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histoire, société

Vous avez dit «passé colonial» ?

24 mars 2019 10 min. temps de lecture Le passé colonial

L’auteur ressent presque toujours une sorte d’agacement lorsqu’il est question de l’ère coloniale.
Quelle
lecture peut servir de fil d’Ariane dans ce labyrinthe de
suspicions, de malentendus, de dissimulations et d’amalgames de
toutes sortes, surtout dans le cas de la Belgique et du Congo ?

Mon agacement est lié à l’accumulation de jugements péremptoires, d’images
triomphalistes, de récits frisant le défaitisme et d’analyses
ambiguës, trop sûres de leur pertinence. Tout cela est baigné de
surenchères émotionnelles si peu disposées à se dissiper face à
l’éclairage des sciences sociales qui ne fait pourtant pas défaut.
Il est vrai que le discours extrémiste de tous bords et de toutes
tendances est toujours plus séduisant et plus facile à consommer
que le discours nuancé, encore que ce dernier, à son tour, ne soit
pas non plus nécessairement une garantie d’objectivité; il peut
également servir de couverture à d’habiles manipulations.

Quelle
lecture peut servir de fil d’Ariane dans ce labyrinthe de
suspicions, de malentendus, de dissimulations et d’amalgames de
toutes sortes, surtout dans le cas de la Belgique et du Congo, cette
métropole qui n’a eu qu’une seule colonie et cet empire colonial
qui n’a été que d’un seul tenant, dans un seul continent?
Quelle attitude adopter quand on est soi-même le produit de cette
expérience coloniale? Quel jugement porter et, surtout, de quelle
objectivité se prévaloir?

Et,
pour que rien ne manque à ce grand défi, celui-ci s’accompagne de
trois situations singulières qui rendent cette analyse encore plus
complexe au lieu de la faciliter.

Un
changement radical

Premièrement,
les jugements sur le fait colonial, loin d’être immuables, sont
perméables au changement. Dans le cas du Congo et de la Belgique,
ils passent même pour être uniformément contradictoires, pour peu
qu’on les confronte à partir des mêmes temporalités. Cet
exercice de comparaison, je l’ai mené entre la perception des
années 1960 (période de la décolonisation) et celle des
années
2010 (période du cinquantenaire de l’indépendance).

Isidore-Ndaywel

Isidore Ndaywel è Nziem

historien; professeur émérite de l’Université de Kinshasa

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