Les «Praathuisjes» de Zélande: un endroit où venir bavarder
Elles sont tellement discrètes qu’on les remarque à peine dans la rue, toujours est-il que les Praathuisjes (maisonnettes où discuter) valent le détour. Vous trouverez ces maisonnettes en Zélande, une province des Pays-Bas. Jadis, seuls les vieux du village et les pêcheurs s’y retrouvaient pour discuter autour d’une tasse de café. À présent, tout le monde y est le bienvenu.
En 2004, lorsque le réalisateur néerlandais Theo van Gogh a été assassiné en pleine rue du quartier d’Amsterdam-Est par un extrémiste, ses dernières paroles furent: «Ne tirez pas! Ne tirez pas! On peut toujours discuter!»
Mais l’heure n’était plus aux discussions et, dans les années qui ont suivi l’assassinat du cinéaste néerlandais, nombreux sont ceux qui ont été victimes d’agresseurs radicalisés, que ce soit pour des raisons de croyance ou non.
Il est vrai que parler permet parfois de mieux se comprendre, mais rares sont les endroits où l’on peut discuter avec un interlocuteur appartenant à une autre culture ou ayant d’autres convictions religieuses. Certains vous diront qu’on peut parler à qui l’on veut en ligne sur les réseaux sociaux. Cependant, les échanges en ligne dégénèrent rapidement en propos agressifs, racistes ou pire encore.
Qui sait, la solution réside peut-être dans les petits ports de pêche zélandais. Il fut un temps où les Praathuisjes étaient une véritable institution. Situées face à la mer, ces simples maisonnettes étaient des lieux de rencontre où les pêcheurs du coin se retrouvaient pour discuter.
Il existe encore un exemplaire isolé sur la digue à Krabbendijke et une autre maisonnette bien entretenue à Tholen. Une nouvelle praathuis, De Lindeboom (le Tilleul), a même vu le jour au cœur du village de Serooskerke il y a une vingtaine d’années. D’autres praathuisjes sont tombées dans l’oubli et sont aujourd’hui à l’abandon.
Les praathuisjes sont des vestiges datant d’une époque où Twitter et Facebook n’existaient pas, bien avant la révolution numérique. Se pourrait-il qu’elles reviennent à la mode? Peut-être bien, quoique… Dans le village de Sint-Philipsland, la praathuis est surnommée De Leugenkot, ce qui signifie le refuge des menteurs, et à Bruinisse, on peut lire ce vieux dicton marin inscrit au-dessus de la porte de la maisonnette: «Hier kan je niet alles geloven wat ze zeggen», soit «Ne croyez pas tout ce qui se dit ici». Il pourrait s’agir une fois de plus de fausses informations.