargne (qui a racheté Nagelmackers), le secteur du commerce et de la grande distribution avec des groupes comme Carrefour, Intermarché, Fnac, Decathlon, l’opérateur télécom Orange qui fait aussi partie du paysage belge. La France est également bien présente dans la pharma (Sanofi) et l’industrie: Thalès, Alstom, Safran, Air Liquide et TotalEnergies.
    Alors, qu’attendent nos élus ? Le droit des peuples à l’autodétermination ne doit pas seulement s’appliquer aux continents hors Europe !

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