Anneke Brassinga aborde toutes sortes de méfaits liés à la fugacité, mais dans sa poésie cela acquiert une sorte de légèreté supportable. Éperdu est extrait du recueil Ontij, qui a paru aux éditions De Bezige Bij en 2010.
Éperdu
Si je devais au cœur du plus noir
des jours les plus sombres m’acharner,
derrière tout le hors-digue, une poignée
de côtes sauvages sous des cieux enragés
où les albatros sont emportés sur leurs ailes
vers d’autres planètes par le souffle du vent –
j’aimerais pleuvoir au-dessus d’océans vides
sur d’énormes sabots, dégringolade tempétueuse
des sens, le cheval en trombe qui n’est
que de l’eau, se désagrège en écumant –
je préférerais cependant chercher des abîmes
qui craignent la clarté du jour, à quelque
jet de pierre de l’inconvenante incandescence
du cœur; là passera ce qui me pousse en avant.