«Le dialecte, on l’a dans nos gènes»: entretien croisé avec le chanteur Wannes Cappelle et la linguiste Kristel Doreleijers
Le dialecte, c’est de l’émotion, affirme Wannes Cappelle, qui chante en West-Vlaams. La pratique des parlers régionaux est un phénomène en pleine évolution, observe pour sa part la linguiste Kristel Doreleijers, spécialiste des régiolectes et de la variation linguistique. Une chose, toutefois, ne change pas: on parle en dialecte pour affirmer nos origines. «Chez les jeunes, il est même perçu comme une sorte d’argot, de jargon à la mode.»
Impossible, pour tout Flamand qui se respecte, de ne pas connaître les paroles de Ploegsteert, splendide hommage au coureur cycliste déchu Frank Vandenbroucke, chanté en flamand occidental (West-Vlaams). Le plus grand succès de Wannes Cappelle (°1979), chanteur du groupe Het Zesde Metaal, qui a délibérément choisi de chanter en dialecte régional. Kristel Doreleijers (°1993), Néerlandaise de son état, est quant à elle fascinée par les régiolectes. Chercheuse postdoctorale à l’Institut Meertens d’Amsterdam, au sein du département consacré à la variation linguistique, elle étudie notamment l’évolution des dialectes aux Pays-Bas, en Flandre et dans le nord de la France. En mars 2022, elle a été sélectionnée comme l’un des douze nouveaux «Visages de la science» (Faces of Science) par l’Académie royale des sciences des Pays-Bas (KNAW). Avec ces deux interlocuteurs de choix, j’ai abordé le thème du flamand occidental, notamment comme langue maternelle, la question de l’insécurité linguistique, les «artilectes», et l’avenir des dialectes dans notre monde globalisé.
Vous entretenez tous les deux une relation étroite avec les dialectes, à tel point qu’ils font partie intégrante de votre travail. Comment tout cela a-t-il commencé?
Kristel Doreleijers: «Lorsque j’ai commencé à étudier la linguistique, j’ai très tôt éprouvé une forme de fascination pour la variation linguistique, le fait que tout le monde ne parle pas le même néerlandais. D’où viennent ces différences? Comment les expliquer? Ces questions m’ont naturellement poussée à m’intéresser aux variétés du néerlandais et donc aux dialectes, en particulier à celui parlé dans la province néerlandaise de Brabant-Septentrional, limitrophe à la Belgique. Je viens moi-même d’Eindhoven. Et même si je n’ai pas été élevée en dialecte, je le comprends très bien. J’ai constaté qu’il y avait, à l’intérieur même de ce parlé régional, encore des sous-variations, qui ne cessent d’ailleurs d’évoluer.»
Nous reviendrons en détails sur tes recherches, mais d’abord, Wannes, d’où vient ton attachement aux régionalismes? As-tu été élevé en dialecte?
Wannes Capelle: «Absolument. Mes parents et mes grands-parents venaient tous de la même commune, Wevelgem, près de Courtrai. Le flamand occidental, c’est donc vraiment ma langue maternelle. Le néerlandais standard, c’était la langue de la télé, des livres et de l’école, même si l’instituteur et l’institutrice ne le parlaient pas très bien non plus! En réalité, tout le monde autour de moi s’exprimait juste assez bien pour ne pas se faire taper sur les doigts (rires). Le dialecte est donc dans mes gènes. C’est la langue d’où je viens, et celle dans laquelle je parviens le mieux à exprimer mes émotions.»
As-tu déjà envisagé de chanter en néerlandais standard, ne serait-ce que pour toucher un public plus large?
Wannes Capelle: «J’ai même commencé en anglais, avec l’ambition de conquérir le monde! Résultat: je suis allé jusqu’à Gullegem (la commune voisine de Wevelgem) (rires). Quand je chantais “I woke up in Tennessee”, j’avais en fait Roulers à l’esprit, je n’étais pas très crédible. Ensuite, j’ai essayé en néerlandais, mais ça ne sonnait pas forcément beaucoup mieux. Ce n’était pas ma langue, et je ressemblais trop à d’autres –Gorki ou De Mens. Si je veux accéder à mes émotions –et la musique, c’est de l’émotion–, c’est dans ma langue maternelle, le flamand occidental, que je me sens à ma place, que je sonne le plus juste.»
Wannes Cappelle, auteur-compositeur-interprète : «Le dialecte, c’est la langue d’où je viens, celle dans laquelle je parviens le mieux à exprimer mes émotions. » © Jopix
Je suis moi-même originaire de Flandre-Occidentale, et à l’école primaire puis en secondaire, on nous disait que parler en dialecte, c’était rester en marge. Pour faire partie intégrante de la société, il fallait apprendre à parler convenablement. À l’université, mon professeur de linguistique néerlandaise, Johan Taeldeman, nous disait au contraire que les dialectes étaient magnifiques et qu’il fallait élever nos enfants dans cette langue si on voulait que ces parlers nous survivent. Et pourtant, la plupart des parents ne le font pas, même si les dialectes reviennent aujourd’hui à la mode. D’où vient cette insécurité linguistique, cette gêne que l’on ressentir par rapport à son dialecte?
Kristel Doreleijers: «Les études estiment que, dans le contexte néerlandais, une transition s’est opérée à partir du milieu du XXe siècle: on est passé d’un usage majoritairement dialectal à un recours croissant du néerlandais standard. L’idée a alors émergé que le dialecte nuisait à la maîtrise du néerlandais et aux perspectives d’évolution dans la société: les travailleurs qui s’expriment par exemple en dialecte gagneraient ainsi moins que les autres. Ce discours a contribué à une forte diminution du nombre de locuteurs. Si les enfants n’apprennent plus le dialecte, on entre logiquement dans une spirale descendante. Dans mes propres recherches, j’ai constaté que les aînés regrettent que les jeunes ne parlent plus le dialecte –ou qu’ils en parlent une forme différente– alors qu’ils ont eux-mêmes cessé de le parler avec leurs enfants. Le message des linguistes qui tend à faire comprendre que les enfants qui parlent un dialecte dès leur plus jeune âge sont en fait bilingues lorsqu’ils apprennent en parallèle le néerlandais à l’école, est mieux compris aujourd’hui, mais il arrive un peu tard.»
As-tu élevé tes enfants en flamand occidental, Wannes?
Wannes Capelle: «Mes enfants sont nés alors que nous habitions à Anvers, et ils avaient donc un accent anversois. Ma femme est islandaise, ce qui complique encore un peu plus le schmilblick! Un jour, quelqu’un m’a dit qu’on pouvait apprendre plusieurs langues aux enfants, à condition d’adopter une approche cohérente. J’y ai cru, et ai décidé de ne parler West-Vlaams que lorsqu’on allait rendre visite à ma famille en Flandre-Occidentale. Mais quand j’ai commencé à parler en dialecte à mon fils de deux ans, installé à l’arrière, ça sonnait faux, trop rural, trop «plat» comme on dit en néerlandais, moins naturel que la langue standard à laquelle ils étaient habitués. Nous habitons aujourd’hui en Flandre-Occidentale. En déménageant, je me suis de nouveau promis de leur parler en dialecte. Mais on m’a très vite demandé d’arrêter mon “cirque” (rires). Alors je leur parle en néerlandais standard, mais avec un fort accent flamand occidental, avec quelques touches çà et là, quelques mots typiquement d’ici.»
Kristel Doreleijers: «C’est justement un bel exemple de ce qu’est, ou peut être, un dialecte aujourd’hui. La définition s’est considérablement élargie ces dernières années.»
C’est-à-dire?
Kristel Doreleijers: «L’idée selon laquelle on parle soit le néerlandais standard soit un dialecte ne tient plus vraiment. Il existe en réalité toute une gamme intermédiaire: un accent régional avec quelques mots dialectaux, ou un parler proche du dialecte. Tous les néerlandophones grandissent dans un environnement où ils entendent une forme de néerlandais teinté des spécificités de leur région. Aujourd’hui, les jeunes parlent très souvent un néerlandais comportant certains traits dialectaux: on pourrait y voir une nouvelle variante du dialecte. On touche ici vraiment à l’évolution de la langue, à laquelle les dialectes n’échappent pas.»
Faut-il dès lors croire aux discours fatalistes annonçant la disparition pure et simple des dialectes?
Kristel Doreleijers: «En Flandre, on observe évidemment la montée en puissance de la tussentaal, ce parler intermédiaire entre le néerlandais standard et les dialectes. Aux Pays-Bas, on parle plutôt de regiolectes, qui n’ont pas exactement le même statut, mais c’est comparable. Les dialectes très locaux, eux, tendent à disparaître. Lorsque je menais mes recherches à Eindhoven et que je me rendais dans les villages environnants, je remarquais moins les différences. Autrefois, d’un village à l’autre, le dialecte pouvait changer sensiblement à l’oreille, et parfois s’étendre jusqu’au vocabulaire. Mais quand on demande aujourd’hui aux gens s’ils parlent encore le dialecte avec leurs enfants et que la majorité nous répondent non, je n’irais personnellement pas trop vite en besogne –contrairement à certains–, et n’en conclurais pas que les dialectes ont disparu. Ce serait trop binaire. Tous les jeunes ne parlent pas le même néerlandais; beaucoup y ajoutent leurs propres traits dialectaux. Il en résulte une nouvelle forme, qui, à mon avis, ne satisferait pas quelqu’un comme Johan Taeldeman (linguiste flamand réputé être un grand puritain du néerlandais standard), mais qui existe bel et bien.»
L’évolution linguistique est inévitable, mais beaucoup souhaitent préserver le dialecte. Que peut-on y faire concrètement?
Kristel Doreleijers: «La disparition des dialectes est liée à l’augmentation de la mobilité: les locuteurs d’un dialecte donné sont de plus en plus souvent en contact avec ceux d’un autre. Ce phénomène s’est encore accentué dans notre monde globalisé: les influences extérieures se sont démultipliées. On ne peut pas enrayer ce phénomène. On peut en revanche le regretter, car un dialecte est un patrimoine immatériel précieux. Il est important de l’étudier, de le documenter, de le préserver pour les générations futures. Les dialectes ont une vraie valeur culturelle pour les communautés, et cela mérite qu’on les prenne au sérieux. Et on peut aussi, bien sûr, chanter en dialecte, comme le fait Wannes! (rires).»
Chanter en flamand occidental est-ce plus qu’un moyen d’expression? Est-ce une forme d’engagement?
Wannes Capelle:«Je n’irai pas jusque-là. Si c’était ma motivation première, je rechercherais des tournures encore plus typées de Flandre-Occidentale, je grossirais le trait. Or, je fais plutôt l’inverse. S’il faut choisir entre une expression très locale ou une formulation compréhensible à la fois en Flandre-Occidentale et au-delà, je choisis la seconde. Je veux que mes paroles soient accessibles pour le plus grand nombre. Kristel a raison: le dialecte est un héritage important, mais qui peut aussi exclure.»
Kristel Doreleijers: L’idée selon laquelle on parle soit le néerlandais standard soit un dialecte ne tient plus vraiment. Il existe toute une gamme intermédiaire: un accent régional avec quelques mots dialectaux, ou un parler proche du dialecte
En quel sens?
Wannes Capelle: «Il crée du lien, mais en même temps, il peut tenir à l’écart celles et ceux qui ne le parlent pas. Ma femme a appris le néerlandais à Anvers. Quand nous avons déménagé en Flandre-Occidentale et que nous allions rendre visite à ma famille, ils faisaient un effort pendant deux minutes pour se faire comprendre, puis retournaient très vite au «plat West-Vlaams». Pour faire partie du groupe, elle a bien été obligée d’apprendre le dialecte, pas le choix. Aujourd’hui, comme les Flamands occidentaux rencontrent davantage de non-locuteurs de leur dialecte, il devient plus difficile de continuer à parler systématiquement «in ’t West-Vloms». Autrefois, si quelqu’un ne comprenait pas, tant pis pour lui. Or, cela passe aujourd’hui pour de l’impolitesse. À juste titre, je trouve.»
Le West-Vlaams est difficile à comprendre pour les non-initiés, et pourtant ton succès dépasse largement la Flandre-Occidentale, jusqu’aux Pays-Bas. Comment l’expliques-tu?
Kristel Doreleijers: «Je confirme, étant moi aussi une fan de la première heure de Zesde Metaal! J’ai même assisté à un concert à Eindhoven…»
Wannes Capelle:«Mais non? Zalig! Trop fort! (rires) Sinon, pour répondre à la question: je pense que les gens sentent que les dialectes sont en voie de disparition, et ils apprécient d’autant plus qu’on nage à contre-courant de cette tendance. Ils ressentent aussi l’authenticité, le fait que c’est ma langue maternelle, qu’il y a de l’amour dans mes textes. Autant d’ingrédients qui font que le message passe, qu’on touche les gens.»
Kristel Doreleijers: «On peut aussi y voir une réaction à la mondialisation croissante, par laquelle on s’attache davantage à nos racines. On veut les respecter, les valoriser. Le dialecte fait partie intégrante de cette histoire. On l’a bien vu pendant la pandémie, où certains ont commencé à arborer des slogans en dialecte sur leur masque! Comme si, une fois les gens circonscrits à leur communauté immédiate, le dialecte avait naturellement refait à la surface. Avec Ilias Vierendeels, de l’université de Namur, j’ai mené une étude sur l’usage de la langue dans le milieu du foot. Le Club de Bruges, par exemple, a utilisé le West-Vlaams de manière très stratégique dans deux vidéos promotionnelles visant à resserrer les liens avec ses supporters. Ce qui est frappant, c’est qu’ils l’ont fait pendant les play-offs –le moment décisif du championnat. Dans un univers aussi international que le foot, on aurait pu s’attendre à une communication en anglais –ce qu’ils font d’ailleurs souvent sur leurs réseaux sociaux. Mais à ce moment crucial du championnat national, ils ont choisi le dialecte. Là encore, j’y vois une façon d’affirmer leur fierté locale, l’attachement à leurs racines.»
Wannes Capelle: Le dialecte crée du lien, mais en même temps, il peut tenir à l’écart celles et ceux qui ne le parlent pas
Ta thèse montre que les jeunes aussi continuent à utiliser le dialecte pour construire leur identité
Kristel Doreleijers: «J’ai étudié les variations des indicateurs de genre grammatical dans le néerlandais standard et les dialectes du Brabant-Septentrional. En néerlandais, on utilise les articles de, het et een, mais en brabançon, il existe bien plus de variations. Par exemple, les noms masculins reçoivent une marque supplémentaire à l’article indéfini: on ne dit pas «un hond» mais «unnen hond» (néerlandais standard: een hond – français: un chien). Ces règles sont encore rigoureusement suivies par les générations plus âgées, mais les jeunes, eux, disent désormais carrément «unnenen hond» ou utilisent unne pour des mots féminins, comme unne koe pour désigner une vache). Les anciens trouvent cela artificiel, fabriqué –ils appellent ça un artilect, un dialecte artificiel. Les jeunes, eux, estiment que c’est leur brabançon, ils s’approprient la langue à leur façon, ignorant totalement qu’il existe normalement une règle pour le genre. D’autres le savent, savent que dire «d’n vrouwkes» ou «unne vrouwke» pour désigner une «bonne femme» est incorrect, mais les utilisent quand même, parce que ça sonne brabants, parler brabançon. Ils y voient même une forme d’argot, de jargon à la mode.»
Kristel Doreleijers : «Les aînés regrettent que les jeunes ne parlent plus le dialecte, alors qu’ils ont eux-mêmes cessé de le parler avec leurs enfants.» © Alexia van der Meijden
Aux Pays-Bas, le bas-saxon (Nedersaksisch) et le limbourgeois (Limburgs) sont reconnus comme langues régionales. En Flandre, rien de tel ne s’est encore produit. Pourquoi?
Kristel Doreleijers: «En effet, c’est une situation absurde: le limbourgeois est reconnu côté néerlandais en vertu de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires, mais pas en Flandre. Cela tient surtout à une question politique liée au conflit linguistique, et plus précisément aux minorités francophones dans les communes de la périphérie bruxelloise. Si l’on reconnaissait le limbourgeois flamand, ces minorités pourraient elles aussi exiger une reconnaissance, ce qui viendrait bouleverser la législation linguistique belge.»
Une telle reconnaissance aide-t-elle vraiment à faire vivre un dialecte?
Kristel Doreleijers: «Il vaut avant tout le voir comme un bel encouragement. Le dialecte est pris au sérieux, et ses locuteurs aussi. Une reconnaissance politique, même partielle, leur donne le sentiment d’être légitimes. Les dialectes reconnus ont souvent plus de place dans l’enseignement.»
Dernière question : combien de temps parlera-t-on encore les dialectes ?
Wannes Capelle:«Je ne peux parler que d’expérience, car je n’ai pas mené de recherches sur cette question précise. Mais je suis convaincu que le West-Vlaams existera encore longtemps. Peut-être pas sous sa forme la plus pure, le plat West-Vlaams historique, le vrai de vrai, mais l’accent, en particulier, devraient subsister.»
Kristel Doreleijers: Les dialectes reconnus ont souvent plus de place dans l’enseignement
Kristel Doreleijers:«Déjà à la fin du XIXe siècle, on s’inquiétait de la disparition des dialectes. Cette peur est donc de tout temps, même s’il faut aussi reconnaître que tout s’accélère, car il n’y a plus de transmission générationnelle. La question que je me pose est la suivante: peut-il encore y avoir une dialectologie sans “véritables” dialectes? Je le pense, mais il est évident que la discipline va changer de forme, se moderniser. Il faudra redéfinir ce que l’on entend par dialecte, se demander à quoi sert encore une langue locale à l’heure du néerlandais standard et de l’anglais. La focale se déplace et continuera de le faire. En pratique, je ne crois pas que tout le monde finira par parler le même néerlandais. Comme le dit Wannes, il restera toujours des accents. Les gens trouveront toujours des moyens d’exprimer leur origine. La langue est un phénomène fondamentalement social, et cela ne disparaîtra jamais.»
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La génétique dialectale !
Comment, pour un Wallon, décrire cela ? Charmant, étonnant, surprenant, peut-être même pathétique.
Si, en Wallonie, certains aînés regrettent le passé et le parler dialectal ou patoisant, la langue française marque l’empreinte de la Nation, à laquelle les satanés Britanniques et leurs complices européens russo-germaniques nous arrachèrent de force, dès 1815.
Par contre, la Flandre, le Brabant et le Limbourg donnent l’impression, sans doute erronée, de vouloir conserver, à tout prix, le souvenir, l’empreinte des chambres de rhétorique du XVIe siècle.
Je suppose que dans les Pays-bas méridionaux (Hainaut, Namur, Principauté de Liège, Luxembourg exceptés), il s’agissait d’une forme de résistance politique, sociale face à l’occupant habsbourgeois, tant espagnol qu’autrichien, qui, par la guerre quasi génocidaire, vous déracina de vos liens avec l’ Union-d’Utrecht, puis des Provinces-Unies. Sincèrement, il semble que nourrir l’empreinte patoisante, tant par le vocabulaire que par les accents, relève d’une hésitation, d’un recul, face à la langue néerlandaise globale, venue des provinces septentrionales. La religion catholique, qui vous fut imposée par le fer et par le feu (relire: L’Oeuvre au Noir, de Marguerite Yourcenar ou La Légende d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzack, de Charles de Coster) vous marquerait-elle encore à ce point ?
Evidemment, s’il existait des provinces calvinistes, il ne faut pas oublier les pays de la Généralité qui conservaient ( aujourd’hui, toujours) leur foi catholique.
Alors, pourquoi encore suspecter l’Algemeen Beschaafd Nederland d’effacer votre personnalité culturelle et votre histoire particulière ?
Vous n’avez pas le choix, afin de redevenir des Néerlandais, sans copier nécessairement les Hollandais, il n’existe qu’une solution divorcer de l’Etat belge, ce camp d’internement britannique dépassé par l’Histoire actuelle, et vous détacher des Wallons, ce frein humain et, surtout, cet alibi culturel entretenu par vos fransquillons, qui tirent parti et bénéfice d’un double jeu politique et économique.
Cordialement et courage, vous y arriverez !