Le français continue à résonner dans l’univers linguistique des Flamands, comme un bruit de fond. On ne vit pas impunément pendant des siècles aux côtés d’une langue, encore moins quand elle a dominé pendant plusieurs siècles votre propre langue.
L’écrivain francophile flamand Bart van Loo dit que chaque Flamand parle encore français dans son subconscient, et le Bruxellois Claude Blondeel affirme à son tour que la frontière linguistique le traverse de part en part. La résonance du français en Flandre me rend très heureux. Je ne saurais me passer, pour tout l’or du monde, de cette présence aux côtés et à l’intérieur de mon néerlandais. Je sais aussi parfaitement que le français a regardé de haut ma langue, ou plutôt mon défaut de langue? Je sais aussi parfaitement que le français, pendant des siècles, a eu une haute opinion de lui-même. Après avoir été la langue de l’urbanité et du raffinement au XVIIe siècle, il est devenu la langue de l’émancipation du despotisme et celle des droits de l’homme, la langue qui, selon les esprits éclairés qui la parlaient, exprimait le mieux l’universalité.